Une fois encore, la chefferie traditionnelle était à l’honneur la semaine dernière. Ce à la faveur d’un arrêté signé du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation déterminant les caractéristiques de l’insigne distinctif de ces auxiliaires de l’administration.
Un insigne qu’ils sont appelés à arborer à l’occasion des cérémonies publiques, privées, officielles ou solennelles. De même qu’il sera désormais possible de distinguer les chefs traditionnels, selon qu’ils sont du 1er, 2e ou 3e degré.
On aura ainsi trois étoiles pour le chef de 1er degré, deux pour celui de 2e degré et une étoile pour le chef de 3e degré. Une mesure qui aura aussi le mérite de mettre fin à une certaine confusion que l’on observait chez ces dépositaires de la tradition.
Tout le monde se faisait ainsi appeler « Majesté » et arborait l’uniforme reconnu à ces personnalités. La mesure du Minatd, qui s’inscrit en droite ligne du processus de revalorisation de la chefferie traditionnelle en cours au Cameroun arrive après d’autres mesures déjà prises auparavant.
Il en est ainsi du décret N°2013/332 du 13 septembre 2013 modifiant et complétant certaines dispositions du décret N°77/245 du 15 juillet portant organisation des chefferies traditionnelles. Ce texte du président de la République avait notamment revalorisé la rémunération des chefs traditionnels.
Ainsi, ceux du 1er degré sont désormais appelés à percevoir une indemnité de 200 000 F par mois contre 100 000 F pour ceux du 2e degré et 50 000 F pour les chefs du 3e degré.
Il faut relever que les chefs traditionnels sont reconnus comme auxiliaires de l’administration dont ils servent de relais auprès des populations. Gardiens des traditions, ils sont ainsi dépositaires de certains pouvoirs.
On peut donc constater que la fonction de chef traditionnel, jusque-là considérée comme un refuge pour certains fonctionnaires à la retraite, attire de plus en plus aujourd’hui. Pourtant, si l’on s’en tient aux us et coutumes de nos différentes régions, l’accès à la chefferie traditionnelle est très bien organisé.
On ne devrait y accéder que par le canal de la succession. Mais, il faut dire que l’importance de la chefferie traditionnelle n’est pas toujours la même dans toutes les dix régions du Cameroun. Certaines régions comme le Centre, le Sud, l’Est sont concernées comme des sociétés acéphales. Ici, le rôle du chef traditionnel n’est pas très reconnu. Ce qui n’est pas le cas ailleurs.
Dans les Grassfields (Ouest, Nord-Ouest, Sud-Ouest) ou dans la partie septentrionale, outre son rôle de relais de l’administration, le chef traditionnel occupe une place très importante dans la vie des communautés. Il est très craint de ses « administrés ». On peut constater dans ces régions à quel point l’élite se déploie parfois pour le bien-être de celui qui incarne l’autorité traditionnelle.
L’âge ici importe peu. On a souvent vu des adolescents accéder à cette fonction parce que les circonstances les y obligeaient. Comme partout ailleurs, l’on accède au statut de chef traditionnel par le biais de la succession.
Outre le rôle de relais entre l’administration et les populations, les chefs traditionnels jouent également celui de la préservation de la paix sociale. Les chefs traditionnels occupent une place importante dans la recherche du renseignement dans le cadre notamment de la lutte contre l’insécurité.