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Complexe Sportif d'Olembé: graves révélations sur Ngoh Ngoh et le plus grand scandale de l'Etat

Le coût initial pour la conception et la réalisation de cet ouvrage était de 248 millions d’Euros

Mar., 7 Déc. 2021 Source: Eyock Pierre

Initialement estimé à 248 millions d’Euros, la construction du complexe sportif d'Olembé a déjà coûté plus de 300 milliards de FCAF à l'Etat camerounais n'est qu'à l'étape du stade de football. Cette situation a poussé Eyock Pierre a révélé les dessous de ce qui s'apparente au plus grand scandale financier de l'Etat.

Le 30 décembre 2015, Le marché d’entreprise n° 000039/M/PR/MINMAP du 30 décembre 2015 pour la conception et la construction du Complexe sportif d’Olémbé fut signé entre d’une part Le Ministre délégué à la Présidence de la République chargé des Marchés publics agissant au nom et pour le compte de l’Etat du Cameroun et d’autre part la Société Italienne GRUPPO PICCINI SPA, dont l’expérience est incontestable dans le domaine de la construction des Infrastructures sportives,depuis plus de 70 ans.

L’ouvrage objet dudit Marché d’entreprise consistait en la conception et la réalisation d’un seul tenant, des infrastructures suivantes, conformément aux plus hauts standards techniques mondiaux :

- un (01) stade couvert de 60.000 places avec une (01) piste d’athlétisme ;

- un (01) complexe de trois (03) salles de cinéma,

- un (01) hôtel 5 étoiles de soixante (70) chambres avec trois (03) salles de conférences de deux cent cinquante (250) places chacune,

- un (01) centre commercial ;

- un (01) musée pour le sport,

- un (01) palais des sports de mille (1000) places assises avec terrain de basketball, handball, volleyball ;

- une (01) piscine olympique couverte de deux mille (2000) places assises ;

- deux (02) terrains de football d’entrainement couverts de mille (1000) places assises chacun ;

- six (06) terrains de tennis et un (01) Club House ;

- quatre (04) terrains extérieurs de basketball et de volleyball

- et un (01) parking extérieur.

Le coût initial arrêté pour la conception et la réalisation de cet ouvrage pharaonique était de 248 millions d’Euros, soit environ 163 Milliards de Francs CFA soit 248 Millions d’Euros. Le délai initial contractuel de réalisation dudit ouvrage était de trente (30) mois pour compter du 1er janvier 2016.Ainsi, l’ouvrage complet devait être livré le 30 juin 2018, soit douze mois avant le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations, initialement prévue pour la mi-juin 2019.

La réalisation de ce type d’ouvrage est financée par le mécanisme d’un crédit à l’exportation, consenti (ou garanti) par le Pays d’origine du Constructeur de l’Ouvrage, l’Italie dans notre cas, à l’Etat du Cameroun. Plus précisément suivant le montage financier initial, la Garantie souveraine de l’Etat Italien permettait de mobiliser d’une part un crédit acheteur de 139 milliards de Francs CFA auprès de la banque italienne INTESA SAN PAOLO SPA pour financer exclusivement les importations en provenance d’Italie, et d’autre part un crédit-relais de 24,5 milliards de FCFA levé auprès de la Banque Nigériane UBA pour le financement des dépenses extérieures au territoire italien, notamment les contenus locaux. Ces conventions de financement devaient être signées par le Ministre de l’Economie NganouDjoumessi, immédiatement après la signature dudit marché, et sur le fondement d’un Décret du Président de la République lui conférant des habilitations à cet effet.

Par conséquent, dès le lendemain de la signature dudit contrat d’entreprise par le Ministre des Marchés Publics, Le Ministre NganouDjoumessi, devait en procédure d’urgence transmettre au Président de la République un projet de décret l’habilitant à signer « avec faculté de délégation », les conventions de financements dudit marché. Nous avions tous été témoins des atermoiements de ce Ministre à cette époque. La Presse ne manquait pas de rapporter qu’il « voulait personnellement voir clair à la camerounaise sur le dossier », avant que de demander le Décret d’habilitation au Président de la République. Mais il n’était pas le seul. Du côté du Ministère des Sports et de l’Education Physique, Le Ministre BidoungMkpatt et ses plus proches collaborateurs étaient sur leurs dents. Ces derniers multipliaient les articles de presses télécommandés, qui étaient manifestement des appels de balles adressés à PICCHINI.

Je me souviens que dans tous les salons feutrés de Yaoundé, on ne parlait que des exigences des uns et des autres en termes de matériaux de construction que PICCHINI devait importer (gratuitement) pour « tchoko » tel Ministre ou tel directeur… De fait, les gigantesques villas construites avec du matériel préfabriqué importé d’Italie, dans les conteneurs de Picchini, sont bien connues des « initiés ». Car il faut dire pour la compréhension du lecteur que, dans le cadre d’un crédit à l’exportation, l’argent ne circule pas pour « tchoko ». Le Pays prêteur paye directement ses entreprises chargées de fabriquer les équipements à exporter. Par conséquent le « tchoko » ne pouvait être qu’en biens importés d’Italie dans les Conteneurs transportant le materiel destiné à la construction de l’ouvrage objet du financement…

Les Conventions de prêt furent finalement signées au courant du mois d’aout 2016, soit huit mois après la signature du Contrat de construction de l’ouvrage. Mais le chantier ne pouvait toujours pas démarrer. A cause de la « non disponibilité » du Site d’Olémbé.

Pour mieux comprendre, remontons à la fin des années 1990, lorsque la décision fut prise de faire construire à Yaoundé, un Palais des Sports par les Chinois. Le Ministre Martin Okouda de regrettée mémoire, qui fut un Basketteur venait d’être nommé Ministre chargé des Investissements Publics (ancien MINEPAT), tandis que Sieur Bidoung Mkpatt était (pour une première fois) du Ministère des Sports. Courant 1999, les ainés basketteurs « encerclèrent » le Ministre Martin Okouda à la montée âne Rouge (j’étais présent) au Cabinet d’Optique Médicale du Grand frère Paul Ahanda Sanji, qui était le lieu de rencontre tous les soirs, de l’Elite politique et administrative de Yaoundé. Ce jour-là, Les basketteurs dirent au Ministre Okouda, que si le Cameroun n’est pas doté d’un Palais des Sport pendant son passage comme Ministre des investissements Publics, nous devrons attendre encore 20 ans… Séance tenante, un dossier de projet complet pour la construction d’un palais de Sport par les Chinois fut remis au Ministre Okouda. Le Ministre Okouda transmit aussitôt le dossier de construction du Palais des Sports à la Présidence de la République, où ledit dossier était attendu par des basketteurs qui y occupent de très hautes fonctions.

Les collaborateurs du Ministre Bidoung Mkpatt au Ministère des Sports furent ainsi convoqués pour une réunion à la présidence de la République, où ils découvrirent en phase finale de bouclage, le dossier de construction du Palais des Sports qui aurait dû être initié par leurs services. Il leur fut juste demandé de trouver un site pour la construction dudit Palais des Sports. Aussitôt sortis de la Présidence de la République, les Collaborateurs du Ministre Bidoung Mkpatt se sont empressés d’aller tromper les populations villageoises à Olembé, avec quelques billets de banque et bouteilles de vin rouge, pour acheter le site actuel du Complexe sportif d’Olembé et s’y faire immédiatement établir des titres fonciers. Leur objectif était de gagner une forte plus-value en se faisant exproprier pour cause d’utilité publique, dans le cadre de la construction du palais des Sports. Mais ces manœuvres des fonctionnaires du ministère de sports furent portées à la connaissance des basketteurs, qui eux avaient déjà identifiés le site de Warda, lequel site faisaient déjà partie du patrimoine privé de l’Etat. Il faut dire que le basketball est un sport d’intellectuels, et les basketteurs occupent des postes de décision partout dans l’administration camerounaise.

Ainsi lorsqu’au cours des prochaines réunions pour la construction du Palais des Sports, les fonctionnaires du Ministère des Sports proposèrent pour une première fois le site d’Olembé (qu’ils avaient déjà acquis auprès des populations villageoises), les autres participants s’y opposèrent et proposèrent le site de Warda. La bataille pour le choix du site de Wardaau détriment d’Olémbé pour la construction du Palais des Sports fut épique et féroce !

Après ce premier échec, les Fonctionnaires du Ministère des Sports feront germer l’Idée de la construction d’un Grand Stade au nom du Président Paul Biya, sur le site d’Olembé. Et il n’est pas superflu de dire que l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations sollicitée par le Cameroun trouve aussi ses origines dans cette opération foncière mafieuse conduite par les fonctionnaires (aujourd’hui retraités) du Ministère des Sports auprès des populations villageoises d’Olémbé au début des années 2000. Mais revenons à nos Moutons.

Entre temps, les communautés villageoises d’Olembé ayant été informées de la filouterie dont ils ont été victimes quelques années plus tôt de la part des fonctionnaires du Ministère des Sports, ont engagés des procédures d’annulation desdits titres fonciers, attribués à ces fonctionnaires sur leurs parcelles coutumières. Voilà comment en 2016, au lendemain de la signature des conventions de prêt pour la construction du Complexe Sportif d’Olembé, l’Etat se retrouva confronté à deux dossiers d’expropriation pour un seul site. D’un côté les fonctionnaires retraités du Ministère des Sports qui sont détenteurs de titres fonciers sur le site d’Olembé et de l’autre côté les populations villageoises qui sont détentrices des droits coutumiers sur ledit site… Et qui se sont organisées pour y prendre la garde de jour comme de nuit, armés de machettes et de gourdins. Il faudra attendre huit mois supplémentaires, pour que l’Etat du Cameroun liquide définitivement ce problème d’expropriation pour cause d’utilité publique, et mette enfin le site d’Olembé à la disposition du Constructeur italien PICCHINI.

Ces quinze mois de retard dans le démarrage des travaux constitueront la première faute contractuelle imputable à l’Etat du Cameroun, dans le cadre dudit contrat. Et PICCHINI va en profiter en toute légalité. Car comme nous le verrons plus loin dans la suite du texte, tous les problèmes charriés par la construction de cet ouvrage ont pour cause la désastreuse décision (deuxième faute contractuelle) prise par le ministre Mouelle Kombi pour gérer les suites litigieuses de cette première faute contractuelle du gouvernement camerounais. On nous pourtant qu’il est un grand professeur de droit.

Les travaux ayant démarré avec quinze mois de retard, l’ouvrage ne pouvait plus être livré le 30 juin 2018, mais plutôt… le 30 septembre 2019 dans le meilleur des cas. Or la Coupe d’Afrique des Nations était supposée être organisée du 15 juin 2019 au 13 juillet 2019, la date n’avait pas encore été modifiée. Pour rattraper les quinze mois perdus et livrer l’ouvrage avant en mars 2019 soit trois mois avant la date d’organisation de la CAN 2019, PICCHINI proposa et obtint l’accord du gouvernement du Cameroun (avait-il le choix ?) pour la construction complète de l’ouvrage, en composants préfabriqués et importés d’Italie. Pour dire les choses simplement, il s’agissait de construire complètement l’ouvrage en Italie, et en composants préfabriqués, puis le démonter et le transporter par voie maritime et terrestre jusqu’à son site de montage à Olémbé.

C’est bien cela qui sera fait et, les blocs de béton préfabriqués en Italie seront acheminés au Cameroun, dans le cadre d’une opération logistique sans précédent dans l’histoire contemporaine. Avec l’accord formel du Gouvernement Camerounais, cette opération logistique exceptionnelle, qui n’avait pas été prévue dans le budget initial de construction de l’ouvrage, fut entièrement préfinancée par PICCHINI. Il était convenu de matière que le coût total de cette chaine logistique exceptionnelle devait être remboursé par l’Etat du Cameroun. Aucune des parties n’a jamais communiqué sur le coût additionnel généré par cette opération logistique exceptionnelle préfinancée par PICCHINI, mais qui devait être remboursée par l’Etat du Cameroun. Car il faut dire que conformément aux usages consacrés en matière de crédit à l’exportation cette opération logistique exceptionnelle ne pouvait pas être financée par le crédit export initial dont la mission rappelons-le est de donner des emplois aux ouvriers italiens et non aux Camionneurs Camerounais.

Le premier cargo transportant des composants en béton préfabriqués d’Italie arriva au port de Douala le 02 janvier 2018 à l’aube, et le convoi transportant ces composants arriva sur le site d’Olembé le 03 janvier 2018 vers minuit. C’est ainsi que pendant huit mois dans le cadre d’un chantier titanesque, PICCHINI réalisa le montage sur site de quasiment 90% de l’ensemble de l’ouvrage. Je me souviens qu’au lendemain du 30 novembre 2018, date du retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun par la CAF, une équipe de la télévision nationale se rendit sur le site d’Olembé, et interviewa l’italien qui dirigeait les travaux. Les images montraient un stade quasiment terminé à l’intérieur. Le chef des travaux italien expliqua aux reporters de la télévision nationale que la pelouse est visible à l’extérieur et elle n’attend que le démontage des grues installées sur l’aire de jeu, pour y être installée. Et c’est ce qui fut fait dans les semaines qui suivirent.

Seulement voilà, quelques mois plutôt, précisément le 20 juin 2018, le Président de la République signa le nouveau décret N°2018/366 portant Code des Marchés Publics. Une des nouveautés inscrites dans ce décret sera déterminante, de manière négative, pour la suite des travaux de construction du Complexe sportif d’Olémbé. Pour simplifier, dans le code des marchés publics en vigueur jusqu’au 20 juin 2018, Le maitre d’Ouvrage pour tous les contrats de réalisation des ouvrages d’investissement public était, le Ministre délégué à la présidence, chargé des Marchés Publics (C’est-à-dire le Président de la République de facto). C’est à ce titre que le Ministre des Marchés Publics fut le signataire du Contrat de Picchini. Mais cette situation avait généré de nombreux conflits avec les autres Ministères, notamment avec le Ministre Bidoung Mkpat, à l’époque chargée des sports, et bénéficiaires ultimes des ouvrages en cours de construction sur le site d’Olembé.

Le nouveau Décret signé par le Président de la République le 20 juin 2018 attribue désormais la maitrise d’ouvrage des investissements public à chacun des Ministères bénéficiaires desdits équipements. C’est dans ce contexte que le Ministre Narcisse Mouelle Kombi arrive à la tête du Ministère des Sports et de l’Education physique au début de l’année 2019, et est désormais le maitre d’ouvrage pour la construction du Complexe sportif d’Olembé.

Est-ce une coïncidence ? Mais le fait est que dans la note de conjoncture de la dette publique, publiée en octobre 2020 par la Caisse autonome d’amortissement, le gestionnaire de la dette publique, on apprend que le dernier décaissement de la banque IntesaSanpaolo, au bénéfice du Cameroun pour la construction du Site d’Olémbé était de 13,119 milliards FCFA et remontait au début de l’année 2019. Il faut préciser pour la compréhension du lecteur, que tout décaissement de la banque qui finance un ouvrage d’investissement, est soumis à l’accord préalable du maitre d’ouvrage. A partir de sa prise de service au Ministère des Sports et comme Maitre d’ouvrage es qualité de l’ouvrage en construction à Olémbé, le Ministre Mouelle Kombi n’a manifestement plus jamais donné d’accord de décaissement de fonds par la Banque italienne IntesaSanpaolo au bénéfice de Picchini, jusqu’à ce qu’il procède à la résiliation unilatérale et injustifiée du Contrat de Picchini, le 30 Novembre 2019. Souvenons-nous que jusqu’à cette date de résiliation de son contrat, Picchini continuait de réclamer le remboursement par le Cameroun, du préfinancement de la chaine logistique titanesque de transport de béton préfabriqué d’Italie jusqu’à Olembé…

Entre temps, au cours du mois de Juillet 2019, le Président du groupe Picchini est venu solliciter une garantie de l’Etat pour obtenir un financement auprès des banques locales, pour terminer les travaux. Il avait rencontré le Ministre des Finances et les dirigeants des banques locales. L’opération semblait sur de bons rails, mais n’a pas connu de suite favorable, à la grande surprise générale. Selon certaines indiscrétions, le Maitre d’ouvrage, le Ministre Mouelle Kombi avait opposé son véto contre la délivrance de cette garantie souveraine de l’Etat par le Ministre des Finances Louis Paul Motaze.

Ces indiscrétions sont à prendre d’autant plus au sérieux que, c’est pendant cette même période que se déroulaient les premières conférences budgétaires pour la programmation de l’investissement public au titre de l’année 2020. Et, dans son Budget d’investissement public pour l’année 2020, le Ministre Mouelle Kombi avait déjà inscrit… 40 milliards de FCFA, pour la construction du Complexe sportif d’Olembé. Or Picchini demandait la garantie de l’Etat pour emprunter auprès des banques locales une somme beaucoup moins importante et terminer la Construction du Complexe Sportif d’Olémbé. Le même Ministre Mouelle Kombi opposa son véto.

Alors pourquoi le veto oppose à l’émission de cette garantie par l'etat du Cameroun ? Manifestement depuis l’arrivée de sieur Mouelle Kombi au ministère des sports, la résiliation du contrat de PICCHINI était en cours de téléchargement… . Quel que soit ce que cela devait couter par la suite pour notre pays.

Il faut dire que, lorsqu’il arrive au Ministère des Sports et de l’éducation physique en début d’année 2019, Le Ministre Mouelle Kombi trouve que tous les engagements contractuels ont déjà été pris par ses prédécesseurs, avec tous les « Tchoko » qui vont avec… En langage camerounais, ses prédécesseurs avaient déjà « vidés le buffet, et débarrassés le couvert » !! Il ne va quand même pas se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes !!

Le 29 novembre 2019, en se fondant sur des arguments spécieux, le ministre procède à la résiliation unilatérale du contrat de PICCHINI. Dans sa décision, le ministre des sports, narcisse Mouelle Kombi, indique qu’il a appliqué une instruction du secrétaire général de la présidence de la république, Ferdinand Ngoh Ngoh, « prescrivant la résiliation du contrat du groupe PICCHINI et la signature en urgence d’un nouveau contrat avec l’entreprise canadienne MAGILL pour la reprise et l’achèvement des travaux du complexe sportif d’Olembe ».

Or à cette date du 29 novembre 2019, le Budget d’Investissement public du Ministère des Sports pour l’année 2020, déjà en cours d’examen au Parlement contient la somme de 40 milliards, qui y a été inscrite depuis les conférences budgétaires tenues en juillet 2019. Il est inscrit au Budget d’investissement public que ces 40 milliards de FCFA sont à mobiliser sous la forme de financements extérieurs. Par qui ?

Puisque l’Italien PICCHINI s’en ira avec ses financements, c’est donc à la Société Canadienne Magill de trouver ces 40 milliards de FCFA. Malheureusement pour le Ministre Mouelle Kombi, les méthodes peu fair-play de son acolyte Franck Matière, le Directeur général de Magill Cameroun, seront dénoncées par PICCHINI aussi bien auprès du siège de Magill au Canada, qu’au sein de toute la communauté financière internationale. La conséquence en est que pendant toute l’année 2020, Magill Cameroun se verra opposer une fin de non-recevoir par toutes les Banques dans le Monde entier.

Dans le petit monde du financement des grands investissements internationaux, ou tout le monde se connait, on ne badine pas avec le respect de l’éthique et du fair-play.

Ce même 29 novembre 2019, après l’annonce de la résiliation par le Ministre Mouelle Kombi, l’entreprise PICCHINI avait sommé l’Etat du Cameroun de revenir sur sa décision dans les 72 heures, sinon elle saisissait les juridictions nationales et internationales pour préserver ses intérêts. Une semaine plus tard, le 06 décembre 2019, le même Ministre Mouelle Kombi nous annonçait qu’un arrangement à l’amiable avait été trouvé avec Picchini, à l’effet d’écarter toutes les poursuites judiciaires éventuelles. Quels sont les termes dudit « arrangement à l’amiable » ? On peut aisément imaginer que PICCHINI en fut le grand gagnant.

Face à l’incapacité avérée de Magill Cameroun dans la mobilisation des 40 milliards FCFA, inscrits au Budget d’investissement public en 2020, Le Président de la République signa le 16 février 2021, un décret habilitant le Ministre de l’Economie Alamine Ousmane Mey, à mobiliser 50 milliards de FCFA auprès de la Standard Chartered Bank et d’une Banque Française, pour « finaliser les travaux de construction du Complexe Sportif d’Olembé ». Le Budget d’Investissement Public pour l’année 2021 prévoit une enveloppe de 15 milliards de CFA seulement. Cela signifie que les travaux devraient se poursuivre après la Coupe d’Afrique des Nations…

Comme disait mon feu père « l’avenir n’est écrit nulle part… ».

Qui vivra verra.

Que devons-nous conclure ?

Premièrement, nous sommes victimes de nos propres turpitudes. En l’absence d’un contrôle citoyen de l’action publique et face à la défaillance flagrante du contrôle parlementaire de l’action publique, les fonctionnaires ne sont plus de simples agents de l’Etat, ils se considèrent désormais comme étant eux-mêmes l’Etat.

Deuxièmement au fait qui sont-ils nos ministres ? Des serviteurs de la nation ou … des prédateurs de la nation ?

Auteur: Eyock Pierre