Coup d'Etat du 6 avril 1984 : Ahidjo révèle la plus grosse erreur de Paul Biya

Ce putsch était un montage perpétré par le clan adverse

Mon, 10 Jul 2023 Source: Arol Ketch

Le Président Ahmadou Ahidjo a réagi après la tentative de Coup d’Etat du 6 Avril 1984. Pour lui, Paul Biya commettait une grosse erreur en voulant prendre le pouvoir sur une fibre tribale. Voici comment il avait réagi.

Deux ans après l’arrivée de Paul Biya au pouvoir, une tentative de putsch fait vaciller le nouveau régime. Dans la nuit du 5 au 6 avril 1984, des jeunes officiers constitués dans le mouvement JOSE (Jeunes Officiers pour la Survie de l’Etat) tente de renverser le Président Paul Biya.

Le sinistre Jean Fochivé, chef des polices politiques de Amadou Ahidjo et Paul Biya fait partie de ceux-là qui pensent que la tentative de putsch du 6 avril 1984 n’était qu’un “ montage perpétré par l’obscur clan tribaliste qui faisait pression sur M. Biya fin que ce dernier se démarquât de M. Ahidjo” .

Voici ce qu’on peut lire dans le livre : « les révélations de Jean Fochivé » :

J’avais en ma possession assez d’éléments pour arriver à la conclusion que le coup d’Etat du 6 avril 1984 avait été monté par le clan dans le seul but de massacrer les jeunes officiers nordistes, de se débarrasser de ses cadres et impliquer M. Ahidjo qui fût condamné à mort.

Autre chose. Quelques jours plus tard, je reçus le rapport d’un de mes agents dont je préfère taire le nom. C’est quelqu’un qui est toujours en vie et qui nous a rendu d’énormes services.Je l’avais introduit dans l’entourage du Chef de l’Etat depuis 1977 quand me fut retirée la sécurité présidentielle.

Je tenais à garder un œil sur tout ce qui se passait dans les couloirs du palais. Il réussit une très belle intégration à tel point que la famille présidentielle l’accepta comme un vieux meuble familial. Il fut, avec mon consentement rangé parmi les effets personnels de l’ancien Président de la République lors de son départ en exil et, toujours travaillant pour mes services, il m’informait de tout ce que faisait notre ancien patron.

Par lui, j’étais au courant des moindres mouvements et de tous les contacts, même téléphoniques de M. Ahidjo en France. Je te ferai prendre connaissance de ce rapport tout à l’heure avant ton départ. Je l’avais déchiffré personnellement.

Le message du rapport décrivait l’attitude de M. Ahidjo dans la soirée du 06 avril 1984 après qu’il eût reçu des journalistes de la télévision française. Il avait paru sincèrement surpris et n’avait pas arrêté de lancer des railleries à l’endroit de Biya en tournant en rond comme un fauve en cage. « Pourvu qu’ils s’en sortent » ne cessait-il de dire sans que l’on sache exactement s’il parlait des loyalistes ou des putschistes.

Mon homme avait distinctement entendu M. Ahidjo répondre à son épouse quand cette dernière, remarquant qu’il n’avait pas du tout l’air surpris, lui avait demandé s’il était au courant.

« Je ne suis pas surpris qu’une telle chose arrive. Ce n’est pas trop tôt. Je m’y attendais un peu. Peut-être est-ce parce que je connais ces hommes avec qui j’ai longtemps travaillé. Mais quelque chose me disait que Biya commettrait une erreur en prenant la source de son pouvoir sur une fibre tribale.

Ce serait vraiment dommage que ce naïf garçon se fasse tuer d’une manière aussi stupide. Je ne sais lequel de ces jeunes gens a pris une telle initiative, mais fallait-il vraiment en arriver là ?

Le lendemain, M. Ahidjo se leva un peu plus tôt que d’habitude et but coup sur coup quatre tasses de thé. A 8 heures 05 mn, le téléphone sonna. Ce coup de fil à cette heure-là surpris mon gars puisque le patron n’en recevait jamais avant 11 heures.

Il se précipita dans sa chambre où se trouvait son dispositif d’écoute, juste à temps pour entendre l’ex-président dire à son interlocuteur pour clôturer la conversation :

« C’était donc ça ! Gilbert le payera très cher. C’est la seconde tribu qu’il fait massacrer. Mais cette fois, il a à faire à des gens qui n’oublient jamais. » Et il raccrocha.

Quand sa femme le rejoignit sur le balcon quelques temps plus tard, il lui lança : « Ils sont tous morts. » Elle ne dit rien. Toute la journée durant, M. Ahidjo ne voulut voir personne.

La suite en lisant le livre « les révélations de Jean Fochive »

Auteur: Arol Ketch