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Covidgate : plusieurs personnes annoncées sous mandat de dépôt à Kondengui

Le TCS a autorisé le juge d'instruction

Fri, 28 Oct 2022 Source: Boris Bertolt

C’est un véritable coup de tonnerre qui s’annonce dans cette affaire où l’homme à la punk et ses amis croyaient pourtant avoir retrouvé le sommeil, à la faveur du sursis à exécution du mandat d’amener ordonné par le Nnom Ngui.

L’homme à la punk est pourtant annoncé ce samedi à Nanga Eboko pour célébrer la victoire des ancêtres Nanga à qui il aura sacrifié deux bœufs à l’image de Paul Biya et son épouse Chantal dont les têtes seraient alors favorablement disposées à son égard.

Ce que nous savions alors jusqu’ici, c’est que le Chef de l’Etat avait instruit le Garde des Sceaux de surseoir à l’exécution du mandat d’amener l’homme à la punk devant le Procureur Général près le TCS en attendant que le concerné soit déchargé de ses fonctions actuelles au travers d’un remaniement.

Ce que l’on apprend cet après-midi, c’est que le Vieux Lion avait parallèlement instruit au Garde des Sceaux de poursuivre la procédure sur la base du refus de répondre opposé par la punk et qui vaut aveu de culpabilité à la lumière du Code de Procédure Pénale Camerounais qui donne la liberté à la personne poursuivie de garder le silence.

C’est pourquoi le Tribunal Criminel Spécial vient d’ouvrir une information judiciaire dans l’affaire ETAT DU CAMEROUN contre Les prévenus Ferdinand NGOH NGOH, Paul ATANGA NDJI, MANAOUDA Malachie, Madeleine TCHUENTE et autres…dans le cadre de l’affaire des détournements des fonds Covid.

Il convient de rappeler une fois pour toutes que les membres du Gouvernement, à la différence des Députés et des Sénateurs, ne sont couverts par aucune immunité qui pourrait les mettre à l'abri des poursuites au sens de l'article 127 du Code Pénal.

Ce que l’on sait de ce qui est en partie reproché aux concernés:

1) PAUL ATANGA NJI : En effet, au mois de mai 2020, les tests de dépistage sont rares sur le marché mondial. Avec son enthousiasme habituel, Atanga Nji remet 5.000 tests de dépistage de référence Q-NCOV-OIG au ministre de la Santé publique dans le cadre du « don spécial du chef de l’Etat ». En sa qualité de membre du gouvernement, il n’ignore rien des difficultés d’approvisionnement que son pays a à se procurer des tests. Paul Atanga Nji a une idée surréaliste. Le Minat selon le lanceur d’alerte, décide donc de vendre au ministère de la Santé publique, quelques jours plus tard, 15.000 tests pour la somme de 288 millions FCFA. Ce qui revient à 19.200 FCFA par test. Ce paiement représentant, selon le document signé le 11 mai 2020 du secrétaire d’Etat, Alim Hayatou et destiné au chef d’agence de BGFI-Bank Yaoundé où est logé un compte Covid-19, « les dépenses engagées par le bénéficiaire, au titre de l’achat de quinze mille (15.000) tests de dépistage rapide du Covid-19.

Le Premier ministre Dion Ngute, ordonne à Paul Atanga Nji de restituer immédiatement l’argent du contribuable. Par la suite , Ferdinand Ngoh Ngoh ordonne au ministre des Finances de lui payer 288 millions FCFA au titre des « Opérations de riposte contre le Covid-19 ».

2) MADELEINE TCHUENTE : La ministre de la recherche scientifique est mise en cause sur la gestion de l’enveloppe de 6 milliards 100 millions de FCFA qui lui a été allouée dans la lutte contre la COVID 19. Deux principales activités au cœur de l’audition : la production de la chloroquine et de l’azithromycine budgétisée à 4 milliards 054 445 000 FCFA. S’agissant de la production de la chloroquine et de l’azithromycine, Madeleine Tchuente est accusée de n’avoir pas produit les médicaments localement tel qu’elle l’avait elle-même présenté à Paul Biya, mais de les avoir importés de l’Inde pour les estampiller ensuite « made in Cameroun ». Autre curiosité, aucun de ces médicaments n’a été transmis au ministre de la santé pour distribution dans les centres de Santé. Où sont-ils donc passés ? Or, 700 millions FCFA ont été débloqués pour la rénovation de l’IMPM qui devait servir à la production des médicaments. 15 387 629 FCFA ont été utilisés à d’autres fins.

3) MANAOUDA MALACHIE : Sur les 180 milliards FCFA du FMI, la partie de budget qui revenait au ministre de la santé s’élevait à 45 milliards 630 millions. Les accusations sont nombreuses et portent sur l’acquisition des équipements de protection individuelle dont les documents de comptabilité sont absents ; le quasi-monopole accordé à l’entreprise Mediline Medical Cameroon SA dans l’achat des tests de dépistage et le dépassement des crédits budgétaires ; l’aménagement des centres de mise en quarantaine ; l’acquisition des ambulances ; L’acquisition des équipements médicaux de prise en charge des patients atteints de COVID 19 entre autres.

4) FERDINAND NGOH NGOH : Le secrétaire général de la présidence de la République a refusé de répondre aux questions des enquêteurs du tribunal Criminel spécial à la phase des poursuites. Or tous les ministres auditionnés ont fait savoir aux enquêteurs qu’ils ont agi et payé sous instruction du secrétaire général de la présidence de la république.

Sont également attendus dans les prochaines semaines par le juge d’instruction : des directeurs au ministère de la santé, parmi lesquels Élysée Amour EYENGA, Directeur des ressources humaines au ministère de la Santé qui a construit en deux ans deux immeubles à Yaoundé. Ousmane DIABY Directeur des Études et des Projets ou encore le Consul honoraire de Corée du Sud au Cameroun, Mohamadou DABO impliqué dans les marchés de 24 milliards Fcfa des tests Covid 19.

Il faut noter qu’à ce stade de la procédure, on ne parle plus seulement de mandat d’amener, mais surtout de mandat d’arrêt. Le juge d’instruction peut désormais décider de mettre sous mandat de dépôt la personne concernée directement dans une maison d’arrêt, en l’occurrence la prison centrale de Kodengui. Y compris en attente de la fin de l’instruction.

Les chefs traditionnels, les autorités religieuses invitées demain à Nanga Eboko devront alors redoubler d’ardeur dans les prières et les incantations pour que les réjouissances prévues demain samedi, n’annoncent tout simplement pas la fin de tonton Ferdinand et les véritables festivités que les Nangas attendent avec impatience. Les sorciers et les sorcières de Nanga Eboko ont du travail devant eux.

Auteur: Boris Bertolt