Comment Claude Leroy avait écarté Tchoutang Bernard et Missé Missé de la sélection nationale

Martin Camus MIMB revient sur la troisième partie de son analyse

Mon, 17 Oct 2022 Source: Martin Camus MIMB

Martin Camus Mimb est revenu sur la troisième partie de son analyse sur l'anatomie des sélections pour la coupe du monde au Cameroun. De Depireux à Leroy, Bernard Tchoutang et Misse Misse ont gardé de forts souvenirs.

Comme la Coupe du monde de 1982 avait été le point d’affermissement des victoires des Lions Indomptables Officiel jusqu’en 1990, celle de 1998 est celle qui a bâti toutes les victoires de la génération 2000. N’oubliez pas que dans notre série qui analyse les sélections du Cameroun pour la Coupe du monde, l’objectif est de vous replonger dans l’esprit des entraîneurs, et tracer les similitudes qui traversent en diagonale toutes les Coupes du monde disputées par le Cameroun. Et comme pour les précédentes, le changement brusque et incompréhensible d’entraîneur va tout bouleverser. Henri Depireux a qualifié dans la douleur l’équipe avec un groupe très solide. Claude Leroy débarque à cinq mois de la compétition, dans une inédite mafia et bouleverse tout. Les ténors de la sélection comme Tchoutang Bernard ou Missé Missé sont mis hors de la sélection et les marches déclenchées à Yaoundé pour revendiquer leur sélection ne produiront pas les effets de 94. Claude Leroy dira même sur les antennes de la radio nationale avec ironie: « Laissez marcher les gens. C’est bon pour la santé ».

Cette Coupe du monde déclenche avec un autre « scandale », celui de la gestion des billets d’entrée au stade par la Fecafoot. Le ministère des sports fait peser de lourds soupçons de trafic sur la Fecafoot qui sont relayés par les médias internationaux. Vincent ONANA le Président de la Fecafoot est arrêté au Cameroun et emprisonné. C’est donc sans leur Président que les Lions débarquent à Paris. Mais si cette Coupe du monde est celle des révélations qui posent les balises des succès des années 2000, elle est également celle des règlements de compte. William Andem dont l’heure de gloire sonnait avec force, sera accusé d’une sordide affaire en pleine compétition, avec pour objectif de le sortir définitivement de la sélection. François Omam Biyick déclinant et qui avait à peine joué 6 matches avec la Sampdoria cette saison, est intronisé par Claude Leroy comme Capitaine, au détriment des Tchami et autres tout feu tou flamme. Marc Vivien Foe qui allait en Coupe du monde avec une proposition de contrat de Manchester United, est victime d’une lourde fracture. Ce n’est pas la grande sérénité dans cette équipe.

Mais Claude Leroy va réaliser quelque chose de formidable qui va aider le football camerounais par la suite. En dehors de Jacques Songo’o(34ans), Andem William (30 ans), François Omam Biyick(32ans), la quasi-totalité de l’effectif est en dessous de 26 ans. Mieux, ils ont à peine 20 ans! Pierre Wome (19 ans), Rigobert Song(21 ans), Raymond Kalla(23 ans), Pierre Njanja(23 ans), Lauren Etame(21 ans), Patrick Kwetche (21 ans), Joseph Elanga(19 ans), Didier Angibeaud(24 ans), Augustine Simo(19 ans), Salomon Olembe (18 ans), Joseph Desiré Job(20 ans). Il ne s’est pas arrêté là. Il a mis dans ses valises, un gamin d’à peine 17 ans, stagiaire au REAL Madrid, qui deviendra le meilleur joueur de l’histoire du football africain : Samuel Eto’o. Oui Claude Leroy avait osé ! C’est l’ossature de cette équipe qui sera double champion d’Afrique en 2000 et 2002, qui décrochera la médaille d’or olympique et jouera une finale de Coupe des Confédérations.

Je vais peut-être me répéter, à défaut de bâtir une équipe pour gagner la Coupe du monde, on en bati pour d’autres succès. C’est cette équipe qui sera donnée favorite pour la Coupe du monde 2002. La Coupe du monde 98 a respecté cette logique. Et la jeune de la sélection n’a pas été un handicap à cette Coupe du monde. Deux choses ont précipité la sortie du Cameroun. L’arbitrage foireux et les tâtonnements de Claude Leroy qui découvrait l’équipe et avançait en la réajustant. Mais son courage dans la sélection pardonne le reste, parce qu’il a laissé une génération, l’une des plus belles du football camerounais.

Que Dieu vous bénisse !

Martin Camus MIMB

La Plume de Jésus

Auteur: Martin Camus MIMB