Des personnels soignants ont essayé de sauver une vie sans succès. Ils ont peut-être commis des fautes dans cette prise en charge. Ils méritent d’être jugés et le cas échéant punis. En attendant, ils n’ont rien à faire en prison. A côté de cette affaire, il y a celle de la justice et de l’usage de l’incarcération comme moyen de pression. Que dire alors du juge d’instruction de cette affaire !
Trois personnels de santé sont en détention provisoire à Kondengui depuis quelques jours. D’après les recoupements effectués, aussitôt présentés au juge d’instruction, ce dernier a pris la décision de les placer sous mandat de dépôt.
Ce n’est pas une affaire ordinaire qui se déroule sous nos yeux.
Ce que la justice crée comme jurisprudence est sans doute fondateur d’un nouveau type de rapports que le personnel médical va avoir avec les patients. Car, c’est une erreur (ou une faute) médicale qui vaut à Etoundi Amour Thierry (infirmier diplômé d'État), Dr Djiwa Nzoupe Annie (médecin) et Mvondo Engama Dieudonné (infirmier anesthésiste - réanimateur) leur détention pénitentiaire sans jugement.
Nos soignants, dont le silence devant cette actualité interpelle, se demandent déjà sans doute s’ils ne risquent pas la prison à chaque intervention médicale. Peut-être nous feront-ils signer désormais une attestation de non poursuite judiciaire avant d’entrer au bloc opératoire.
Si un médecin peut aller en prison pour une présomption de faute médicale, alors il n’y aura pas assez de places dans nos pénitenciers pour accueillir tous les personnels de santé qui seront accusés à tort ou à raison.
C’est une question fondamentale. Quelle que soit l’influence d’un plaignant, on ne doit pas changer les règles communes de la vie sociale.