Millsaints ! Notre Ecole nationale d’administration et de magistrature serait-elle devenue une galerie Lafayette à l’envers ?
Chaque jour, depuis la fin du dernier concours d’entrée, on y découvre quelque chose de malsain (sans jeu de mot, nom d’un saint !) De la vraie comédie de boulevard. Résultats publiés par le directeur général puis annulés quelques heures après par le ministre de la Fonction publique, listes des admissibilités rallongées, noms qui apparaissent et disparaissent, patronymes de pontes du régime, etc. Et il a fallu attendre que la petite princesse et le petit prince nous fassent l’auguste honneur de se présenter à ce machin-là pour voir ça !
Millsaints-Claude Ndjomo, l’homme par qui vint l’esclandre loge désormais outre-tombe, mais continue de hanter Linus Toussaint Mendjana, le Dg de l’Enam. Une affaire de… saints ? Du dernier concours, le premier n’a fait que les admissibilités, avant de rejoindre ses ancêtres le 9 octobre 2017. Pourtant, cela ne l’a pas empêché d’être affiché comme major du cycle A de la section administration des affaires sociales ! Curious!, comme disent les anglo-saxons.
Et voici qu’Enyegue Mvogo Daniel, seul candidat interne recalé des six admissibles, entre en scène. Il ne comprend pas qu’il soit le seul recalé alors qu’avant les épreuves orales, «un de nous, Millsaints-Claude Ndjomo, est décédé, paix à son âme.
Curieusement, sur les cinq qui sont définitivement admis, son nom figure, alors qu’il n’a pas fait l’oral. Le seul nom qui disparait, c’est mon nom», écrit sur sa page Facebook celui qui a donné les trente deniers de Judas. Dommage que sieur Enyegue Mvogo ne sache pas qu’en Afrique, les morts sont toujours vivants comme le Christ.
Bon sang, cher recalé, faites l’effort de lire souvent les notices nécrologiques ! Votre ami Millsaints- Claude Ndjomo n’est pas mort, il est tout juste passé à l’autre côté du chemin... En tout cas, ce n’est pas un hommage qu’il faut rendre à ce défunt qui, de son sépulcre, remporte haut la main des concours, mais une ovation. Voilà qui vérifie la règle qui veut que là-bas au concours de l’Enam, la messe est dite d’avance.
C’est plus une gare de triage des happy few sélectionnés par la naissance et la fortune que l’entrée à une école d’élite. Généralement, ça commence comme dans cette conversation de bar entre deux dames cinquantenaires, il y a trois après-midis au lieu-dit «Carrefour deux chevaux» à Yaoundé. Attablées devant deux blondes transpirantes comme dans la publicité, elles lapent le liquide à gorge-que-veux-tu. Puis, l’une d’elles, entre deux gorgées, dit:
• « Je me bats pour envoyer mon fils continuer ses études au pays des Blancs. J’ai déjà réuni trois millions, il m’en faut encore ».
• « Quoi ? l’agresse son amie. Il va faire quoi là-bas ? Avec deux millions, tu lui achètes l’Enam. Je connais le réseau, je l’ai fait avec ma fille qui travaille au Minadt…».
Les deux comparses poursuivirent leur échange, se moquant des oreilles et des murs alentours. Rigueur !
A ce jour, les épithètes flatteuses crépitent sur Linus Toussaint Mendjana comme des grêlons sur un toit de tôle. Il a déjà le cuir si épais ! Alors, qu’il aille en enfer ce Millsaints-Claude de ses malheurs ! Et puis, n’est-ce pas qu’une petite histoire de Toussaint et Millsaints ? Au créateur qui est à Etoudi d’en juger!