Luc Perry Wandji
Ceux qui ont regardé la sortie incendiaire de M. Claude Abe à la télévision, Dimanche 16 Avril 2023, ont bien entendu suivi son regard.
Ma conviction profonde est que la bassesse de cet "acte professoral" n'est point digne du moindre des mépris qu'on puisse lui opposer.
Ce que je redoute (et réfute) surtout, c'est qu'une telle sortie en vienne à jeter aux yeux des autres, du discrédit sur sa propre famille et sa communauté d'origine, à hypothéquer le débat sur le «devenir tribal» de notre société.
Je crains que de telles frasques fassent taire toute discussion sur la question ethnique et tribale; dans le souci de plaire ou d'éviter de fàcher. Car, à mon sens, il faut nécessairement prendre en charge la question des tribus, dans l'invention de notre futur commun.
Nier la réalité tribale, ou éviter la donnée communautaire dans la manière de penser l'Etat au Cameroun, c'est comme imaginer la société sans des individus.
Les communautés sont une consubstantialité, avec notre État. N'en déplaise...
Le travail à faire, et qui reste de mon point de vue un impensée, c'est précisément, de tout faire, pour que la tribu ou la communauté première ne soit pas un horizon indépassable.
Il faut donc «Entribaliser» le Cameroun !
Ce que je désignais par ce néologisme, dès 2012 (au plus fort des émeutes de Deido qui avaient débouchées sur des diatribes ethnicistes, et une mise à l'index des Bamiléké, pour une affaire de vol), c'est la démarche consistant à organiser un mouvement national, qui nous conduise à identifier ou repérer les passerelles qui permettent de valoriser les liens et les liants inter-communautaires; à fabriquer si nécessaire des mythes communs qui génèrent des entrismes culturels et spirituels; qui consolident notre unité cosmogonique et mystique ; de façon à constituer les matériaux à partir desquels nous serons en capacité objective d'inventer une ETHNIE NATIONALE, en dépassement de la tribalité et des oripeaux du tribalisme.
C'est ce que je crois. Je le crois profondément. J'y travaille surtout en tant que leader associatif.
Voilà ma contribution.
Luc Perry Wandji.
