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Corruption : Le Cameroun ne doit pas nier son rang !

Lun., 28 Déc. 2015 Source: Abdelaziz Mounde

La corruption est notre cancer. Aucun hôpital de référence ne pourra le traiter. Il ne sert donc à rien de cacher le soleil de plomb, la vérité. Un seul mot : Travaillons ! Les données sont sans appel : la Chine est un pays où il y'a beaucoup de corruption. Le mal a atteint des profondeurs abyssales. Et pourtant, elle est quasiment la première puissance économique du monde...

Les investisseurs y vont et la machine tourne.Faudrait-il le rappeler ? Les compatriotes de Mao ne passent pas le temps en points de presse mensongers. Ils travaillent plus que toute la planète pour éradiquer le fléau sans nier la réalité.

Et au pays de Deng Xiaoping, on obtient, à force de lucidité et de programmes, quelques résultats. Par exemple, les biens des apparatchiks convaincus de concussion sont confisqués, vendus et mis au service des projets sociaux.Et d'ailleurs, le mandat du président Xi Jinping est placé sous le signe de la lutte contre la corruption. Avec une tolérance zéro. Au Cameroun, à contrario, à chaque fois que nous sommes sur la sellette, nous piquons, dans un orgueil mal placé et le mensonge d'État, des crises d'urticaire. Tout de suite, on crie au complot et à une illusoire déstabilisation.

Rien, il faut le dire, malgré le déni, ne travestira la réalité. Oui, les camerounais le vivent au quotidien, pas besoin de Transparency ou de classement pour cela. Et puis, tout récemment encore, le rapport de la Commission nationale anti-corruption en dit long. Trop long même ! Il y'a encore quelque temps d'ailleurs, notre gouvernement montrait des signaux et coopérait avec cet organisme. Ce n'est pas un hasard si tous ces classements au fil des ans sont constants, si des tonnes de ministres sont en prison, si les bandits notoires ont droit de cité, recyclant l'argent sale dans les immeubles, la politique ou diverses autres activités.

Sans la liberté de blâmer, point d'éloge flatteur. Si notre pays veut faire preuve de sa bonne volonté, quelques pistes suffisent :
- Que le président de la République déclare ses biens ainsi que tous les responsables y assujettis au titre de l'article 66 de la Constitution qu' il n'a modifié que pour demeurer au pouvoir. Il y'a 20 ans bientôt (18 janvier 1996) que cette disposition est inscrite dans notre Loi fondamentale.

- Qu'une loi sur l'enrichissement illicite soit votée afin de compléter l'arsenal de répression et de contrôle afin de soumettre ces fonctionnaires milliardaires qui poussent comme le poivre à Penja et tout citoyen à un examen de situation, sur le train de vie et les signes apparents de richesse.

- Que les procédures soient soumises à des délais stricts afin que les fonctionnaires ne s'érigent en poste de douane ou de péage.

- Que les administrations les plus corrompues, la police, les douanes, la magistrature soient soumises à des programmes draconiens : poursuite des révocations, dématérialisation des procédures, renforcement des inspections et des polices internes, examen sur le train de vie, multiplication des voies de recours pour les citoyens, etc.

- Intégrer l'administration des Impôts dans les dispositifs de lutte contre la corruption.

- Orienter les ressources tirées de la lutte contre la corruption vers les secteurs sociaux. Exemple : l'argent remboursé par Haman Adama aurait pu servir à la construction des écoles dans l'Extrême-Nord.

- Mettre fin à la logique de règlement de comptes d'une grande partie des dossiers de l'Opération Épervier.

- Que les recommandations des rapports de la Conac soient mises en œuvre !

Cassons les thermomètres des centres d'urgence cela n'a jamais été une thérapie. Mettez la poussière sous les tapis importés des ministres, cela n'a jamais fait le ménage. Multiplions les points de presse en retournant nos gandouras. Le mensonge n'a de longue jambe nulle part.

Si elle prend l'ascenseur de la facilité, la vérité prend l'escalier des réformes, du travail et de la dignité !

Auteur: Abdelaziz Mounde