Le baromètre 2015 de Transparency international a été publié ce 9 décembre 2015, avec ce corps en tête du classement, suivi des agents des impôts.
«Transparency international estime que 75 millions d’Africains ont versé un pot-de-vin au cours de l’année dernière». C’est ce qui est contenu dans le baromètre 2015 de la corruption, publié ce 9 décembre par l’Ong allemande de lutte contre le phénomène dans le monde. Dans ce flot de corruption généralisée, le Cameroun semble avoir tenu bon le cap de ses performances d’antan. 44% de l’échantillon de 1182 personnes qui ont constitué le corpus des enquêtes au Cameroun, pensent et soutiennent que la corruption a augmenté au Cameroun au cours de 2014. D’ailleurs, 48% de ces personnes, interrogées sur leur rapports avec les services publics au cours des douze derniers mois, reconnaissent avoir versé des pots-de-vin.
Tous pourris, y compris les églises
Plus grave, «le Cameroun est le seul pays sur les 28 d’Afrique concernés par le baromètre, où tous les six services publics principaux sont fortement publics». Il s’agit notamment de la police, des impôts, la justice, le gouvernement, les municipalités et le parlement. Et dans ce classement non moins linéaire, la police occupe le podium. Avec 56% de perception, suivie des agents des impôts (54%). Avec 52%, les hommes d’affaires, devancent de peu la justice (51%). Les membres du gouvernement arrivent au 5ème rang avec 45%. Autant constater avec le baromètre que «dans l’ensemble, le Cameroun est le seul pays sur les 28 où tous les six services publics sont fortement corrompus», rapporte pour le déplorer, Me Henry Njoh Manga, membre de Transparency international Cameroun, qui présentait le baromètre. Et même, «la police est régulièrement évaluée comme fortement corrompue, mais l’évaluation très négative des agents des impôts et des dirigeants d’entreprises est un fait nouveau par rapport aux sondages précédents», relève le rapport.
Mais les leaders religieux ne se laissent pas autant oublier. Même s’ils ne pointent qu’au 10ème rang, il reste que les hommes d’église sont crédités de 18% ; pas très loin des écoles à 32%. Comme pour corroborer que la corruption a augmenté au Cameroun en 2014. Pire, «17% des personnes interrogées ne voient pas le changement». Certes Transparency se félicite avec Roger Ngoh Yom, le directeur exécutif de la branche camerounaise de l’Ong, en ce sens que «nos efforts ont permis de faire bouger les choses. Plusieurs institutions ont été créées pour lutter contre le fléau. Le rapport de l’Anif en 2013 parle de 523 milliards détournés entre 2008 et 2013. Le Tcs est un tribunal d’exception créé à cet effet». Mais «si nous prenons en compte le fait que la moitié des personnes interrogées étaient au chômage, la corruption devient ainsi extrêmement dommageable pour eux», estiment les auteurs du rapport. Le rapport montrant que «les services d’accès à l’eau ou d’électricité sont affectés, les écoles, l’acquisition d’une carte d’identité ou permis, les services de santé». Des services sociaux de première nécessité, déjà inégalement répartis pour les populations. Alors, cette situation accentue «la prolongation de la situation d’inégalité. Seuls ceux qui se trouvent dans de meilleures positions auront accès à ces services», regrette-t-on.
Mais en Afrique, tous ne sont pas autant pourris. Ainsi, Transparency international note que le Botswana, le Burkina, le lesotho et le Sénégal se sont améliorés.
En tout, ce sont 43 143 personnes qui ont subi les enquêtes à l’échelle continentale, entre mars 2014 et septembre 2015. Mais le Cameroun a connu la sienne entre janvier et février 2015. Mais «les informations ont porté sur l’année 2014», recadre Me Njoh.