Comment les jeunes imaginent la ville de Yaoundé dans 100 ans

Ville De Yaounde 780x440 1 rien. Les jeunes n'ont pas d'image de Yaounde dans 100 ans

Fri, 21 Feb 2025 Source: Pierre Bekolo

Hier, nous étions à Melen Montée du Parc, à Yaoundé, dans l’immense espace artistique créé par Freddy Tsala, Ubuntu Créative Hub, aux côtés de Dr Jhoyce Oto, architecte, et d’Alex Bitjoka, promoteur de l’événement Ongolaker et moi en tant que cinéaste. Nous avons participé à cette première édition du Ubuntu Ink’Art Festival, où nous avons tenu une table ronde Afrofuturiste intitulée Ongola 2125, déjà présentée lors du festival Yahra avec l'architecte Flaure Mipo (empêchée cette fois). L’objectif : imaginer Yaoundé dans 100 ans.

Mais face à la question posée par Alex Bitjoka à l'audience – comment voyez-vous Yaoundé en 2125 ? – une réponse frappante est revenue : rien. Les jeunes n'ont pas d'image de Yaounde (Ongola) dans 100 ans! L’avenir est un vide, l'horizon mental est bloqué par les urgences du ici et maimntenant le "là! là! là!, oui! notre présent est notre prison.

J’ai alors souligné que vivre dans une ville comme Yaoundé, c’est jouer un rôle comme au cinéma. Comment je vis à Yaoundé comme étudiant, comme agent de l'Etat au service des usagers, comme transporteur qui amène les gens d'un lieu à l'autre? Comme dans un film d’action, il faut accomplir des tâches, relever des défis, surmonter des obstacles. C’est à travers ce récit du quotidien que l’on peut commencer à rêver la ville, à la penser autrement. Nous devons construire un récit du bien-être, car il est temps de voir nos vies d’Africains comme de belles vies, et non à travers le prisme de la souffrance. La première libération se fait dans par le récit, en changeant son histoire. Une libération mentale : quitter l’enfer du quotidien pour oser imaginer un futur meilleur. C’est là que le cinéma Afrofuturiste intervient. Visualiser, c’est essentiel : on ne peut obtenir ce que l’on ne peut voir.

À ce moment, Dr Jhoyce Oto s’est levée et a pris la parole et tout a changé, pas seulement dans la salle mais aussi dans les esprits. Elle a rappelé aux étudiants en ingénierie présents que c’était à eux de bâtir le Cameroun, et non aux juristes ou aux littéraires, qui ne construisent pas au sens propre. Elle les a exhortés à ne pas seulement chercher des solutions aux problèmes existants, mais à devenir des entrepreneurs, même encore étudiants.

À la fin de cette rencontre, une transformation s’était opérée. Les jeunes présents, galvanisés, avaient fait un choix : devenir des architectes et ingénieurs Afrofuturistes, porteurs d’une nouvelle vision pour Yaoundé et pour l’Afrique.

Auteur: Pierre Bekolo