Comment les chinois volent l’or et le diamant à Bertoua

Diamonds Une main montrant de petits diamants, archives

Fri, 8 Jul 2016 Source: Bernard Bangda

C'est le rythme avec lequel les bouteilles de gaz vont et viennent entre Bertoua et les sites miniers de la région de l’Est qui éveille les soupçons des éléments des forces de sécurité et de défense installés aux postes de contrôle de la région de l’Est.

« Jusque-là, nous ne soupçonnions rien parce qu’à chaque fois, ces exploitants miniers prétextaient qu’ils n’utilisaient que le gaz pour faire la cuisine dans les chantiers. Ils justifiaient également ce rythme de consommation de gaz domestique par le nombre d’employés expatriés sur les sites miniers », explique une source sécuritaire qui a requis l’anonymat. « Seulement, poursuit notre source, nos éléments sur le terrain avaient remarqué que la plupart des bouteilles de gaz domestique en direction de Bertoua étaient soudées vers le bas.

Par ailleurs, ces bouteilles supposées être vides étaient plus lourdes que d’autres. » Ce qui éveille les soupçons de ces éléments qui avaient déjà été avertis par des sources internes à certaines entreprises minières. L’affaire éclate au poste de contrôle de Ndokayo à la croisée des chemins qui mènent à Colomine et Garoua-Boulaï. Les éléments décident de confisquer les bouteilles suspectes et de les soumettre au chalumeau. Pour découvrir qu’à l’intérieur sont dissimulées dans ses sacs en plastique d’énormes quantités d’or. Cette prise n’est pas la seule de la région de l’Est.

Même si les statistiques à propos ne sont pas disponibles dans les postes de contrôle ou à la délégation régionale des Mines de l’Est, des sources avancent que « ce sont au moins 70% de la production minière locale échappant au contrôle qui passent ainsi pour des destinations asiatiques ». A l’or s’ajoute le diamant issu des sites d’exploitation de la Boumba-et-Ngoko, notamment de Mobilong où l’on annonce que « tout est fini alors qu’on continue à extraire le produit », soufflent des employés au noir de ce site qui expriment ainsi leur colère face à « cette exploitation qui ne nous rapporte rien ».

D’où les dénonciations qui aboutissent début 2015 aux premières interpellations d’exploitants miniers véreux sur la route de Yokadouma. Les riverains qui assistent aussi au pillage de leurs ressources naturelles se sont également mêlés aux groupes de délateurs de ces exploitants asiatiques aux habitudes peu orthodoxes. Tous indexent « les défaillances du système mis en place pour passer au crible les quantités produites par les exploitants miniers ».

Ceux des sites d’exploitation de l’or déclarent « avoir assisté à plusieurs conciliabules entre les agents du Capam et les exploitants chinois pour camoufler les productions ». Pour appuyer cet argumentaire, un récent rapport de mission du Capam indique que « les pertes cumulées de l’Etat dans ces manœuvres basses s’élèvent à plus d’un milliard de FCFA par mois ». Reprenant les dénonciations faites par les riverains et employés miniers, ce rapport mettait en cause « les séances de lavage nocturne au terme desquelles les quantités non déclarées sont embarquées ». Avec les prises réalisées aux postes de contrôles, l’on connaît aujourd’hui que ce sont les bouteilles de gaz domestique qui servent à les dissimuler et convoyer vers d’autres destinations.

Auteur: Bernard Bangda