Des camerounais fiers de défendre les couleurs nationales
A mon fils, frêle enfant, ce bout de Bamoun, qui commence à apprendre les subtilités de la langue de Njoya, ce fétu de Camerounais qui prononce Mbappé sans l'exotique M' des Français et cet Africain qui distingue déjà sur ses vêtements, les variantes du Ndop et du Togu des Grassfields du pays d'André-Marie Tala, du Kenté du pays de Kwame Krumah, du Bogolan du pays de Soundiata Keita, je souffle et répéterai tous les matins ceci :
- N'accepte jamais de mettre le moindre genou au sol, reniant tes idées et demandant pardon au moindre tyran, potentat, dictateur ou président africain transformé par ses courtisans en Dieu, sans la volonté de transformer pour le meilleur la vie de ses concitoyens.
- Tu n'es l'objet de personne. Aucun être humain, roi, président ou empereur, n'a le droit de t'écraser. Aucun ! Ne baisse la tête devant aucun d'eux !
- Ne multiplie pas les papas et les mamans pour flatter quiconque ; pour obtenir la menue faveur des puissants ; pour plaire et amadouer les sbires qui violent impunément les droits élémentaires sous le prétexte de protéger un régime ou un président.
- Si tu apprends que papa est en prison pour ses idées, idéaux, positions, n'écrase aucune larme. Sers-toi du bouclier de ta conscience pour comprendre qu'aucune prison ne l'enferme, ne la soumet, ne la contraint, ne la domestique.
- Si l'on te dit un jour, qu'à l'aéroport au Cameroun, le nom de ton père figure sur une liste " d'activistes, d'indésirables, d'intellectuels, de critiques " de la diaspora, apprends à lutter quand tu seras plus grand contre l'arbitraire, les états policiers, les voies de fait de la police, la délation : dis leur que le pays d'Um Nyobé, Douala Manga Bell, Ouandié, Moumié n'est pas la propriété de Paul Biya !
- Si l'on t'évite pour tes idées, tes convictions, ton engagement pour les droits humains, la liberté et contre les tyrannies, remercie ces gens de ne plus encombrer ton chemin ; sois fier et marche la tête haute.
Le jour où chaque Camerounais, chaque Africain jettera la peur dans le Nil, le Tanganyika, la Sanaga, plus aucun tyran ou régime ne réussira à semer la division, se faire passer pour un souverainiste ou un panafricain quand il est lâché par ses amis et alliés français, européens ou occidentaux, faire intérioriser la terreur ou transformer les citoyens en victimes du syndrome de Stockholm.
Le jour où chaque Camerounais, chaque Africain aura compris que l'intérêt collectif est la sève d'une Nation, nous n'aurons plus peur de ne pas voir grandir nos enfants, en nous humiliant publiquement : chacun sera le gardien de son frère, de sa soeur et de son compatriote !