Corruption : un consultant judiciaire dévoile des libérations contre espèces sonnantes et trébuchantes

Des symboles de la justice

Tue, 6 Jun 2023 Source: Siméon WACHOU

La corruption fait rage dans les Parquets Près les Tribunaux d'instance du Cameroun ! Les Parquets Près les Tribunaux de Première et Grande Instance des villes de Yaoundé et Douala détiennent la Palme d'or.

Ce n'est point un secret de polichinelle , la liberté s'achète à prix d'or auprès des Parquets des Tribunaux d'instance de nombreuses juridictions de la République.

Dès la police ou la Gendarmerie où est conduite l'enquête préliminaire, il n'est pas rare d'entendre aussi bien certains plaignants et suspects scander " ça va se jouer au Parquet".

Certains suspects martèlent le plus souvent: " on a déjà vu le Procureur " , évidemment comme pour dire qu'ils ne courent plus aucun danger.

Il est une curieuse pratique au sein des Parquets Près les Tribunaux d'instance des grandes villes du Cameroun suivant laquelle, le suspect déféré a impérativement intérêt au courant de la journée suivant son défèrement à tout faire soit par les membres de sa famille , soit par son Conseil pour identifier le Substitut du Procureur en charge du traitement de son dossier.

De nombreuses familles affluent dans les Parquets cherchant à entrer en contact avec le Magistrat du Parquet en charge du dossier de x ou de y déféré quelque temps seulement auparavant. C'est bien à partir de cet instant que les manœuvres de corruption se mettent en place, si ce n'est bien avant car il fallait " préparer le terrain ". Il n'est pas rare d'entendre certains membres de famille scander:" on a déjà géré, c'est bon ".

Face à cet état de choses , on est bien droit de se poser la question de savoir si les Magistrats du Parquet qui se livrent à de telles manœuvres sont encore soucieux de la JUSTICE, que pensent -ils des victimes si en définitive il est clairement établi que les dossiers pour lesquels, ils n'ont point entendu donner la suite légale qui convenait étaient constitutifs d'infractions à la loi pénale ? Aux alentours des Parquets déambulent une autre catégorie de " Magistrats " appelés les " Apacheurs " , ils prétendent être les collaborateurs directs du Procureur de la République et des Substituts du Procureur , qui sont ils véritablement ? Y aurait une collusion entre eux et des Magistrats ?

Tout porte objectivement à croire que lorsqu'un Camerounais est déféré auprès d'un Parquet , il doit absolument tout faire pour acheter à prix d'or sa liberté au risque de se voir trimballer parfois pendant des semaines entre la police et le parquet sous le motif fallacieux de complément d'enquête.

Ça craint véritablement pour un Justiciable de se voir déférer auprès d'un Parquet car, qu'il ait tort ou raison , il semble manifestement qu'il doive impérativement faire comme tout le monde , trouver 100,000 fcfa, 200,000 fcfa , 300,000 fcfa, 400,000 fac voire 500,000 fcfa.. pour espérer obtenir du Parquet sa liberté. Il n'est pas rare de voir de jeunes Magistrats nouvellement affectés au Parquet s'obstiner à monnayer systématiquement la liberté de certains justiciables, évidemment en leur imposant de leur remettre des sommes d'argent en échange de leur liberté voire pour leur élargissement pur et simple. Ces hommes de loi d'une autre ère se fiche pas mal des conséquences de tels actes.

N'a-t-on pas souvent vu des gangs de malfaiteurs élargis au Parquet par le Procureur de la République alors même que ceux-ci dont extrêmement dangereux et ont même le plus souvent ôté la vie à de nombreux Camerounais ? Le fait pour ces Magistrats de vouloir afficher un niveau de vie correspondant à leur personnalité les amène à s'investir pleinement dans la corruption.

Il y a lieu de tirer impérativement la sonnette d'alarme, les Parquets Près les Tribunaux d'instance des grandes villes du Cameroun sont devenus de véritables lieux de marchandage de la liberté.

Le Procureur de la République saisi parfois se prive de vérifier la réalité des infractions corroborés par des faits et preuves dans le cadre des procès-verbaux d'enquête préliminaire qui lui sont transmis par les Officiers de police Judiciaire, il se contente le plus souvent de faire ces Procès-verbaux la pierre angulaire des poursuites envers le suspect. Que se passerait il donc si dès l'enquête préliminaire il y avait des éléments susceptibles d'envisager les pistes d'erreurs judiciaires ? Il n'est pas rare d'entendre certains officiers de police Judiciaire dire au(x) suspect(s) : " on va t'envoyer en prison " , tel que le dossier est monté , c'est fini pour toi". Pire l'Avocat n'a pas le droit comme c'est le cas dans le système anglo-saxons de contredire l'enquêteur au risque d'être placé lui-même en garde à vue au même titre que son client. On a le plus souvent vu des Avocats mis en cellule aux côtés de leur (s) client(s), véritable hérésie.

Il est au demeurant impératif de veiller sur l'action des Magistrats afin de préserver et protéger les droits de l'homme. Les juges d'instruction quant à eux et pour la plupart ne procèdent point à des investigations Approfondies, beaucoup d'entre eux se fient au Réquisitoire introductif d'instance, ils clôturent même l'information Judiciaire avant d'avoir posé le moindre acte d'enquête approfondie.

Certains disent: " on n'a pas de temps pour cela" , très vite ils ont entendu l'inculpé, la partie civile et les témoins qu'ils ont le plus souvent plus tard renvoyé l'inculpé devant le Tribunal . À la phase d'information Judiciaire également, la corruption fait mouche car l'inculpé doit parfois tout faire " pour donner ce qui a été demandé" . Quelle justice voulons nous pour notre pays ?

Il n'est plus rare de voir aujourdhui certains Magistrats combattre systématiquement les Experts Criminels de Justice car pour eux, ces derniers sont un véritable caillou dans leur chaussure. Il pourtant que les choses changent impérativement.

À la phase policière de l'enquête, il y a des officiers de police Judiciaire qui déterminent systématiquement certains suspects à " leur remettre quelque chose , sinon ils gâtent le dossier " , alors cela implique que lorsque tel ou tel Officier de Police Judiciaire a " reçu quelque chose, il fait tout pour arranger le dossier " de sorte qu'une fois au Parquet le suspect ait des chances d'être libéré. Que se passe-t-il donc lorsque le suspect " ne donne rien à l'Officier de Police Judiciaire "? La suite on la connaît.

Plus rien ne sera comme avant.

Auteur: Siméon WACHOU