L’agression sauvage du journaliste de CamerouWeb Paul Chouta le 09 mars 2022 par des individus non identifiés émeut les Camerounais. L’analyste politique Wilfried Ekanga dans cette tribune établit un lien entre Paul Chouta et Samuel Wazizi.
Après avoir tué Wazizi, ils ont tué Hamidou. Et après avoir tué Hamidou, ils vont tuer Paul Chouta.
C'est la caractéristique des États voyous. On reconnaît ce type de pays au fait que quand vous n'aimez pas le régime, il peut arriver que des gendarmes en civil (ou des scélérats) surgissent de nulle part en pleine nuit dans votre quartier et vous demandent de les « suivre », comme dans un mauvais film hollywoodien. Et le lendemain, les journaux vont titrer que vous avez été emmené vers « une destination inconnue.»
Soit on vous retrouve tabassé jusqu'au sang au bord d'une ruelle nauséabonde, soit c'est votre cadavre qu'on repêche du lit d'une rivière visqueuse, soit vous êtes tout simplement porté disparu à jamais.
C'est le pays du règlement de comptes ; le pays où la menace et le « Je vais te montrer ! » font office de projet politique ; le pays où la vie humaine vaut moins que celle d'un lézard, et où le pouvoir tue comme il respire. Dans cette prison géante à ciel ouvert, les gens se convainquent d'être en liberté alors qu'ils savent très bien que c'est une grosse illusion, et que même les « stars mondiales » (Nganou, Eto'o, Choupo, Song, Yannick Noah etc...) n'osent pas ouvrir le bec et ferment leurs bouches face à l'injustice, comme de petits chats. C'est un véritable État voyou, un « soupçon de pays » comme on n'en voit plus au XXIe siècle.
Et le pire c'est que ceux qui sèment la mort tous les 10 mètres sont les premiers à vous accuser de « salir l'image du Cameroun ». Depuis quand salit-on la poussière ?
N'oubliez pas de tuer tous les enseignants du mouvement OTS, tous les anglophones du NOSO, tous les militants du MRC et tous les activistes dissidents qui estiment que le Cameroun est sous le joug d'un Gang de Malfrats incapable de la moindre remise en question, et pour qui assassiner fait partie des taches ménagères. Quand le slogan : « Tente un peu de venir ici au Cameroun » devient la devise nationale d'une clique de « patriotes » en poils de serpent, cela signifie que ceux-là mêmes qui vous parlent de l' « image du pays » reconnaissent qu'ils vivent dans un sac poubelle de 475 000 km2.
Et je répète : on ne salit pas la poubelle. C'est impossible.
Ils n'ont pas épargné la vie de Paul Chouta par amour, mais pour faire passer un message à quiconque oserait dorénavant les défier avec la même virulence. L'info ici est claire : « Continue de faire ce que tu fais là, la prochaine fois on ne va pas te rater », et la conclusion aussi : « Amusez-vous, et vous finirez comme lui ». Exactement comme le colon terrorisait nos grands-parents en fixant la tête des combattants décapités sur des piquets à l'entrée des villes. C'est le même type de message que Gérard Soete et sa bande ont voulu passer en 1961 quand ils ont découpé Lumumba en 34 morceaux et l'ont trempé dans l'acide.
Paul Chouta doit-il donc quitter le Cameroun ? Ça arrangerait le Gang de Malfrats à coup sûr. Car dans cet « État de droit » complètement à gauche, il faut être hors du pays pour s'exprimer librement. Ils veulent créer des exilés à la pelle et jouir en silence des délices du pouvoir face à des bénis-oui-oui restés sur place. D'ailleurs observez bien : le mot « exilé » est même devenu une insulte dans la bouche des incultes. Quand on est ignorant, on ne sait pas que l'illustre écrivain Mongo Beti a dû passer 32 ans hors du pays pour sa plume contre l'impérialisme français au Cameroun. On ne sait pas que l'icône mondiale Myriam Makeba a vécu elle aussi plus de 30 ans en exil à cause de son engagement anti-apartheid en Afrique du Sud. Et on ne sait pas que le même Jésus que vous priez le dimanche avec frénésie a dû fuir les persécutions du roi Hérode pour se réfugier en Afrique avec sa famille (C'est écrit dans la Bible.)
C'est donc mon ami Lascony qui avait raison : « Quand vous êtes ignorant, vous êtes un danger permanent »
Et quand vous êtes des cannibales en cravate, c'est-à-dire des assassins, vous êtes un Gang de Malfrats