Il a été hier l’un des principaux rédacteurs du Code électoral qu’il pourfend aujourd’hui. Autoproclamé vainqueur, il se rétracte et entend arriver au pouvoir non par les urnes, mais par la force via une insurrection populaire. Maurice Kamto, ex-ministre délégué auprès du ministre de la Justice garde des sceaux, démissionnaire du gouvernement le 30 novembre 2011, se voit désormais installé au troisième étage du bureau rectangulaire du palais de l’Unité après en avoir chassé celui dont il est l’une des créatures du fauteuil présidentiel. A l’observation, la politique est son violon d’Ingres. Il ne sait pas la faire autant qu’il aurait pratiqué le droit. Il ne s’agit pas ici de l’élection d’un chef de classe, mais de celui d’un chef d’Etat. L’éminent professeur de droit semble s’être fait embarquer, transporté par une certaine acrimonie vis-à-vis de son ancien mentor dans une affaire dont il ne parait n’avoir aucune maitrise. Bien plus handicapant, il s’est fait entourer dans cette aventure ambigüe, par une horde revancharde et tout aussi affamée de bras cassés, transfuges de plusieurs formations politiques où ils inauguraient les chrysanthèmes, visiblement mus par l’appât du gain au MRC encore en friches, pour se refaire la main, le champ Rdpc étant déjà mis en valeur par de vrais professionnels, aguerris à la chose politique. L’inculture et l’immaturité politiques adossées à l’impréparation et la surenchère irréaliste, auront fait le lit de la déconfiture du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
Ce mouvement à l’idéologie et aux contours flous, à la fois tribal et au profil répressif affiché entend-il brûler le Cameroun de Félix Roland Moumié, de Ruben Georges Oum Nyobé, d’Ernest Ouandié, El Hadj Babatoura Ahmadou Ahidjo, afin que celui-ci renaisse de ses cendres ? C’est en tout cas ce qu’il semble. Et c’est du moins ce qui ressort des promesses faites par le leader de ce parti et ses lieutenants si le Conseil constitutionnel ne leur reconnaissait pas la victoire. Pour n’avoir pas pu intéresser l’opinion à son programme surréaliste et onirique, il lui offre une autre alternative brutale, sur fond de casse, de vandalisme et partant, de bain de sang.
Président de la République autoproclamé dès le lendemain du scrutin l’ayant opposé à sept concurrents, il s’est illustré comme étant l’indiscipliné de tous les présidentiables et s’est empêtré dans des actions blâmables et préjudiciables qui lui seront comptées le moment venu. Il semble viscéralement avoir de l’aversion pour les lois de la République. Pour lancer les activités politiques du MRC en 2012 dont les invitations y relatives portaient la signature d’Alain Fogue Tedom, et non la sienne, il n’avait pas cru devoir se plier aux dispositions légales et à l’autorité du sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé 3è, Albert Mekondane Obounou et avait alors fait des gorges chaudes à cet effet. Rendu à l’évidence sur le tard de s’être engouffré dans un cul de sac, il demande une annulation des élections dans 6 régions du pays. A quoi doit-on ce rétropédalage qui semble à maints égards le décrédibiliser et l’affaiblir ? Quasiment dans la même proportion que son entourage, ses partisans et militants des réseaux sociaux sont venus davantage affaiblir sa faiblesse. Il a fait du remplacement à tous les prix de Paul Biya sa profession de foi, et du repli identitaire son crédo. Mais il semble bien avoir eu tort. Heureusement, nombreux sont ceux des ressortissants de l’Ouest qui ne lui sont pas solidaires dans cette pérégrination hasardeuse qui tend à porter atteinte à la souveraineté nationale.
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Les jeunes n’entendent pas prêter l’oreille aux sirènes de la révolte qu’ils appellent de tous leurs vœux pour légitimer un pouvoir qu’ils veulent à tous les prix, à travers des contestations qu’ils auront suscitées. Déjà en 2017, l’Association des ressortissants du Grand Ouest dans le département du Moungo (Arom) avait dû faire barrage au MRC, justifiant son appartenance tribale, et qui entendait faire main basse sur l’électorat local déjà acquis au Rdpc- créée en 2011, cette association rassemble les ressortissants des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, résidant, ou nés dans ce département de plus de 452.722 habitants. Elle est présidée par Louis Henri Ngantcha.
Bien plus, ce n’est pas la première fois qu’il noue une alliance avec un parti pour tenter un coup de force politique et qui s’est toujours soldée par un flop. On se souvient que lorsqu’il voulait porter le MRC sur les fonts baptismaux, désespérément à la quête d’un soutien et d’une légitimité populaire, il s’était garanti les services de quelques recalés de la présidentielle de 2011 face à Paul Biya : Olivier Bilé de l’Union pour la fraternité et la prospérité (Ufp 0.31%), Paul Ayah Abine du People’s action party (Pap 1,26%) regroupés autour d’une nouvelle alliance des forces alternatives. En se lançant dans la course à la présidence de la République, Maurice Kamto n’a pas intégré beaucoup de paramètres relatifs à une élection capitale.
Le 8 octobre 2018, Erik Essousse le Dg de Elecam a fait état de ce que le Pr Maurice Kamto avait fourni par écrit à la Commission électorale les noms de 5000 personnes chargées de le représenter dans les bureaux de vote, soit 10% de l’effectif qui lui avait été demandé. Il en fallait 50.000 à raison de 2 par bureau de vote. Le leader du MRC avait pleinement conscience qu’il ne serait pas représenté dans 90% des bureaux de vote, soit 20.000 bureaux de vote dans lesquels il n’y aurait aucun scrutateur pour défendre ses intérêts. Dans un tel contexte d’incurie, un candidat sérieux sait qu’il ne peut pas être serein. A l’évidence, Maurice Kamto a fait foi aux prétendus résultats de tel ou tel bureau de vote de telle ou telle localité publiés sur les médias réticulés par des groupes dans les médias sociaux qui lui sont acquis par affinité tribale. L’impression nette est faite qu’ils veulent se venger de ceux qui hier les ont vomis. Dans cette haine viscérale contre Paul Biya, ils ont entrainé une bonne partie des compatriotes qui croient dur comme fer que le Chef de l’Etat Paul Biya est responsable de leur situation.
Le prétexte est tout trouvé pour justifier l’échec de leur vie, via une éducation questionnable et une scolarité approximative ou cahoteuse. Enflés de haine, ces derniers ont sur les réseaux sociaux, vidé leur venin sur leurs compatriotes en stigmatisant ceux n’étant pas issus de leur aire géographique, traitant de moutons ceux du septentrion, de fainéants ceux du Centre et de l’Est, de jouisseurs incapables de tout, les Sawa et de tueurs les Bassa ’a. Pourtant s’abreuvant à la source des réseaux sociaux, Maurice Kamto et son équipe n’ont pas fustigé, loin s’en faut, ces dérives tribales et ethniques très marquées lors de leur meeting de Bafoussam qu’ils prennent pour un indice de victoire au constat de la présence fortuite de nombreux curieux et badauds avec lesquels ils reprenaient avec frénésie les chants des sécessionnistes ambazoniens. Les Camerounais ont pris acte de ces comportements déviants et la sanction ne tardera pas à tomber. Pourquoi son entourage n’a-t-il pas empêché cela ?
Pourquoi ne s’est-il pas entouré d’un groupe de réflexion, un laboratoire d’idées, d’un véritable think tank qui lui aurait judicieusement conseillé de se calmer plutôt que de s’agiter, se décrédibilisant ainsi dans la foulée de cette élection présidentielle ? A l’observation, Kamto s’est fait harakiri. Ce sont ses partisans et son équipe qui ont forgé et aiguisé le sabre avec lequel il s’est délibérément éventré. Sans avoir consulté les procès-verbaux des régions du Sud, de l’Est, du Centre, du Nord de l’Extrême nord, il s’est proclamé vainqueur de l’élection présidentielle 2018. Avant de se raviser et demander l’annulation du scrutin dans certaines régions. Kamto a-t-il été induit en erreur ou poussé à son corps défendant à sortir de sa réserve et ainsi commettre des bourdes ? Certains avis sont unanimes quant à un agenda secret et inquiétant que le leader du MRC est tenu de respecter, sinon gare ! Pour certains observateurs, le président du MRC aurait été stipendié par des personnes adeptes du « nouvel ordre mondial » réputées être proches de l’Open society foundation (Osf) qui pèse 32 millions de dollars. Par celles qui n’apprécient guère le rapprochement de Biya vers la Chine et la Russie. Cette structure qui est présentée comme le deuxième organisme philanthropique après celui de Bill Gates, est impliquée dans les affaires politiques. Présente sur les cinq continents et dans plus de cent pays et elle dédie 14% de ses dons à l’Afrique. Elle est censée promouvoir les droits de l’homme et la démocratie, « se bat pour les causes perdues » (telle celle de Kamto) ? Selon Annette Labarey, l’ex directrice des anciens bureaux parisiens de l’organisation appartenant à l’américain d’origine hongroise Gyôrgy Schwartz.
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Plus connu sous le nom de George Soros, il est âgé de 88 ans. Accusé de bien de dérives, ce juif d’origine a été le soutien de la transition démocratique des pays du bloc de l’Est. Transparency International est une succursale de cette organisation dont Akéré Muna le principal allié de Maurice Kamto en a été le président de la branche locale camerounaise. Aujourd’hui, Kamto est acculé au vu des procès-verbaux authentiques qui affluent des coins du pays et qui éclairent l’opinion sur les réels chiffres. Kamto escomptait une révolte au sein de la population en exhumant et en exhibant le slogan éculé de la « victoire volée » à John Fru Ndi de 1992 maintes fois évoquée et qui lui servait d’argument de substitution après celui de l’âge du candidat du Rdpc et président sortant. La présence de Salomon Beniros, Amanda Benzikri, Raphael Kalfon les supposés faux observateurs de Transparency International en mission d’observation des élections sur le théâtre des élections est du pain béni pour le MRC et ses partisans qui en profitent pour tenter de décrédibiliser le scrutin. Auparavant, ils avaient compté sur la situation calorifique dans les régions du Nord-ouest et du Sudouest avec les sécessionnistes de l’Ambazonie, comme prétexte pour l’invalidation du scrutin présidentiel au motif qu’une partie du pays n’était pas concernée par cette consultation. Les Camerounais apprécieront. Le Conseil constitutionnel les fixera définitivement sur leurs interrogations et leurs attentes au jour du 22 octobre 2018 prochain.