Les initiatives du gouvernement visant à ramener la paix et la concorde dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest buttent sur l’intransigeance des leaders de la contestation.
Selon le bihebdomadaire Repères en kiosque ce 16 octobre 2017, depuis le déclenchement de la crise anglophone, les initiatives du gouvernement visant à ramener la paix ne se comptent plus. Même si la pertinence de certaines mesures peut être sujette à débat. Le dernier acte date du 13 octobre dernier.
Ce jour-là, relève le journal, Ghogomu Paul Mingo, le directeur de cabinet du Premier ministre, annonce qu’après les malheureux et regrettables incidents du 22 septembre et du 1er octobre, le chef de l’Etat demande au chef du gouvernement de déployer des délégations d’élites dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Celles-ci doivent, du 15 au 24 octobre, sillonner ces deux Régions pour renouer les fils du dialogue avec les populations.
Le lendemain de l’annonce de cette mission, la réaction d’un leader de la contestation ne s’est pas fait attendre. «Suite à la décision du gouvernement d’envoyer une délégation d’élites visiter et dialoguer avec la population des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, nous condamnons fermement, rejetons et nous dissocions de ces visites. Les meurtres, les arrestations et les violences du 22 septembre et du 1er octobre auraient été évités si le droit fondamental des manifestations pacifiques était respecté et si le gouvernement faisait preuve de bonne volonté pour dialoguer et écouter la population», écrit Nkongho Felix Agbor.
Celui qui, au lendemain de sa remise en liberté, disait attendre «avec impatience que le chef de l’Etat demande un dialogue pour aborder les causes profondes de la crise anglophone pour y trouver des solutions» refuse de voir à travers ce déploiement des élites une amorce du dialogue souhaité par presque tout le monde. «À une époque où des centaines de personnes ont été arbitrairement arrêtées, des centaines cherchent refuge dans des fermes et des disparitions, des dizaines de morts et de nombreuses personnes hospitalisées avec des blessures par balle, nous considérons ces visites comme une provocation et une moquerie de la population», s’offusque-t-il.
Pour Repères, l’avocat devenu soudainement célèbre pose les conditions du dialogue : «Pour apaiser la population, le gouvernement est appelé à libérer tous les manifestants pacifiques, à rendre compte du nombre de morts, à rétablir l’accès à internet et à convoquer une table ronde en présence des Nations unies.»
Si depuis le déclenchement de cette crise sociopolitique, le gouvernement a pris des mesures en faveur de l’apaisement ne faisant pas l’unanimité, force est tout de même de reconnaître que le sommet de l’Etat a fait des concessions qui feront date et qui, sans nul doute, devraient se multiplier si Nkongho Felix Agbor et les siens ouvraient la porte au dialogue, crédo des pouvoirs publics.