La principale formation politique de l’opposition a posé un acte fort en boycottant les séances d’ouverture de la session à l’Assemblée nationale et au Sénat. Le parti de John Fru Ndi exige un débat sur la forme de l’Etat.
Le Sdf a choisi de boycotter les séances d’ouverture de la session parlementaire de novembre à l’Assemblée nationale et au Sénat. Il était question pour le parti de John Fru Ndi d’attirer l’attention sur la crise anglophone qui dure depuis plus d’un an déjà. « Les groupes parlementaires du Front Social-Démocrate au Sénat et à l’Assemblée nationale expriment publiquement leur mécontentement sur la gestion de la crise socio-politique qui s’empire dans les régions anglophones du Cameroun», indique un communiqué de presse signé le 14 novembre par Banadzem Joseph Lukong et Jean Tsomelou.
« Au vu de l’impuissance du Parlement pour ce qui est de la crise anglophone, les groupes parlementaires SDF des deux chambres ont décidé de suspendre leur participation aux séances respectives d’ouverture des deux chambres et se réservent le droit de maintenir cette position pour le reste de la session si des mesures adéquates ne sont pas prises, mesures parmi lesquelles un débat inscrit et ouvert au Parlement sur la crise anglophone », conclut le communiqué de presse.
Ayant son siège à Bamenda dans l’un des régions marquées par la crise, le Sdf s’est retrouve depuis plusieurs mois plus également au cœur de cette crise. En novembre 2016, le député SDF Joseph Wirba, a longuement parlé du malaise des populations anglophones devant l’Assemblée nationale. Ce qui lui a valu d’être porté en triomphe par les populations de sa circonscription électorale, mais qui l’a également mis en insécurité par rapport aux autorités. Se sentant menacé, il a d’ailleurs dû s’exiler.
Fédéralisme
Si le SDF n’a pas immédiatement communiqué sur la sortie de Joseph Wirba, le parti s’est au cours des derniers mois plusieurs fois prononcé sur la situation dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Il a condamné les violences et la militarisation de la zone, tout en appelant à un dialogue pour trouver une issue à la crise. Le SDF a surtout rappelé chaque fois qu’il a évoqué la question son option prise dès sa création pour un Etat fédéral.
« On doit lutter pour le fédéralisme. Le SDF tient les clés de la paix dans ce pays. Il y a deux extrémistes, le gouvernement et les sécessionnistes », déclarait l’Honorable Awudu Mbaya lors du séminaire organisé à l’intention des parlementaires du Sdf les 14 et 15 septembre 2017 à Bamenda. Au lendemain de celui-ci d’ailleurs, le bruit selon lequel les députés du Nord-Ouest avaient décidé de quitter l’Assemblée nationale a couru.
En fait, les populations ont décidé de mettre la pression sur leurs parlementaires. Certains, face au peuple, ont fait des promesses. A la veille de l’actuelle session également, certains députés ont été pris à partie par les populations qui voulaient les empêcher de rejoindre Yaoundé. Le 1er octobre dernier, l’honorable Simon Fobi Nchinda a publié une tribune sur sa position par rapport aux revendications de son électorat. Il indiquait que le meilleur moyen de parvenir à une solution était de rester à l’Assemblée et de demander des comptes au régime Biya, mais écrivait également que s’il devenait nécessaire à un moment donné de quitter le Parlement, son peuple pouvait compter sur lui.
Mais, la position du Sdf était claire depuis la réunion du Comité Exécutif National (NEC) tenue le 28 octobre 2017. Dans ses résolutions, le NEC « exhorte tous les députés et sénateurs SDF à retourner au parlement et à poursuivre la mission qui leur a été confiée par le parti du peuple camerounais ; instruit tous les parlementaires SDF des deux chambres de se pencher avec la plus grande énergie lors de la session parlementaire de novembre 2017 sur la crise anglophone et particulièrement sur les atrocités commises par le président Biya et le régime RDPC contre les populations anglophones des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ».