En ce 36e anniversaire du coup d’Etat manqué contre l’alors nouveau régime de Paul Biya, il faut saluer la clairvoyance du capitaine Guerandi Mbara, kidnappé de France et liquidé physiquement au Cameroun en 2013 par les services secrets camerounais, grâce à la complicité du trafiquant d’armes français Georges Staeckman. Oui, Guerandi Mbara était un visionnaire car le drame que vivent aujourd’hui de millions de Camerounais sous le régime gangster de Biya, cet officier subalterne de l’armée camerounaise l’avait vu venir lorsque lui et ses camarades du mouvement Jeunes Officiers pour la Survie de l’Etat (JOSE) ont tenté de reprendre par la force le pouvoir confié à Paul Biya par Amadou Ahidjo le 6 novembre 1982.
Dans un entretien qu’il a accordé le 4 avril 2009 à Cameroonvoice, une web-radio basée au Canada, Guerandi Mbara commence par souligner que le coup d’Etat du 6 avril 1984 ne visait pas à ramener Ahidjo au pouvoir car le mouvement JOSE, explique-t-il, avait déjà commencé à créer des cellules secrètes en 1975, fort de la corruption et de la dilapidation des ressources publiques qui sévissaient déjà et qui se sont accentuées dès l’arrivée de Paul Biya au pouvoir : « qui ne se souvient pas de la phrase ‘c’est notre tour maintenant’ ?…qui ne se souvient pas de la dilapidation des ressources financières au nom de la création d’une certaine bourgeoisie ethno-régionaliste ? Qui ne se souvient pas des arrestations arbitraires, de la volonté d’anéantissement des hommes d’affaires de certaines régions ciblées par ce clan ethno-fasciste au pouvoir, là je pense aux commerçants bamiléké et islamo-peuhl ? », rappelle Guerandi Mbara dans cette interview.
C’est donc ce « clan ethno-fasciste » qui était visé par le mouvement JOSE. Ce clan extrémiste et villageois qui se dit de la tribu des seigneurs, des nés pour gouverner mais qui dès l’arrivée de Paul Biya au pouvoir n’avait pour seule préoccupation que d’amasser le maximum d’argent possible : « Tout se passait comme s’il fallait se remplir les poches le plus rapidement possible avant qu’il ne soit trop tard », avait souligné le sous-lieutenant Yaya Adoum dans le message des putschistes lu à Radio Cameroun le 6 avril 1984 mais qui ne s’est limité qu’à la ville de Yaoundé. Ceci, grâce à Gabriel Ebili, un technicien de Radio Cameroun.
C’est donc ce clan ethnofasciste dit Ekang-Beti qui se bat corps et âme pour confisquer l’appareil de l’Etat ad vitame eternaem. C’est ce clan ethnofasciste avec pour chef bandit Paul Biya qui a pillé de manière sauvage la Société camerounaise de banques (SCB) vers la fin des années 1980. C’est ce clan ethnofasciste qui a décrété qu’un bamiléké ne prendra jamais le pouvoir au Cameroun. C’est ce clan ethnofasciste qui a armé des milices terroristes telles que CAFE, Nkul Nnam, pour tuer les membres du mouvement estudiantin Le Parlement qui, au début des années 1990, revendiquaient de meilleures conditions d’étude à l’Université de Yaoundé ainsi que le retour à la démocratie.
C’est ce clan extrémiste qui, grâce à ses services spéciaux, a mis sur pied l’Opération Epervier pour exterminer par l’emprisonnement pour malversations financières la fine fleur de l’élite dirigeante, particulièrement celle Beti, doté de compétences avérées, du sens élevé de l’Etat et par conséquent mieux à même de diriger le Cameroun. C’est ce clan ethno-fasciste qui combat l’opposant Maurice Kamto, qui a créé la Brigade des Patriotes pour combattre la Brigade anti-Sardinards (BAS), un mouvement citoyen anti-Biya créé par les Camerounais de la diaspora après l’élection présidentielle de 2018. C’est ce même clan pouvoiriste Ekang-Beti qui veut nous imposer Franck Biya comme successeur de son père à la tête de l’Etat, pour continuer à faire main basse sur les richesses du pays, pour continuer à torturer, massacrer et avilir le peuple camerounais.
Au regard des dégâts déjà commis par ce ramassis d’incompétents, de jouisseurs et d’aventuriers qui se disent de la race des « seigneurs », des « nés pour gouverner », il y a lieu de saluer l’initiative de Guerandi Mbara et du Mouvement JOSE, dont la réussite aurait épargné le Cameroun et les Camerounais, la malédiction qui s’abat sur eux depuis 38 ans de règne des Biya.
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