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Clément Djimogne alias Mystic Djim : l’homme qui a révolutionné l’enregistrement et la production musicale au Cameroun

Clément Djimogne est décédé dans un accident en 2009

Wed, 1 Feb 2023 Source: Arol Ketch

Clément Djimogne est un personnage atypique, un artiste complet et pluriel qui a marqué considérablement de son empreinte l’univers musical Camerounais. Il a un joué un rôle important dans l’éclosion de plusieurs rythmes.

C’est l’histoire d’un jeune élève du lycée classique de Bafoussam qui décide contre l’avis de tout le monde d’abandonner ses études pour se consacrer à la musique. Après un premier 45 tours édité chez Sonafric, il décide de quitter le Cameroun et d’aller en aventure. Destination le Nigeria. Il décide sur un coup de tête d’aller tenter l’aventure nigériane en compagnie de quelques copains.

Du Nigeria, il parcourt toute la côte ouest-africaine en jouant dans un groupe appelé The Mighty Flames (Les flammes puissantes). Pendant plusieurs années, il va côtoyer les deux grandes sommités de la musique nigériane de cette époque que sont Fela Kuti et Sonny Okosun. Il est leur collaborateur le plus proche.

Une nuit, lors d’un songe, il reçoit l’appel de ses ancêtres qui lui demandent de retourner à la maison dans son Bafoussam natal. Du jour au lendemain, Mystic Djim plie ses bagages, destination le Cameroun. Malgré les supplications de Fela Kuti et Sonny Okosun, Mystic Djim ne reviendra pas sur sa décision. Fela et surtout Okosun, étaient très tristes de le voir partir.

Mystic Djim retourne au Cameroun en 1979 avec dans sa valise l’album Money Make Man Mad qui connut un succès retentissant au Nigeria notamment à travers le titre virevoltant Africa.

De retour au Cameroun, il continue la musique et s’installe à Yaoundé. En 1983, il forme le groupe Mystic Djim and the Spirits dont le premier album Fire Largeau contient le célèbre titre Yaoundé Girls.

Mystic Djim abandonne peu à peu la guitare, les percussions et le chant pour se consacrer aux arrangements et à la production. Le métier d’ingénieur de son s’impose à lui comme une révélation. Il s’agit du métier qu’il avait pratiqué aux côtés de Fela Kuti au Nigeria. En tant qu’ingénieur de son, il réalise les choses avec une facilité déconcertante et ses oreilles perçoivent avec perfection la justesse des sons.

Au milieu des années 80, il lance un concept novateur en créant un studio d’enregistrement mobile qui fera sa réputation. En effet, il achète un très bon enregistreur à 4 pistes, plusieurs instruments, des amplificateurs et crée un studio mobile qu’il installe dans son salon. Il s’entoure d’une équipe chevronnée de musiciens et peut à présent se lancer dans la production musicale. Avec son modeste enregistreur à 4 pistes, il réalise des enregistrements de qualité supérieure à ceux des grands studios d’enregistrement.

Peu à peu, sa réputation commence à se répandre comme une traînée de poudre dans la cité capitale. Clément Djimogne alias Mystic Djim a joué un rôle non négligeable dans l'éclosion du Bikutsi au Cameroun. Au milieu des années 80, le studio de Mystic Djim était devenu une place incontournable pour plusieurs artistes Bikutsi de Yaoundé. Avec un matériel modeste, ses productions et ses arrangements étaient meilleurs que ceux qui provenaient du studio de la radio nationale. On doit à son légendaire studio mobile : N'nom Wom de Zélé Le Bombardier, Femme Cocue de Biba Bifana ou encore Thermomètre de K-tino. Clément Djimogne a travaillé avec plusieurs artistes Bikutsi : Atebass, Les Daltons, Rantamplan, Owona Anderson, Zangalewa, Mbarga Soukous, Sala Bekono, Tino Baroza, Gilbratar Drakus, Ebogo Emérent et plus récemment Patou Bass. Il a aussi enregistré des chanteurs Makossa.

Au-delà du rôle fondamental qu’il a joué pour asseoir la notoriété du Bikutsi, Mystic Djim est un précurseur du Reggae au Cameroun et un chanteur engagé. Dans ses chansons, il dénonce la guerre, prône la paix et l’amour, affiche son soutien aux pauvres qui ont faim, appelle aux Etats-Unis d’Afrique. Son voyage en Afrique de l’Ouest a forgé et développé sa conscience panafricaine.

En 2009, un accident de moto l’arrache du monde des vivants. Il avait 54 ans et laisse une veuve éplorée et sept enfants.

Auteur: Arol Ketch