Crise anglophone: Paul Biya dans l’impasse

Paul Biya, Paulbiya, Président La crise serait en train de prendre une autre tournure

Fri, 15 Sep 2017 Source: camer.be

Les hommes de pouvoir n’ont pas attendu les grands orateurs du temps de la Grèce antique pour apprendre à se méfier des impasses. Depuis toujours, le jeu du pouvoir a établi que ces situations desservent les rois et profitent aux ambitieux. Ce n’est pas Napoléon Bonaparte, le Corse, tête couronnée de l’armée française, qui a profité des spasmes de la révolution française pour se hisser au pouvoir qui va en douter.

Et plus proche de nous, les régimes de fer de Hosni Moubarak en Egypte et de Ben Ali en Tunisie, ont cédé face à l’impasse créée par la fameuse révolution arabe. Une crise qui débouche sur une impasse est toujours une épine dans la chaussure des locataires des palais présidentiels. Sur le continent ces dernières années, beaucoup de chefs d’Etat ont payé de leur pouvoir la dégradation d’une manifestation de rue qui se métastase au point de révolter tout un peuple.

Si au Cameroun nous n’en sommes pas encore à la révolte, il est toutefois évident qu’on assiste, nous aussi, au parfait exemple d’une crise qui a débouché sur une impasse. Baptisée la crise anglophone dans les médias camerounais, la contestation populaire qui est née dans les rues des principales villes des deux provinces anglophones du Cameroun en novembre 2016 a bien viré à l’impasse. Sinon comment on est passé d’une revendication corporatiste formulée par les enseignants et les avocats anglophones pour arriver au discours irrédentiste qui fait actuellement débat.

Car comme le pense Cabral Libii, le coordonnateur du mouvement politique 11 millions de citoyens, l’accessoire a bien pris le pas sur le problème original. Un bouleversement qui témoigne bien qu’on est dans une impasse. Ceux qui en doutaient encore n’ont qu’à constater que la mobilisation n’est pas morte à Bamenda et à Buea, les deux principales villes anglophones.

Elle est seulement latente. Elle est même influente car les écoles sont presque vides et les rues parsemées. Les villes mortes sont toujours respectées… En tout état de cause, la crise est loin de s’être émoussé et la demande de l’indépendance de la partie anglophone du Cameroun a depuis traversée les frontières nationales.

Face à cette impasse, le pouvoir central de Yaoundé est pour l’instant à la recherche de la solution miracle. Le dialogue a accouché d’une souris et la méthode forte a davantage radicalisé les thuriféraires de l’idéologie sécessionniste. Tout est au point mort actuellement.

Même la libération d’une cinquantaine de personnes arrêtées après les échauffourées dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’ont pas réussi à décrisper la situation. Pire, le dialogue entre les radicaux anglophones et Yaoundé est complètement lézardé.

Le gouvernement va certainement jouer l’une de ses dernières cartes et ceux qui aspirent à la paix entre les deux parties du Cameroun croisent les doigts pour que Philemon Yang et ses ministres aient la bonne main cette fois-ci.

A défaut, que la communauté internationale use de son autorité pour endiguer cette crise qui dure depuis plus de huit mois. Sauf que cette solution n’est pas une réelle garantie depuis que cette même communauté internationale a décidé de diviser le Soudan en deux.

Auteur: camer.be