Après un récent ouvrage à scandales, intitulé « Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux » ; livre qui a brisé les tabous de la discrétion et suscité un remue-ménage, l’aiguilleur des consciences remet ça. Son livre, «Crimes rituels, sectes, pouvoirs, drogues et alcools au Cameroun », sous-titré « Les réponses citoyennes et les armes du combat ».
Suite logique de son précédent ouvrage. Avec détermination et beaucoup de rigueur, l’auteur condamne l’absence d’éthique, le laissez-faire, le mutisme suspect des pouvoirs publics qui laissent les auteurs des crimes rituels, verser dans la maltraitance en se jouant de la vie humaine. Charles Ateba Eyene ne met pas les gangs ; il publie des illustrations assez fortes, choquantes et insupportables pour des âmes sensibles. Tout y passe : des coupures de journaux, des photographies de gourous sulfureux actifs en Afrique, les sectes, les sociétés sécrètes et les cercles magico-sataniques… La peinture qui est faite des crimes rituels, des statistiques en termes de consommation des alcools et les drogue, provoque l’amertume, l’indignation et la révolte.
L’on reste stupéfait et médusé face aux photographies de cet enfant mutilé ou encore celle de la jeune fille de dix-sept ans qui faisait la classe Terminale, mais dont le sexe a été amputé… L’ouvrage qui est préfacé par le Prof. Claude Abe, sociologue et le Dr. Paul Abouna, anthropologue, laisse entrevoir une impression de chao. Les deux universitaires analysent les dérèglements des mœurs et leurs expressions criminelles, qui à les croire, sont des expressions qui effectivement, affectent la tranquillité et la sérénité de la société.
Alerte à la sagesse et le patriarcat
Le livre de Charles Ateba Eyene présente le Cameroun comme un pays de l’anormalité, du « tout est possible», où, les dirigeants se jouent avec désinvolture, des espoirs et de la patience des populations. L’auteur analyse les situations aussi dramatiques que paradoxales ; en évoque l’irresponsabilité, le déficit du sens de l’Etat, le mépris de l’intérêt général, le manque de foi et de volonté politique des dirigeants, l’inconscience, la gabegie, le népotisme des autorités.
Ce tableau noir, lugubre et funeste, fait étalage de la mal gouvernance, l’exclusion, la corruption, la concussion, les forfaitures impunies et la désagrégation de notre corps social. Tout en procédant à un inventaire de multiples crises: sociales, économiques, morales, des crises de valeurs, le livre décrie la maltraitance d’une jeunesse, sans repères, exposée à un holocauste de misères ; une jeunesse à la croisée des chemins, à la merci des appétits des prédateurs voraces. Au-delà de la pertinence de la thématique et son caractère poignant, l’ouvrage invite la jeunesse à un défi commun. Il faut s’indigner de la résignation collective, sortir de l’enjeu de la peur et de la banqueroute.
Pour lutter contre les formes de dévoiement qui se multiplient au Cameroun, l’une des solutions serait de s’appuyer sur les valeurs sérieuses, sur les normes sociales et une moralité positive qui peuvent permettre de discipliner les conduites sociales, permettre d’organiser la moralité collective. Le livre de Charles Ateba qui apparaît tel un devoir de mémoire et une manière de rendre hommage aux victimes et à leurs familles, est aussi une sorte d’alerte qui interpelle la sagesse, les patriarches, les pouvoirs publics, les avant-gardistes, sur le nouveau contrat social et la nécessité de réfléchir sur l’homme en tant que être éthique, être moral, être porteur de valeurs, être appelé à assurer la survie de l’espèce humaine et de l’humanité. Il arrive fort à propos, dans un environnement fait d’une désorganisation générale de la société.