Rebelote et bis repetita : on dirait qu'il y a de l'eau dans du gaz quelque part. Je parle d'un conseil d'administration d'une très grande société d'État qui peine à se tenir ces derniers temps. Samuel Éto'o - avec son Église - aura encore fait le coup. Heureusement, l'État est debout.
On va dire ces choses-là avec une très grande prudence. Certaines menaces guettent ceux qui parleront inconsidérement : Salapoumbé, (le bout du monde où se trouve le spatioport pour Mars), des ires moustachues et de menaçants arrêtés préfectoraux. L'usage de la liberté d'expression dont le Seigneur nous a gratifiés est bien encadré.
Mais si j'osais, je dirais que quelque chose cloche dans les très hautes instructions que prodigue celui qui incarne les institutions. En de circonstances autres, il se dirait que c'est l'évêque de Tsinga, par manque d'éducation, qui se serait suspendu au clocher, pour produire un autre son. Ceci est toutefois une perspective de hibou. Ces oiseaux de mauvais augure voient les choses d'en haut. Et de nuit.
Tout de même : osons. Pourquoi ne peut-on pas tenir un banal conseil d'administration ? (Je ne prétends pas que ce conseil-là - qui n'est pas parvenu à se tenir - fût banal). En termes autres, dans les vapeurs éthyliques que la fiole de bois bandé procure, je me pose une question toute rhétorique : si on n'a pas pu tenir un conseil d'administration, c'est que quelque chose a dû l'empêcher.
Les empeachments, ces derniers temps, il y en a tant. Exactement comme les très hautes instructions. Peut-être devra-t-on dire qu'il y en a trop. (Si on osait). Et s'en remettre à de saines traditions de les questionner. Est-ce faire du tort à une instruction que de s'interroger sur qui l'a effectivement donnée ? Ou, si on en a l'intime conviction, de croire qu'elle doive s'attacher à une certaine légalité ?
Il peut arriver d'instruire. C'est généralement lorsqu'on ne peut se montrer pour ordonner. Il arriva, dans ses vieux jours, que Mao Ze Dong dût s'aliter. Il monta sur la montagne pour chercher les vertus du grand air et s'entoura de la sainteté de l'isolation. Il ne voulut auprès de lui personne d'autre que son infirmière. Et chaque jour, pendant longtemps, cette dame devint le plus grand oracle de Chine.
Elle descendait de la montagne avec les très hautes instructions. (Ce qui tombe sous le sens car, d'une montagne, ne vient que du haut). Et elle remontait sur la montagne avec des questions. Muhammad l'a fait en son temps et nous a certifié que, interrogé sur la montagne, Dieu répond. En tant de temps, avec ces instructions, cette infirmière a dirigé la Chine. Comme Muhammad, l'Umma ou la grande communauté des croyants.
De sa montagne où il s'était isolé, Dieu instruisait. Et son vicaire, Muhammad, cette infirmière ou quelque vice-Dieu, transmettaient. Au bas de la montagne, on devait mettre ces ordres à exécution. Les ordres ? C'étaient bien des ordres : c'est-à-dire ce qui vient de Dieu. Les proches de l'infirmière, naturellement, se retrouvèrent sous la grâce et reçurent une des plus fulgurantes ascensions. Exactement comme ceux de Muhammad.
Dieu (ou la montagne) parlait. L'intermédiaire transmettait. Le malheur de cette manière de communiquer est de ne pas toujours faire une parfaite unanimité. Il advient parfois, même chez les croyants, qu'on manque de foi et que l'un dise ceci : Seigneur, si c'est toi... Vous ne savez le caractère subversif d'un postulat pareil car qui peut dire au Seigneur : Seigneur, est-ce toi ? Autrement dit, demander si Dieu est Dieu.
Ici, je vais être encore plus prudent. D'abord, je vais relire l'arrêté préfectoral pour m'assurer d'être encore au Mfoundi après avoir commenté. Des gens à la foi éprouvée peuvent demander à Dieu s'il est Dieu ; ou dire à Jésus : est-ce bien toi ? Moïse l'a fait. Saint Pierre l'a fait. Bien d'autres l'ont fait. Entre autres, saint Laurent Esso, un prophète hérétique d'un livre apocryphe, apôtre de l'injustice, selon les épîtres du Bois Bandé que vous n'avez point lu. (Car vous ne savez pas lire).
Il advint malencontreusement que saint Samuel, (pas le juge hébreu de Rama qui entendit la voix de Dieu et crut que c'était celle d'Éli), saint Samuel de Tsinga, cette localité infestée de hiboux plutôt chouettes ; il advint que lui aussi reçoive à son tour les très hautes instructions venues de plus haut que son clocher. Elles donnaient naturellement un autre son de cloche. Et de se demander si c'était Dieu qui avait parlé.
Le problème, quand Dieu parle aux Samuel, c'est qu'il le fasse avec la voix d'Éli. Et c'est Éli qui dit à Samuel que ce n'est pas lui, mais Dieu. Dans ces difficiles communications, il faut vraiment la foi. Parce que Dieu n'est pas du tout vieux. Il ne compte pas ses jours comme n'importe qui. Un jour, chez-lui, c'est mille ans. Et si vous vous intéressez à ses funérailles, il vous donne rendez-vous dans vingt ans qu'il faut calculer dans sa technologie et convertir en nouvelle technologie.
Dieu n'est pas vieux. Mais Éli dont il a la voix l'est. Samuel, dans la Bible, ne pouvait donc qu'être embarrassé quand Éli lui déclara que cette voix - qui était la sienne - fût celle de Dieu. L'affaire se fût mieux résolue si Dieu avait exhibé sa punk. On eût mieux vu les crocs par- delà le pelage de brebis. À l'église de Tsinga infestée comme je l'ai dit, Samuel douta. C'est le plus court verset de la Bible, traduction des apocryphes du Bois Bandé. Samuel douta.
Ô raisonnable doute cartésien pour lequel on fit boire à Socrate de la ciguë ! Il ne reste à ma fiole de bois bandé que la lie que j'ai bue. Et après cette sainte communion, j'y vois plus clair dans les très hautes instructions. Elles proviennent de la montagne de Dieu qui ne peut se montrer. (N'allez surtout pas croire que c'est parce qu'il est vieux). Il emprunte juste la voix d'Éli. Et il faut faire ce qu'il dit.
L'embêtant, dans l'affaire, est la difficulté à tenir les conseils d'administration, malgré les très hautes instructions.
Je pense qu'il faut le signaler au préfet qui a signé l'arrêté préfectoral.
Je trouve ça fort séditieux. Ça fait douter de Dieu. Ou des vieux.
Et croire que Dieu (ou les vieux) ont la même voix. Ou portent des punks.
(Après la communion aujourd'hui, je crois que les paroissiens de Tsinga mangeront des congres.
Je le crois en vérité. Ouigre.