Extrait d’un entretien avec un confrère qui réside dans le Nord-Ouest profond. L’homme de 40 ans est fier de brandir le message à lui envoyé par le responsable des examens de la délégation des Enseignements secondaires, l’invitant à donner certaines indications à son fils admissible au Cap, en vue d’une réussite de la phase pratique.
« Ces écoles où on nous demande de ne pas envoyer nos enfants ne sont même pas construites par l’Etat. Ce sont les Apee. Nous payons ensuite les enseignants. Quelqu’un ne peut pas rester à l’étranger où ses enfants vont bien à l’école et me demander de laisser les miens à la maison. C’est un tort », réagit-il devant le reporter qui a souvent vu de nombreuses gens soutenir que « la révolution n’a pas de prix ».
Il est fier du succès de son fils, qui n’a pas suivi tous les cours de l’année. Contrairement à ce qui se disait jusque-là, de nombreux parents d’élèves sont désabusés. La zone anglophone est actuellement traversée par un doute sur la pertinence de la décision de laisser les enfants à la maison. A cela plusieurs raisons. Les fils des leaders qui résident à l’étranger ne participent pas au sacrifice. Certains d’entre ceux qui résident au pays ont été accusés à une époque d’avoir exfiltré leurs progénitures vers des établissements sûrs de la zone francophone, notamment dans les régions de l’Ouest et du Littoral.
Au point où l’on pense aujourd’hui que ceux qui n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école cette année sont ceux qui n’avaient pas d’alternative. Ici et là, ces parents parlent sans qu’on ait le moyen de vérifier, de la multiplication des grossesses non désirées, contractées en raison de l’oisiveté des enfants. Des sources non confirmées à ce jour annoncent le dépôt dans les services du Ministère des Enseignements secondaires de nombreuses demandes d’ouverture de la section anglophone dans certains établissements privés, à l’effet de recruter le flot des migrants scolaires qui arrive.
La position de l’Eglise catholique, propriétaire de nombreuses écoles de qualité et en procès avec un consortium des parents porté par deux colonels en rajoute à la crise. Les évêques du Nord-Ouest se sont dits prêts à rouvrir leurs écoles et collèges si les parents envoient volontairement les enfants. Un appel au boycott de l’Eglise a été lancé, puis un appel au boycott du boycott ! De nouveaux leaders de la contestation s’affirment, au détriment de l’objectif commun.
Autre flou : le comportement ambigu des enseignants anglophones qui n’ont pas enseigné mais n’ont pas hésité à postuler pour les corrections du General certificate of education (Gce), qui semble-t-il, rapporte assez d’argent. Convoqués à Buéa et Limbe, ils ont passé le temps à se tourner les pouces aux frais de l’Etat pendant huit jours. Faute de candidats, il y avait peu de copies à corriger. Les harmonisations qui durent souvent un jour en ont pris trois, certains correcteurs réussissaient à corriger dix copies par jour.