Avec le temps, les principales préoccupations à l’origine de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont donné l’impression de se diluer dans une déplorable cacophonie où il devenait de plus en plus difficile de décrypter le sens et la portée de certains paroles et gestes, dans un contexte marqué par la montée du radicalisme.
Pour sortir d’une situation de quasi blocage, il devenait urgent d’ouvrir des passerelles pour dialoguer. C’est pourquoi le chef de l’Etat a dépêché sur le terrain des missions composées de tous ceux dont les avis comptent dans la situation qui prévaut dans les régions anglophones depuis environ un an.
Conçue depuis les hautes sphères de la République, la politique de la main tendue mise en œuvre depuis quelques jours a pour objectif de ratisser large.
Le plus facile aurait été de convoquer quelques porteurs de revendications plus ou moins fondées, pour enregistrer des doléances. Plus pragmatique et réaliste, la démarche actuelle qui consiste à aller sur le terrain toucher du doigt et vivre en direct les réalités locales a été privilégiée. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des émissaires du pouvoir central vont à la rencontre des forces vives du pays profond.
La différence cette fois-ci tient au caractère assez diversifié, pour ne pas dire cosmopolite, des différentes délégations déployées ici et là et surtout à la nouvelle approche impulsée au dialogue. Il est question pour les délégations de faire pratiquement du porte à porte, en allant au contact physique des citoyens, des représentants des divers corps de métier et des acteurs de la société civile pour les écouter et échanger au besoin sur les grandes préoccupations de l’heure.
Pour que la concertation en cours ait plus de chances de succès, il aura fallu ratisser large pour faire participer tous les segments de la société à l’effort de dialogue, dont la crédibilité repose en grande partie sur la représentativité des interlocuteurs. On comprend dès lors pourquoi les chefs de délégation et ceux qui les accompagnent ont tenu à rencontrer, partout où ils sont passés, le maximum de personnes pour avoir un plus large écho des desiderata formulés jusque-là.
Si l’on s’en tient à la teneur des premières revendications de nature corporatiste en début de crise, puis à cette espèce d’amalgame qui a suivi, il faut visiblement beaucoup de patience et de tact pour démêler l’écheveau et aller à l’essentiel. Jusqu’ici, du beau monde a été convié autour de la table. Plusieurs concertations ont déjà eu lieu avec les représentants des transporteurs, des commerçants, des confessions religieuses, des mouvements associatifs, etc.
En plus des organisations professionnelles ou du clergé, d’autres leaders d’opinion à l’instar des chefs traditionnels, des responsables syndicaux ou politiques sont appelés à jouer un rôle non négligeable.
Une crise étant par définition un retournement de situation, une période difficile à surmonter, le rétablissement des grands équilibres antérieurs nécessite l’ouverture à tous les acteurs représentatifs de la société, à travers un échange franc et responsable, en vue de trouver des solutions durables aux problèmes objectifs à identifier avec le plus grand soin.