'Celui que dans sa famille on yamo les filles Bassa'

Wilfried Ekanga au milieu, à l'occasion d'une conférence en Allemagne

Mon, 25 Sep 2023 Source: Wilfried Ekanga

Il y a dix jours, près de 8 000 migrants venus d'Afrique sont arrivés sur les côtes de Lampedusa en à peine 24 heures.

La petite île italienne (seulement 20 km2) n'est situé qu'à 150 km de la Tunisie, ce qui en fait l'une des principales portes d'entrée en Europe pour les aventuriers maghrébins et subsahariens qui prennent la mer.

On aboutit alors à ce qu'on appelle un « effet de concentration ». C'est-à-dire qu'un nombre relativement élevé de personnes se retrouvent en un laps de temps très court dans un espace très réduit, donnant ainsi l'impression aux Européens qu'ils sont « submergés » par une « vague de réfugiés africains ».

Or en réalité, il n'en est rien. Car l'Union Européenne (UE) compte plus de 510 millions d'habitants. Ce qui signifie que même en prenant en compte tous les migrants (plus de 60 000) qui ont accosté sur les rives italiennes, espagnoles, grecques etc... depuis le début de l'année 2023, cela ne représente même pas 0,0005% de la population de l'UE.

Autrement dit, il suffit de bien les répartir entre les 28 pays de l'Union, et personne ne remarquerait même qu'il y a des réfugiés sur son territoire.

LE PARADOXE UKRAINIEN

C'est le cas des énormes quantités de personnes (plus de 10 millions) ayant fui la guerre en Ukraine depuis l'assaut du 24 février 2022. Par exemple, la République Fédérale d'Allemagne (RFA) abrite à elle seule plus d'1 million d'entre eux sur son territoire. Or l'Allemagne compte environ 80 millions d'habitants. Ce qui signifie que les réfugiés ukrainiens représentent désormais plus d'1% de la population de RFA. Ce qui n'est absolument pas rien !

Pourtant les Allemands ne sont pas scandalisés par ce chiffre somme toute impressionnant. Or, cette semaine, la même Allemagne a décidé de ne plus accepter la moindre demande d'asile des migrants africains en provenance d'Italie. Sachant que ces Africains sont infiniment moins nombreux que les Ukrainiens, on peut s'interroger sur la logique de cette manœuvre. Et la réalité, c'est qu'il n'existe aucune logique : les Européens éprouvent moins de compassions envers des Africains qu'envers d'autres Européens : point final. C'est ce qu'on appelle la « préférence caucasienne ».

Ou le « racisme doux » si vous préférez. Celui qui consiste à « accepter un peu, mais pas trop ».

Car à côté de l'Allemagne, la Pologne est le pays européen qui accueille le plus de réfugiés ukrainiens (plus d'1,5 millions). Or la Pologne compte 2 fois moins d'habitants que sa voisine (seulement 37 millions). Cela veut dire que les Ukrainiens constituent actuellement plus de 4% de la population polonaise ! C'est du jamais vu dans l'histoire récente des migrations. Ils seraient théoriquement capables de former une région à part entière !

Mais au même moment, toute l'Union Européenne est en panique pour quelques poignées d'Africains qui débarquent sur son sol. Ils nous ont même expliqué que c'est parce qu'en Europe occidentale, ils se sentent « culturellement plus proches des Ukrainiens ». Expliquez-nous comment un Gabonais ou un Camerounais qui parle français, qui est chrétien, et qui est allé à l'école coloniale (implantée chez nous depuis plus de 100 ans) est plus difficile à intégrer qu'un Ukrainien qui ne comprend rien à la langue française, et dont l'héritage historique est davantage soviétique qu'occidental.

C'est cela le racisme doux ; celui qui consiste à vous dire : « On vous aime bien, mais on se préfère, même si vous nous ressemblez parfois plus que nos propres voisins.»

EN BREF :

Mais avant de continuer de pleurer au racisme des Grands Méchants Blancs, c'est le moment de rappeler ici qu'un peuple qui ne s'aime pas lui-même n'a pas le droit de revendiquer l'amour d'autrui. C'est-à-dire que si un Camerounais a le courage de vous informer que dans sa famille il existe une règle ancestrale qui ordonne ne pas épouser les filles de X ou Y tribu… juste en raison de leur tribu justement, alors qu'il ne s'offusque pas que les Européens à leur tour nous disent : « Dans notre famille, on n'accueille pas les migrants de X ou Y pays. »

Surtout quand on sait que, contrairement aux États européens qui assument leur préférence culturelle au niveau du volume des migrants, le même Camerounais qui vous parle de préférence culturelle pour justifier son tribalisme bestial, n'a subitement plus de culture quand il faut courir derrière une Européenne pour l'obtention d'une carte de séjour par le mariage.

C'est ce déséquilibre moral et cette haine de soi qui vous vaut la haine des autres. Et je le répète : c'est amplement mérité !

Auteur: Wilfried Ekanga