Il est certainement l’un des plus grands guitaristes de l’histoire de la musique camerounaise. Un talent à l’état brut. Malheureusement, Zanzibar n’aura vécu que l’instant d’une rosée. Alors qu’il était au sommet de sa carrière, il est arraché à la vie comme un oiseau en plein vol. Il avait à peine 26 ans.
Zanzibar est retrouvé mort au lendemain d’une énième déception amoureuse. Une sorte de mélodrame dont les principaux actants sont : 3 femmes et une boîte de comprimés. Tout s’est passé dans la nuit du 21 au 22 octobre 1988.
La dernière nuit de Zanzibar fut particulièrement agitée. Fâché après tout le monde, il est resté exalté toute la nuit. Il venait de faire ses adieux à tous en offrant à chacun un verre ou une bouteille de bière. Comme s’il sentait sa fin proche, il disait à ses amis : « profitez bien de ma présence mes frères,peut-être que bientôt nous ne serons plus ensemble ».
Ce jour-là, Zanzibar surprend dans la gargote tenue par K-Tino la fille métisse dont il était follement amoureux et qu’il prenait déjà pour sa petite amie. Cette dernière est dans les bras d’un autre homme en train de s’amouracher. Le sang de Zanzibar ne fera qu’un tour. Blessé dans son amour propre, Zanzi s’approche des tourtereaux et exige des explications.
Après une altercation amoureuse avec sa compagne Abada Rose et Corinne, la métisse dont il était amoureux, Zanzibar serait parti chez Barry Bastos et va prendre un taxi qui va le déposer au niveau de la CNPS à ESSOS. Il continue à pied jusqu’à la maison et s’affale sur son lit. Le sommeil ne vient pas.
Au petit matin, Abada Rose débarque où réside Zanzi chez jean-Marie Ahanda et demande à Roger Bekongo de l’aider à ouvrir la porte et réveiller Zanzibar. En effet, le studio de Roger est contigu à celui de Zanzibar. Avec ce qui s’est passé la veille, c’est définitivement terminé entre Abada et Zanzibar. Elle vient récupérer ses effets et exiger le remboursement de ses dettes à ce dernier.
Zanzibar est retrouvé écroulé dans son salon vêtu d’un short rouge. Abada Rose, Jean-Marie Ahanda le manager-fondateur des têtes brûlées et Roger Bekongo qui habitent avec Zanzibar dans des dépendances sont présents. Ses râles n’autorisent aucun retard. On le transporte dans la voiture d’Abada Rose ; une peugeot 604 qui est plus spacieuse que la voiture de Lionel Manga. Visiteur circonstanciel ce matin-là.
Conduit à l’instant à la clinique Fouda, Zanzibar sera partagé entre ses derniers hommages à son groupe et sa souffrance « Ah ! les Têtes Brûlées Quel grand groupe ! Dommage ! Il le fallait pour que ce groupe aille loin ».
Le reste du temps, il hoquette, râle, ne vomit pas. Il appelle Jean-Marie Ahanda, désespéré, deux fois. Il veut sa main, l’étreint. Il dit : « ça y est, Zanzibar est mort ». Il se reprend mais refuse d’en dire plus.
Lucide, il entend, comprend tout. Mais refuse qu’on lui touche le ventre ou qu’on lui ouvre l’œil bien injecté de sang. Sa langue qui enfle est d’un rouge sale.
Le médecin a tout compris et se met à interroger les accompagnateurs, mais Zanzibar, faisant une pression sur le bras de Jean-Marie Ahanda, l’attire à lui et dit à Roger et à lui : « j’ai pris des comprimés ».
Zanzibar rend l’âme en criant longuement : « Ahanda ! Ahanda ! » et lâche à deux reprises : « C’est comme ça que devait mourir Zanzibar ». Ce furent ses dernières paroles.
Arol Ketch revient sur cet événement tragique dans son livre: “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”.
Les rumeurs les plus folles ont circulé au sujet du décès de Zanzibar. Et aujourd’hui encore, on se pose des questions. Comment et de quoi est mort Zanzibar ? Qui a tué Zanzibar ?