Ce que cachent les récentes nominations diplomatiques de Paul Biya

8992 Camernews Paul Biya Signature Des Acte Les missions diplomatiques ont été récemment revisitées par Paul Biya

Thu, 9 Nov 2017 Source: camer.be

Un grand coup de pied présidentiel dans la fourmilière. C’est le sentiment que procure a priori, le redéploiement du personnel diplomatique camerounais intervenu hier. De fait, cela faisait onze années, qu’un séisme de telle amplitude n’avait secoué un édifice que bien des diplomates disaient «sclérosé» du fait de la longévité d’un très grand nombre de responsables à des postes aussi bien dans des services centraux qu’extérieurs de ce département ministériel.

Sauf qu’à y regarder de près, l’on se rend compte que ces textes du président de la République ne concernent aucun chef de missions diplomatiques du Cameroun à l’étranger. Une étrange curiosité. D’autant que, des diplomates camerounais indiquent que dans «nos ambassadeurs sont presque partout où ils sont en poste, les doyens du corps diplomatique». Sur la trentaine d’ambassades que compte le Cameroun à l’étranger, aucun chef de mission diplomatique n’a été bougé par le décret présidentiel d’hier.

Devenu le 30 août 2010, patron de la Délégation générale de la sureté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguelé, n’a donc pas été remplacé au poste de chef de la mission diplomatique du Cameroun en Espagne où il a été nommé le 11 mars 2010. Ce, après avoir été ambassadeur du Cameroun au Brésil pendant 19 ans. Même si au quotidien, c’est le chargé d’affaires de l’ambassade du Cameroun en Espagne qui le remplace.

Haut-commissaire du Cameroun en Grande Bretagne et en Irlande depuis le 28 avril 2008, Nkuele Ekaney a été rappelé au Cameroun le 16 octobre dernier. Officiellement donc, le poste que ce dernier laisse reste lui aussi vacant.

De quoi tempérer quelque peu l’ampleur du Tsunami présidentiel, et rappeler les vieux démons d’une diplomatie camerounaise que des langues acérées disent marquée du sceau de «l’inertie». A titre d’illustration, l’actuel Premier ministre, Philemon Yang Yunji (70 ans) a été Haut-commissaire du Cameroun au Canada pendant 20 ans (23 octobre 1984 – décembre 2004).

Pour autant, Paul Biya au travers des textes rendus publics hier, a fait bouger bien des lignes. «Un grand ménage dans la diplomatie camerounaise» selon certains thuriféraires du régime. Une «véritable révolution» qui a une résonnance particulière au sein de l’administration centrale, cheville ouvrière du ministère des Relations extérieures (Minrex).

Sur les 12 directions de ce département ministériel (décret du 22 avril 2013 portant organisation du Minrex, Ndlr), seuls deux responsables - du reste intérimaires - ont gardé leur poste. Il s’agit de la direction des Affaires générales (DAG) à nouveau confiée à Amadou Sali. La direction des affaires d’Asie et des relations avec l’organisation de la coopération islamique (Daaroci) reste aux mains d’Oumar Abba.

Nombre de directeurs en poste depuis une dizaine d’années pour la plupart, iront poursuivre leur carrière dans les missions diplomatiques du Cameroun à l’étranger. Certaines de ces missions diplomatiques vont accueillir de nouveaux ministres conseillers.

C’est le cas entre autres, des ambassades du Cameroun aux Etats-Unis (Washington D.C.), en République française (Paris), au royaume de Belgique (Bruxelles), en Fédération de Russie (Moscou) où ont été respectivement nommés Tatah Solomon Enoma, Antoine Ahmadou, Olivier Kenhago, et Marguerite Florence Effa Ngamba. Le décret présidentiel d’hier a également touché quelques consulats.

CONSULATS

Le plus emblématique de tous, celui de Paris, voir arriver à sa tête Victor Oben Enoh (précédemment chef du protocole du Premier ministre) qui succède à Raphael Galega (admis à faire valoir ses droits à la retraite). Une décision présidentielle pas anodine si l’on s’en tient à l’actualité au sein de ce consulat. En effet, dans son édition n° 995 du 1er novembre dernier, votre journal faisait état du «malaise» au sein de ce consulat.

Dans une correspondance datée du 19 juillet 2017, et adressée à Raphael Galega Gama, alors consul général du Cameroun à Paris, Laure Minkue Owona, premier vice-consul général revendiquait le paiement de ses primes semestrielles estimées à 180 000 euros (environ 117, 9 millions de FCFA), à raison de 4500 euros (2,9 millions Fcfa) par trimestre pendant 10 ans.

Cette affaire de primes au consulat général du Cameroun à Paris renseignait à suffisance sur les conséquences de la politique de sédentarisation qui semble être en vigueur dans la diplomatie camerounaise. Une «inertie» dénoncée par plusieurs diplomates camerounais, qui selon eux, «est la principale source de la mal gouvernance dans nos chancelleries ».

Auteur: camer.be