En matière de conception d’enfant, il y a « vouloir » et « pouvoir ». Et entre les deux, il existe une énorme différence dont sont particulièrement conscients les couples qui tentent désespérément d’avoir un bébé sans y parvenir.
30% d’hommes et de femmes sont concernés au Cameroun, selon des données statistiques disponibles au ministère de la Santé publique. Simone et Ernest K., 38 et 40 ans, en font partie. « Nous traînons ce problème depuis 19 ans. Nous avons tout essayé : la médecine, les guérisseurs traditionnels et même des choses inavouables.
Rien. Maintenant que nous sommes en train de vieillir, nous avons perdu tout espoir », explique Simone K., résignée. Dans leur salon, de nombreux ouvrages et magazines traînent. Tous traitent du sujet qui préoccupe le couple. « Je peux dire que je suis devenue par procuration un spécialiste de l’infertilité, tellement je me suis documenté quand je me suis rendu compte que nous étions face à un sérieux problème », confie l’époux.
D’après un gynécologue-obstétricien en service au Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh) à Yaoundé, l’on peut parler d’infertilité après deux ans d’activités sexuelles suivies dans le couple.
« Le constat d’infertilité qui amène à consulter est suivi d’une série de tests et d’une prise en charge médicalisée : traitements médicaux, chirurgicaux, techniques d’assistance à la procréation. Lorsqu’aucune anomalie n’est constatée chez l’homme et la femme, une attention pourrait être portée sur le mode de vie et les conditions psychologiques avant d’envisager un parcours médical », explique le spécialiste.
Mais souvent, familles et amis n’attendant guère jusque-là, mettent le couple sous une pression psychologique sans nom. « J’en suis venue à redouter les rencontres familiales. La question revient toujours sur le tapis et l’on demande même déjà à mon mari de chercher une autre femme », assure dame Simone K. Le Chracerh, opérationnel depuis avril 2015, accueille de nombreux patients dans la détresse comme elle, venus de différentes régions du Cameroun et même des pays voisins, en attendant son inauguration prochaine.
Ne pas réussir à concevoir un enfant est encore trop souvent synonyme de honte et de malédiction dans nos sociétés traditionnelles. Du coup devant les regards inquisiteurs, les couples se replient peu à peu sur eux-mêmes. De peur d'être confrontés à ces questions lancinantes qui les paniquent. C’est vrai qu’à force d’entendre « vous nous le faites pour la Noël cette année ? », « où en êtes-vous pour le bébé ? », « vous n'y arrivez toujours pas ? », peu de couples résistent à ce qu’ils vivent douloureusement comme un échec.
N’arrivant pas à surmonter cette épreuve, beaucoup se séparent. « De nombreux psychanalystes se demandent même si ces pressions et les souffrances qu’elles entraînent ne peuvent pas être à elles seules, dans certains cas, à l'origine du problème.C’est pourquoi il faut réussir à prendre en compte la dimension psychologique du problème de la stérilité que la médecine, devenue très technique, met peut être parfois trop de côté sans pour autant remettre en question les progrès scientifiques exceptionnels qui permettent à des couples d'avoir un enfant », explique un autre médecin.
De nombreuses causes sont évoquées pour expliquer l’infertilité. Au rang de celles-ci, l’âge de plus en plus avancé auquel les couples décident d'avoir leur premier bébé. « Une idée fausse circule auprès des couples qui souhaitent avoir un enfant : ils croient bénéficier de 25 % de chances par cycle.
C'est vrai à 25 ans ! A 35 ans, les chances d'être enceinte tombent à 12 % par cycle, à 40 ans, elles ne sont plus que de 6 %. Il faut le savoir », insiste le Dr Joëlle Belaïsch-Allart auteur de l’ouvrage « Un enfant, tant que je peux ! ». Seulement, de nombreux cas d’infertilité restent inexpliqués. Et là, beaucoup ont trouvé la solution chez le Créateur, celui qui fait don des enfants.