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Comment union bank a conduit unimarché à la faillite

Mon, 14 Sep 2015 Source: Nadine Bella

L’affaire fait des gorges chaudes parmi les capitaines d’industrie de la capitale économique camerounaise. Le 17 septembre prochain, sauf changement, Union Bank of Cameroon (Ubc) entend vendre aux enchères, un immeuble à Bonanjo appartenant à M. et Mme Piwele. Mise à prix : 800 millions Fcfa.

Cet acte ignoble constitue le coup fatal d’un hold-up entamé il y a un peu plus de 15 ans. Car, faut-il le rappeler, cette vente a été annulée par l’ordonnance n°345 du 16 août 2005 du juge du contentieux de l’exécution du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala-Bonanjo.

Une autre décision d’annulation des actes est intervenue au Tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri par jugement n°373 rendu le 28 mars 2007 dans la cause opposant dame Piwele à Ubc, annulant les actes d’hypothèques dans l’affaire qui oppose Unimarché à sa banque.

Bien plus, l’immeuble, objet de toutes les convoitises d’Union Bank of Cameroun, est un acquis qui rentre dans la communauté des biens du couple Piwele. Or, l’épouse du promoteur d’Unimarché n’est en rien concernée par les conventions qui lient son mari à Ubc. Curieusement, la procédure de vente de l’immeuble est toujours pendante au Tgi du Wouri, alors que le commandement à l’origine de la saisie immobilière a été définitivement et irrévocablement annulée.

En effet, Unimarché avait régulièrement obtenu entre 2000 et 2002, divers concours financiers auprès d’Ubc et respectait scrupuleusement ses échéances de prêts. Contre toute attente, la banque, après avoir imposé un de ses cadres dans le mangement de cette grande surface de distribution, sans aucune raison, a entrepris de réclamer le remboursement intégral de son encours de crédit, de sorte que par une action de saisie immobilière, elle ruina l’entreprise. Une expertise a été commise pour évaluer l’impact financier entre Ubc et Unimarché. Le rapport de Tam Pierre Etienne, expert financiers près la cour d’appel du Littoral, est pathétique. Il fait ressortir toute la mafia qui entoure cette affaire.

À la fin des années 90, Unimarché est incontestablement leader du commerce de grande surface au Cameroun. Union Bank of Cameroon rentre en contact avec cette entreprise et lui ouvre un compte commercial. L’entreprise bénéficie également d’une bonne réputation internationale.

Ce qui lui confère un bon rating (cote de crédit accordée aux acteurs impliqués dans les opérations de crédits à l’international). Sur la base de cette cotation, des organismes étrangers accordent des lignes de concours à l’époque à Unimarché. Il s’agit au total de près de 600 millions Fcfa de ligne de crédit fournisseur dont jouira l’entreprise à l’aune de son entrée en relation avec Ubc.

Au regard de ce confort financier, la banque camerounaise fait une offre de crédit de 297 millions Fcfa à l’entreprise le 31 octobre 2000. Le 21 mars 2001, Ubc adresse à Unimarché une nouvelle offre de crédit de 500 millions Fcfa. Au cours de l’année 2001, suite à un contrôle de la Cobac, les difficultés de fonctionnement de la banque apparaissent au grand jour.

C’est pendant cette période que l’entreprise de Grégoire Ngako Piwele initie plusieurs paiements internationaux en faveur de certains de ses fournisseurs étrangers. Malheureusement, Ubc est incapables d’exécuter ces transferts.

Le 12 avril 23002, Ubc ayant constaté la révocation de garanties internationales de Unimarché du fait de ses difficultés à réaliser les transferts internationaux, décide de mettre en place des concours de substitution aux fournisseurs et propose une nouvelle offre de crédit de 1,05 milliard Fcfa.

Dans la même foulée, Ubc désigne Merlin Kamwa comme monitoring officer auprès de l’entreprise. Le 26 décembre, Union Bank fait une nouvelle offre de crédit d’1,4 milliards Fcaf. Selon l’expert financier, ces faits constituent des actes de soutiens abusifs car, rien ne justifiait une aggravation de crédits avec renforcement des garanties alors même que Unimarché perdait sa crédibilité sur le terrain. Un surendettement qui va conduire cette société à la faillite. A l’observation, le but de la manœuvre de Union Bank est de rendre plus confortable sa position sur l’hypothèque.

Mafia.

C’est dans ce contexte que la clôture du compte intervient, sans respect des pratiques bancaires connues. Depuis lors, Ubc a saisi les juridictions aux fins de procéder à la vente aux enchères de l’immeuble appartenant au couple Piwele. Ce qui a conduit Grégoire Ngako Piwele à solliciter du juge des référés, une expertise aux fins de déterminer le montant exact de la créance.

Au cours de cette procédure, le conseil de Ubc soulève l’incompétence du juge des référés. En date du 20 aout 2003, le juge s'est déclaré compétent. Cette ordonnance fera l’objet d’un appel par Ubc qui n’a jamais rempli les formalités pour que la cause soit appelée en appel. Curieusement, le promoteur de Unimarché saisit en vain le greffier en chef du Tpi pour que l’expédition concernée lui soit délivrée.

Et même, le greffier du Tgi ne jugera pas utile de délivrer le certificat de déchéance à Ubc pour n’avoir pas accompli les formalités d’appel. La défense n’obtiendra pas les grosses. Il apparait clairement qu’une grosse machine est destinée à broyer Grégoire Ngako Piwele et faire disparaitre tous les jugements.

L’argent semble couler à flot dans cette histoire. La Commission national anti-corruption s’est saisie de l’affaire. A l’observation, l’affaire ne fait que commencer. Et la vente annoncée pour jeudi prochain programmée pour échouer.

Auteur: Nadine Bella