Climat post-électoral: voici ceux qui refusent le changement

Paul Biya Aux Urnes Les résultats de la présidentielle vont tomber le lundi 22 octobre.

Sat, 20 Oct 2018 Source: Michel Biem Tong

Le défunt président burkinabé et illustre panafricain, Thomas Sankara, disait que « l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort ». La présidentielle qui vient de s’achever a permis d’avoir une idée un peu plus claire sur ce que c’est que le Camerounais francophone. Ce dernier est comme cet esclave pour qui les chaînes sont comme un collier précieux dont il ne veut se défaire et les coups de fouets de son maître le font plutôt jouir au lieu de lui faire mal et à la longue, de le révolter.

Ce flot de flèches empoisonnées que reçoit Maurice Kamto depuis qu’il a déclaré le 8 octobre dernier avoir gagné la présidentielle de 2018 est révélateur de ce que les Camerounais (francophones, il faut le préciser et la plupart) refusent le changement, ils refusent l’alternance, mieux ils ont peur du changement. Ces Camerounais se plaisent plutôt dans une République merdique, dans une médiocrité républicaine, à vivre dans un pays dirigé par un vieux de 85 ans qu’ils ne voient presque pas, qui passe tout son temps dans un hôtel en Suisse avec l’argent du contribuable, leur argent.

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Ces Camerounais se plaisent à vivre dans un pays où la devise semble être « juste un peu, ça me suffit » là où ailleurs en Afrique, on veut toujours plus, un pays où ils ignorent tout de la rémunération mensuelle de leur président, où la Première Dame se tape un voyage aller et retour en jet privé juste pour aller se faire coiffer, ils se plaisent à se contenter du peu que le dictateur leur donne, à vivre dans l’indigence, la débrouillardise, ils se plaisent à boire de l’eau sale de Camwater, à avoir de l’électricité une fois par semaine, à être obligé de sortir du car qui les transporte vers leur village et le pousser parce que la route est mauvaise, à risquer leur vie en voyageant sur des axes lourds reliant les grandes villes du pays,à ne voir les grands projets structurants que sur des maquettes, etc.

Les Camerounais se plaisent à être dirigés par des personnages sans scrupules qui ont fait du mensonge (voir récent scandale des prétenus observateurs de Transparency International), de la manipulation et de la répression des corps et des esprits, un mode de gouvernance. Ils se plaisent à vivre dans un pays où tous ceux qui veulent conscientiser la jeunesse en leur disant la vérité sont combattus et traités d’être à la solde de l’Occident. Ils se plaisent à vivre dans un pays où le journaliste ne crache sur aucune somme pour mentir, manipuler, ou taire un crime de sang ou un scandale, un pays où un homme politique, un acteur de la société civile ou un citoyen lambda peut dire aujourd’hui que Satan est noir et demain, venir démontrer qu’il est plutôt un bel ange.

Est-ce donc cette vie misérable et corrompue que les Camerounais ont choisi le 7 octobre dernier ? 36 ans après ? Si après 36 ans, un peuple ne peut se lasser de la servitude, de l’esclavage moderne, alors comme disait Sankara, autant ne pas y prêter la moindre attention et le laisser s’engloutir dans la caverne. Les peuples africains qui se battent pour leur liberté méritent l’attention de tous ceux qui ont encore de l’honneur et de la dignité. Et c’est le cas du peuple anglophone du Southern Cameroon.

Malgré les massacres qu’ils subissent de la part d’une horde de voyous et de sauvages en treillis (heureusement, il y en a qui font honneur à l’armée), ils résistent et s’en sortent plutôt bien. D’ailleurs, n’ont-ils pas à 96% boycotté la présidentielle du 7 octobre dernier ? C’est la preuve s’il en était besoin que non seulement ils ont choisi de ne plus côtoyer un peuple d’hypocrites et de lâches mais aussi que le prochain président de la République du Cameroun n’aura aucune légitimité à leurs yeux.

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Pendant que les Camerounais francophones se délectent de la dictature, les anglophones eux la combattent courageusement depuis 2 ans. C’est la preuve que les deux peuples ne méritent plus de vivre ensemble car il est difficile de mélanger les patates et les macabos. D’ailleurs notre Etat et le leur n’ont jamais formé un seul. L’un a plutôt annexé l’autre, mais là n’est pas le débat. Aussi, nos frères anglophones doivent-ils désormais se rendre à l’évidence qu’ils n’ont plus rien à faire avec nous les francophones car la lumière et les ténèbres ne vont pas ensemble. L’un chasse plutôt l’autre.

Auteur: Michel Biem Tong