L'un des principaux chantiers auquel le Cameroun devra s'atteler dans les prochaines années doit absolument tourner autour de la réforme de son système judiciaire.
Il est une lapalissade que de rappeler que la majorité des Camerounais ne fait plus confiance à son système judiciaire.
L'une des raisons fondamentales qui est mobilisée ici étant la trop grande complaisance des magistrats, liés par des intérêts multiformes qu'ils protègent au mépris du Droit qu'ils piétinent systématiquement. Cela se ressent dans les décisions de justice prononcées et qui sont souvent, loin des attentes du justiciable. Au fond , personne n'est dupe quant à ce qui fonde généralement les parodies de justice auxquelles l'on assiste dans nos tribunaux. Ce n'est d'ailleurs pas pour demain que ces pratiques qui ensevelissent progressivement notre système judiciaire prendront fin.
Ceux qui ont lu l'ouvrage du Magistrat camerounais Ulrich Xavier Ovono Ondoua, intitulé :" Sous le bandeau de Themis,Panser et repenser la justice camerounaise " paru aux éditions l'Harmattan en 2019 peuvent en faire le témoignage des pratiques judiciaires Camerounaises sous le pinceau intra muros qui donnent à vomir...Une véritable foire qui célèbre l'injustice !
Il ne faut donc pas se voiler les yeux. Notre justice est malade. Elle a cessé de vivre, elle végété dans un état clinique. Son état déplorable impose une grande réforme qui doit non seulement s'assurer de garantir la pleine indépendance du pouvoir judiciaire mais également de travailler en profondeur pour reconquérir la confiance des citoyens en cette justice là.
En urgence, il s'agira entre autre de :
- réduire le poids de l’exécutif dans le fonctionnement judiciaire ;
-renforcer les dispositions statutaires des magistrats à fins de les protéger contre des pressions extérieures ;
- l'objectivation et de l'integrité dans les recrutements en cycle de magistrature à l'ENAM;
-la promotion du mérite dans les affectations et les grades des magistrats ;
- instituer une liberté syndicale dans le corps des magistrats;
-creer une commission indépendante d'ethique et de contrôle avec des personnes à la bonne moralité établie pour réexaminer les décisions judiciaires;
-reformer le fonctionnement du controle superieur de la magistrature en deconcentrant certains pouvoirs detenus par les membres de l'executif;
- Envisager des sanctions penales à travers une Haute Cour de Justice qui devra connaître des fautes des magistrats et juger ceux qui sont reconnus de corruption ou de collision avec certaines personnes pour entraver les decisions de justice..etc
Tellement de propositions qui devront etre examinées dans le cadre de la refondation de notre système judiciaire en agonie..
La justice, chacun devrait en être conscient ,est un bien commun à tous garanti par la constitution et qui établit l'égalité de tous devant la loi. Son effondrement tel que c'est le cas aujourd'hui implique la ruine de l'Etat de Droit et nous predispose à un État de nature qui consacre la loi du plus fort.
Face à ce constat alarmant, il est temps de se lever pour travailler à la mise en place d'un système judiciaire vivant, qui rassure le justiciable quant à l'assurance de voir sa cause entendue.