'Comment vivre dans un État où Atangana Kouna est libéré ?'

Plusieurs détenus politique sont dans les prisons du Cameroun

Tue, 6 Sep 2022 Source: Wilfried Ekanga

La libération d’Atanga Kouna choque toujours les Camerounais. Reconnu coupable de crimes économiques il ne devrait pas être dehors alors que Thérese Assomo croupit en prison pour avoir dénoncé le régime de Paul Biya. C’est ce que pense le militant du MRC, Wilfried Ekanga.

Ça se passe comment dans vos têtes ? Vous arrivez à vous tenir devant la glace, à vous regarder et à vous dire que c’est un pays normal (ou même que c’est un pays tout court) ?

Supposons que Thérèse Assomo était votre grand-mère, vous seriez capables de lui dire : « Bien fait pour toi » ? Vous auriez la force de lui dire que c’est mal de réclamer un État de droit et de justice ? Qu’elle a eu tort de rêver d’un meilleur avenir pour vous et vos enfants ?

Qui vous a dit que parce que vous avez peur de la police et de la gendarmerie que le Gang de Malfrats a transformé en milices de terreur pour vous empêcher de parler, vous devez éteindre votre faculté de jugement ? Qui vous dit que la crainte d’une dictature stupide exige le ralliement à sa stupidité ?

Les Camerounais sont devenus des barbares volontaires et des soutiens à la sauvagerie, parce qu’ils ont peur d’aller à Kondengui ; or c’est justement le fait de vivre dans un pays où on peut aller à Kondengui parce qu’on a exprimé son avis, qui nous a poussés à combattre ce régime sans prendre de gants.

Voilà pourquoi je ne cesse de le dire et de l’écrire : « C’est un gang de malfrats ! »

Imaginez : l’un a volé des milliards qui auraient permis d’avancer les travaux du barrage de Memve’ele (en cours depuis 1000 ans) et de vous fournir l’accès à l’énergie (Yaoundé étant l’une des capitales les plus noires du monde), l’autre n’a fait qu’exprimer son ras-le-bol face à la malgouvernance, sans nuire à autrui. Au contraire, ses larmes qui ont coulé, c’est aussi pour que vos rejetons en profitent demain.

Qui n’aimerait pas vivre dans un cadre où il peut dire ce qu’il veut, faire ce que la loi lui permet, et demander des comptes aux gestionnaires publics, sans que la règle du « Tu sais qui je suis ?! » ne vienne troubler sa quiétude ?

Que celui qui ne souhaite pas que sa famille jouisse d’un univers pareil se lève et se signale.

Alors comment vous faites ? Une vieille femme qui ne vous a rien pris est détenue depuis deux ans… et dans le même temps on a libéré sous vos yeux un « frère du village » dont seul le coffre-fort domestique renfermait déjà plus d’1,2 milliards de vos francs. Vous arrivez à crier « Vive le Cameroun ! » alors que vous trainez dans vos pattes un pays cadavérique où règnent les lois de la brousse ?

Quel est le salaire d’un ministre au Cameroun pour que 1200 millions se retrouvent dans sa demeure ? Pire encore, vu que vous êtes atteints d’un certain syndrome très connu, vous trouvez que le problème, ce sont ceux qui « se baladent en Europe alors que leurs Amis Politiques sont en prison ». Il ne vous vient pas un seul instant à l’esprit que le nœud du problème, c’est plutôt celui qui a mis les Amis Politiques en prison, parce qu’il ne supportait pas l’opinion contraire et la contestation, dans un pays dit démocratique.

Ce Syndrome représente la dernière étape avant la sorcellerie, on le retrouve principalement dans des soupçons de pays, à l’instar de la Rivière des Crevettes.

(N’oubliez surtout pas d’appeler Atanga Kouna « Excellence » comme vous le faites avec Ngoh Ngoh, Famé Ndongo, et tous les Malfrats en cravate qui trônent à votre tête. En attendant, nous continuons nos balades ) »

Auteur: Wilfried Ekanga