Confidentiel/ONU : voici pourquoi Paul Biya a refusé de suivre les consignes de vote Macron

L'Élysée a t'il consulté ses partenaires africains?

Mon, 7 Mar 2022 Source: Bertin Metsengue

Très proche de la France, beaucoup s’attendaient à ce que le président camerounais Paul Biya vote en faveur de la résolution visant à dénoncer la guerre en Ukraine lors de la dernière Assemblée générale de l’ONU. Ce projet soutenu par la France n’a pas convaincu le président de la République. Conséquence, le Cameroun n’a pas pris part au vote. Bertin Metsengue explique dans cette tribune, les dessous de cette humiliation que le Cameroun et certains pays africains ont infligée à la France.

La guerre en Ukraine fait d'énormes dégâts et les sanctions européennes aussi à Moscou. Si les Européens sont unanimes sur les sanctions à infliger à la Russie , la France a t'il le droit d'impliquer les pays de la zone Franc sans leur accord préalable ?

Les États-Unis et l'Union européenne ont déclaré il y a quelques jours d' exclure certaines banques russes du système international de paiements bancaires Swift Ils ont également interdit toute transaction avec la banque centrale de Russie. Cette situation va sérieusement compromettre les échanges entre ces pays et le Kremlin. Tous ces pays se sont bien concertés et ont d'ailleurs consolidé cette position par leur vote unanime à l'Assemblée Générale des Nations Unies en Séance extraordinaire. Seulement cette décision implique certains pays souverains qui ont des accords monétaires avec certains pays de l'Union Européenne notamment la France et pourtant n'ont pas été conviés à des discussions dans l'UE lors de l'élaboration de ces sanctions.

Sanction Russe : l'Élysée a t'il consulté ses partenaires africains?

La France a passé des accords monétaires avec plusieurs pays africains pour leur servir de garantie aux échanges internationaux. Ces pays sont regroupés dans deux zones monétaires la CEMAC en Afrique Centrale et l'UEMOA en Afrique de l'ouest. C'est via la banque centrale de France que les banques centrales de 14 pays africains passent pour commercer avec le reste du monde et donc aussi la Russie. Avec ces sanctions infligées économiques infligées au Kremlin en occurence le fait d'interdire toute transaction avec la banque centrale Russe, il devient quasiment impossible pour ces 14 pays africains qui ne sauraient être comptables ou encore passivement solidaire de cette décision de l'UE. Le vote à l'Assemblée Générale des Nations Unies a montré que certains de ces pays notamment le Cameroun ont adopté une position de neutralité. Le pays de Paul Biya continue d'exhorter les uns et les autres à prôner la paix mais se refuse de choisir un camps. Et donc on ne saurait lui interdire de continuer à avoir des échanges économiques avec une partie tout simplement parce que son partenaire en a décidé.

La guerre Ukrainienne : preuve de la limite du FCFA ?

Cette situation donne raison aux pourfendeurs du FCFA qui pensent qu'en dépit même du fait de la parité fixe et de la convertibilité illimitée qui font du FCFA une monnaie forte et donc pas du tout convenable à ces Etats Jeunes , la trop forte présence de la France et son rôle de garant exclusif devient très difficile pour ces économies en pleine émancipation. Ce poussent donc ces analystes objectifs de poser le problème de l'Afriricanisation du Fcfa comme Monnaie exclusivement africaine sans aucune interférence étrangère qui devrait être adossée à un panier de devise avec une partie variable et une convertibilité limitée. Vivement 2024 .

Auteur: Bertin Metsengue