Le projet de modification de la Constitution du Cameroun qui pourrait conduire à la création et à l'élection d'un poste de Vice-président du Cameroun se dessine peut à peu, à travers les débats, les points de vues et analyses des Camerounais. Le sujet intéresse également l'économiste Dieudonné Essomba. Dans une publication que nous vous proposons, il donne son point de vue sur le sujet.
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"Depuis un certains temps, une rumeur circule sur l‘éventualité d’un poste de Vice-président de la République, et naturellement, la préférence des pronostiqueurs va vers un Anglophone.
Le choix d’un Anglophone pour ce poste relèverait évidemment du simple bon sens…
Sauf que ce n’est pas le bons sens qui règle les problèmes d’une Communauté nationale, mais la loi.
Les Anglophones constituent une réalité sociologique incontestable: nous savons bien qui est Anglophone et qui ne l’est pas au Cameroun ! Du point de vue sociologique, il s’agit des descendants actuels des populations du Southern Cameroon, actuellement Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qui ont connu le parcours colonial britannique après le départ des Allemands en 1919.
Mais si cette perception sociologique est claire, il n’empêche que dans le cadre de notre Etat unitaire, ce terme n’a aucun sens juridique. Il n’existe aucun texte de loi qui définit la notion d’Anglophone sur lequel on pourrait se fonder pour créer un poste qui leur est dédié spécifiquement Et la perception sociologique que nous avons de cette notion n’a aucune qualité juridique opposable devant des instances judiciaires.
Du point de vue de la loi camerounaise, la notion d’Anglophone n’existe nulle part et on ne saurait s’y appuyer pour un poste quelconque, sans violer les principes cardinaux de l’Etat unitaire, où tout le monde est partout chez lui.
Un Etat unitaire a une citoyenneté unique et on ne saurait se donner le droit d’altérer cette citoyenneté, pour introduire des concepts qui n’ont de sens que dans un Etat Fédéral où les choses auraient été plus simples : chaque Etat a ses citoyens et chaque individu a la citoyenneté de son Etat et la citoyenneté fédérale.
Il est donc possible de dire : « Si le Président est un citoyen de l’un des 8 Etats dits Francophones, alors le Vice-Président est nécessairement citoyen de l’un des 2 Etats dits Anglophones ».