Dans un bar situé à quelques mètres du rondpoint Nlong-kak ce 4 novembre aux environs de 12h, Marcellin Ngounou et ses deux collègues, tous employés dans une micro-finance, sont assis autour d’une table. Comme d’habitude, ils sont venus se rafraichir juste à quelques encablures du lieu où ils travaillent. Ils mangent des brochettes de soya. Des bouteilles de boisson sont posées sur leur table. Marcellin n’a pas l’habitude de consommer la « 33 » export.
Mais depuis quelques jours que cette bière fait gagner, il a préféré changer de goût. « La deuxième bouteille que je suis en train de consommer, je l’ai gagnée. Lorsque j’ai été servi, j’ai constaté que ma capsule portait la mention d’une bière gratuite, j’ai ensuite remis une somme de 100F.Cfa à la serveuse et elle m’a donné une deuxième bière », affirme Marcellin. Ses deux collègues ont opté pour les boissons dont la promotion n’est pas en cours comme c’est le cas avec la « 33 » export et la Booster. Chaque fois qu’il y a promotion d’une marque de boisson, les gérants de bars trouvent également leur compte. Marie Louise, serveuse dans un bar au rondpoint Nlong-Kak, est confrontée au quotidien à cette réalité.
« J’ai été recrutée comme serveuse, j’applique les consignes qui m’ont été données par mon patron. Lorsqu’un client me présente une capsule gagnante, il doit donner 100F.Cfa avant d’être servi. Lorsque mon patron vient le soir pour faire les comptes, je fais état de tout cela », explique la serveuse.
Odeur d’arnaque
Dans chacun des six bars visités hier par le reporter du Jour, les serveuses exigent pour chaque capsule gagnée, une somme de 100F.CFa. Esther, propriétaire d’un bistrot, donne son point de vue concernant cette pratique : « Nos fournisseurs ne nous ont jamais demandé d’exiger la somme de 100F aux clients. Je le fais parce que je paie le pousseur pour qu’il transporte ma boisson. Lorsque je vais par exemple aux Brasseries avec 12 capsules gagnantes, on me donne 13 et parfois 14 bouteilles de bière. Les 100F que j’exige aux consommateurs c’est mon argent de transport ».
Delor Magellan Kamgaing , le président national de la Ligue camerounaise des consommateurs qualifie cette pratique d’arnaque pure et simple des gestionnaires des bars vis-à-vis des consommateurs. « Un gagnant ne doit débourser aucun franc pour entrer en possession de son lot, il y a une loi qui régit cela. Ce que font les gestionnaires des bars est simplement de l’arnaque. Les consommateurs doivent dénoncer ces manoeuvres auprès de notre ligue », conseille-t-il.
Hier à l’agence régionale des Brasseries du Cameroun à Yaoundé, nous n’avons pas pu obtenir les explications d’un responsable. « Contactez le service de la communication à Douala, mais sachez que les Brasseries du Cameroun n’ont jamais demandé aux gestionnaires des bars de monnayer les capsules gagnantes », a expliqué un cadre. Au moment où nous allions sous presse, le service de la Communication n’avait toujours pas répondu à notre mail.