Ces abattoirs à problème

Wed, 24 Feb 2016 Source: Michèle Fogang

Les moutons, chèvres, porcs et volailles sont tuées et nettoyés dans les marchés en plein air, dans des conditions d’hygiène peu propices.

Marché Mvog-Ada, la partie réservée au commerce de petits ruminants grouillait de monde mercredi dernier.

C’est que ces bêtes, porcs, chèvres et moutons sont sollicitées pour la confection de nombreux mets du terroir. De plus, le lieu offre plusieurs services. En plus de l’achat, les clients peuvent aussi faire abattre et nettoyer les animaux.

Ici, comme à Nkolndongo, des nettoyeurs sont de plus en plus nombreux. « 3000 F pour dépouiller la chèvre et le mouton et 2000 F le porc », explique Dylan Nkan, nettoyeur au marché Mvog-Ada. Par ailleurs, le prix taxé est fonction de la grosseur de la bête. « Si l’animal est petit, on peut réduire de 500 F environ. Mais on peut aussi aller jusqu’à 4 000 F », précise Didier Ngué, un autre nettoyeur.

Ces bêtes sont abattues en plein air, généralement à l’arrière des boutiques. Au marché Huitième de Y Yaoundé, il existe tout un secteur consacré à l’abattage. Au sortir de leur enclos, les bêtes sont conduites dans un endroit à ciel ouvert appelé « morgue ».

On y retrouve plusieurs bacs destinés au nettoyage. Machettes, couteaux et bruleurs sont mis à contribution pour abattre, nettoyer et dépecer les bêtes. Les animaux sont suspendus à l’aide d’une corde accrochée sur un poteau, puis assommés à l’aide d’une massue pour les plus féroces, avant d’être abattus. Les boyaux sont, quant à eux, jetés dans un cours d’eau qui longe le marché, engendrant des odeurs nauséabondes.

S’ils ont des mains expertes, les nettoyeurs ne sont pas pour autant des professionnels. Toutes choses qui jettent le doute sur l’hygiène du matériel utilisé et la qualité de la viande.

Mais, on est rassuré par la présence dans ce secteur consacré à la vente des bêtes, d’une équipe de vétérinaires de la délégation régionale du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales pour le Centre. « Une fois la bête abattue, les vétérinaires se chargent de contrôler la qualité de la viande », apprend-on au marché Mvog-Ada.

Une manière pour le MINEPIA de parer à toute transmission de maladies de la bête aux consommateurs. Ainsi, une fois le contrôle effectué, certaines viandes jugées de mauvaise qualité sont renvoyées au vendeur. L’acheteur est, quant à lui, remboursé ou servi à nouveau.

La viande de bonne qualité est estampillée, avant d’être remise au client moyennant un montant déterminé en fonction de certains facteurs. « Le contrôle concerne surtout le porc, car la chèvre et le mouton sont contrôlés une fois sortis de brousse », relève Dylan Nkan. Seulement, ces services vétérinaires ne sont pas présents dans tous les marchés. Ce qui laisse à désirer sur la qualité de la viande qui sortent de abattoirs de fortune.

Auteur: Michèle Fogang