La révolte de nos compatriotes anglophones en cours présentement place une fois de plus le Cameroun résolument à la croisée des chemins critiques de son histoire. Notre pays doit fondamentalement choisir entre sa libération et la continuation de sa subordination à la France-Afrique. Les conséquences dramatiques de chacun de ces deux chemins mutuellement exclusifs sont évidentes et ne souffrent d’aucune ambiguïté.
D’une part, le fédéralisme que revendique la population anglophone est pour le moment la seule voie réaliste pour entamer le démantèlement progressif du système colonial jacobin de la France-Afrique qui a tant retardé le développement de notre pays et continue à piller sans relâche ses ressources de façon multiforme. Ce système colonial a été installé dans notre pays à la fin des années 50 au Cameroun oriental sous protectorat français par le dernier gouverneur colonial d’Outre-Mer, Aujoulat envoyé au Cameroun à cet effet, puis ensuite rationalisé à grande échelle par l’État français dans le cadre de sa politique d’exploitation postcoloniale connue sous le vocable France-Afrique ou Françafrique. Ce système est jalousement gardé intact par les différents gouverneurs coloniaux locaux (localement choisis) qui ont succédé à Aujoulat après «l’indépendance». Pour mieux apprendre ou vérifier la véracité de nos allégations sur l’œuvre d’Aujoula relativement au système colonial en place aujourd’hui au Cameroun, faites vos propres recherches en inscrivant respectivement «Louis-Paul Aujoula Cameroun» et «Françafrique» dans la fenêtre de recherche de Google.Il y a fort heureusement une large documentation à ce sujet dans l’espace publique d’Internet.
D’autre part, le statut quo constitutionnel que défend bec et ongle notre gouvernement camerounais réputé pour sa nature coloniale locale (et l’establishment local de prédation qui en profite) ne pourra que cristalliser le système colonial d’Aujout déjà en place présentement, et pérenniser ce faisant la colonisation du Cameroun et la paupérisation continuelle de son peuple, de génération en génération.
À cette croisée de chemin, le peuple camerounais prend note des actes, faits et gestes de chacun. Notre peuple martyrisé en permanence depuis les années 50 a la mémoire éternelle et saura le temps venu se souvenir de ce que chacun de ses fils et filles, soi-disant faiseurs d’opinion prend comme position dans les média, en ce moment de grande décision.
À cette heure de grande décision existentielle pour notre pays, la question devant nous est simple et claire. Sommes-nous oui ou non gardiens complices du système colonial mis en place contre le Cameroun par Aujoulat et formalisé par la France-Afrique? Sommes-nous oui ou non pour la continuation de la colonisation du Cameroun, pour le vol et le bradage de ses ressources et pour la paupérisation du peuple camerounais par la France-Afrique? Au contraire, sommes-nous oui ou non pour la libération de notre pays de ce bourbier colonial? Dans ce débat, agissons-nous dans la forme et sur le fonds comme des porte-parole du maintien du régime colonial du gouverneur Aujoulat ou sommes-nous des patriotes qui militent pour l’émancipation, l’indépendance et le développement de leur pays? Le peuple camerounais et l’histoire sauront juger chacun de nous dans son choix, son positionnement dans ce débat.
Plus précisément, à bien regarder, la forme de l’État est sans équivoque et sans ambiguïté la question fondamentale au cœur de la problématique qui nous interpelle en ce moment: Le nœud du problème est la décision collective à prendre sur la forme constitutionnelle que doit prendre notre État afin de mieux faire face à ses défis de souveraineté effective, de développement et du vivre ensembles des différentes collectivités ethniques qui le composent, n’en déplaise aux déclarations intempestives et fourbes des uns et des autres du contraire. La forme de notre État est effectivement l’enjeu central du problème Anglophone et de toutes les autres marginalisations exprimées à travers les memoranda qui fusent de toutes les régions du pays.
Aucune ruse coloniale habituelle ne parviendra à tromper encore la vigilance du peuple camerounais qui en a beaucoup appris à répétition depuis les années 50.
Que ce soit la création de la commission «machin» ou la nomination du citoyen X au poste Y, le peuple ne s’en contentera plus car pure et simple diversion.
Comme c’est déjà le cas ailleurs dans le monde, seule la modification de la constitution du pays pour y instaurer une décentralisation effective et efficiente, et dans le cas d’espèce un nouveau régime fédéral, peut régler durablement le problème anglophone et les autres marginalisations dans notre pays.
D’aucuns prétendent sans aucun argument ou preuve à l’appui que réviser la forme de l’État mettra en péril l’intégrité du territoire de notre pays. Le message subliminal en filigrane à cette hypothèse fondamentalement farfelue est que le fédéralisme demandé par les patriotes camerounais détruira en soi l’unité nationale du pays et causera la sécession. Cette assertion n’est rien de moins qu’une évidente campagne de peur qui n’a aucun fondement.
En effet, si le fédéralisme en soit, de façon inhérente et intrinsèque détruisait du simple fait de sa nature l’intégrité territoriale des pays qui l’adoptent, la Suisse, l’Allemagne, l’Australie, les États-Unis d’Amériques se seraient déjà désintégrés et n’existeraient plus (pour ne citer que ceux-là alors qu’un seul contre-exemple suffit pour invalider ce mensonge).
Dans les faits, la forme de l’État ou le fédéralisme n’a rien à voir avec l’intégrité du territoire d’un pays. C’est le bonheur des citoyens à vivre dans leur pays et la qualité du vivre ensemble des différentes collectivités au sein du pays qui consolident la cohésion nationale; sérénité qui est bien loin des marginalisations décriées çà et là à travers toute la République jacobine hyper centralisée du Cameroun d’aujourd’hui. Le fédéralisme sera plutôt une solution et non le problème.
Toute autre solution envisagée qui ne touche pas la forme actuelle de l’État est mort-né et sans objet car n’adressant pas le problème à régler, et sera vue pour ce qu'elle est : une continuation de la perfidie, de la tromperie et de la fourberie coloniale habituelle dont le peuple camerounais s’est accoutumé à chaque rendez-vous avec son histoire depuis les années 50.
Par conséquent, il est inutile de continuer à tenter de diaboliser nos compatriotes anglophones dans leur lutte légitime et fondée pour l’instauration du fédéralisme qui seul permettra enfin aux camerounais de toutes les régions marginalisées de se prendre efficacement en main localement.
De plus, le rétablissement de notre système fédéral qui fut aboli spécifiquement par la France-Afrique dans le seul but de compléter sa main basse sur toute l’étendue de notre territoire national est une solution incrémentale cruciale vers la sortie inéluctable de notre pays de ce carcan colonial.
En se battant avec autant de détermination pour l’instauration du fédéralisme qui seul peut en réalité préserver leur identité au Cameroun, nos compatriotes anglophones émergent aussi hors de tout doute de cette crise comme les seuls vrais patriotes qui se battent pour l’intérêt général de tous les camerounais des 4 coins du pays, du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est. Les Anglophones sont en train de porter sur leurs seules épaules la bataille générale et nationale pour l’émancipation de tout le Cameroun et pour sa sortie de la France-Afrique. En effet, la majorité francophone et son intelligentsia semblent avoir déjà complètement abdiqué et accepté avec une complaisante fatalité l’état de fait de la domination de la France-Afrique qui fait main basse sur tout le pays.
Tout comme ils l’ont déjà fait avec brio en 1990 lors de la lutte héroïque contre le parti unique du régime du président Biya, les Anglophones du Cameroun prouvent par leur révolte que l’espoir est encore permis pour le réveil et pour la renaissance éventuels du Cameroun.
Cette bataille pour le fédéralisme ne sera pas facile parce qu’elle touche effectivement là où ça fait mal au système colonial d’Aujoulat en place au Cameroun. La résistance des gardiens locaux et extérieurs de ce système colonial sera féroce. Au fur et mesure que la lutte se corsera, beaucoup des masques finiront par tomber en plein jour pour exposer la face des ennemis cachés de notre pays qui dans bien de cas vivent et prospèrent en son propre sein. Mais au bout du compte, le Cameroun finira par se libérer de ce joug colonial.
Merci compatriotes Anglophones du Cameroun. Même à des milliers de kilomètres du Cameroun, nous sommes de tout cœur avec vous dans cette noble lutte pour un Cameroun juste envers toutes ses communautés, débout, uni et maître de son destin.
La forme de l’État est effectivement et essentiellement le fond du problème Anglophone et des autres marginalisations à travers notre pays.
La demande de la révision de la forme de l’État pour installer un régime fédéral que demande la population anglophone du pays n’est pas seulement juste, justifiée et légitime comme solution efficace pour juguler les marginalisations observées et décriées à travers tout le pays; cette modification réclamée est également nécessaire comme premier pas pour commencer irréversiblement le démantèlement du système colonial de la France-Afrique en place et qui asphyxie le Cameroun.
Chaque camerounais doit choisir son camp dans cette bataille politique existentielle pour notre pays, et ce de façon de façon éclairée et réfléchie.