Ce 9 juillet, le plus jeune Etat d’Afrique a annulé pour la troisième année consécutive la célébration de sa fête d’indépendance. Le pays qui depuis 2013 est empêtré dans une guerre civile parle une fois de plus au Cameroun.
Comme en 2016 et 2017, les festivités marquant la commémoration de l’indépendance du Soudan du sud ont été annulées. Trois années consécutives, que le plus jeune Etat d’Afrique peine à célébrer ce pourquoi ses populations ont pendant des décennies lutté contre leurs frères du Soudan-Khartoum. Martin Elia Lomoro, le ministre Sud soudanais de l’intérieur a évoqué comme motif de cette annulation, des difficultés économiques mais aussi l’instabilité politique.
Après plusieurs années de guerre civile, la partie sud du Soudan a obtenu son indépendance en 2011 avec la bénédiction des Etats unis. Seulement en 2013, le Président Salva Kiir de la tribu Dinka, limogeait son second, le Vice-Président Dr Riek Machar, issu de la tribu Neur. C’est sur cette bipolarité ethnique que les deux protagonistes ont construit leurs forces. Le limogeage du Dr Riek Machar intervenait après qu’il ait annoncé son intention de briguer la présidence aux échéances électorales.
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Depuis ce moment les tensions politiques ont donné lieu à une guerre fratricide. Au bout de cinq ans, le bilan est lourd. Des centaines de milliers de morts, des millions de déplacées internes et de réfugiés, un système éducatif déstructuré, une fête d’indépendance reléguée aux calendes grecques, la faillite d’un Etat. Des observateurs avertis estiment en effet que les maux qui minent le Soudan du sud aujourd’hui témoignent simplement de l’immaturité du jeune Etat à garantir la paix et la stabilité.
Avant la partition, les populations de la partie sud du Soudan criaient à la marginalisation. Leur zone disposant de plus de 80% des réserves pétrolières. Après 2011, riche de cette manne pétrolière le Soudan du sud a les indicateurs économiques parmi les alarmants de la planète. Entre 2015 et 2016, la croissance du PIB du Soudan du sud a diminué de près de 20%.
En janvier 2017, l’inflation annuelle a atteint 370 %, aussi, en début d’année 2018, le Président Salva Kiir confirmait la mauvaise santé de l’économie du pays. La production pétrolière étant passée de 350 000 b / j. en 2011 à moins de 160 000 barils par jour à l’heure actuelle. De l’autre côté de la frontière, l’autre Soudan peine à se remettre en selle.
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Avant la séparation, la République unitaire du Soudan était déjà l’un des pays les plus pauvres au monde et, malheureusement, la création du nouvel Etat sud-soudanais n’a pas amélioré les statistiques des deux pays. Nul doute que cette partition fait plus de mal que de bien à l’Afrique. Face à ce désastre, il est urgent que les populations favorables au sécessionnisme en terre camerounaise se ressaisissent.
Comme au Soudan du sud, la question du pétrole a nourri les velléités sécessionnistes, avec l’illusion d’un mieux vivre. Aujourd’hui, les luttes de leadership laissent clairement apparaitre que l’intérêt des populations n’a jamais fait partie de l’agenda politique des leaders sécessionnistes.