Crise anglophone: le silence des écoles de Bamenda

Ecole Bamenda Silence . Les parents condamnent fermement les actes perpétrés par des hommes sans foi ni loi

Sun, 30 Apr 2017 Source: camer.be

Tout porte à croire qu’il n’y a pas d’élèves dans la ville. Ils ont été expulsés manu militari des salles de classe. Ils fréquentent pour la plupart l’école buissonnière. Les parents condamnent fermement les actes perpétrés par des hommes sans foi ni loi.

Il est 10 heures à Bambui. Des cours de récréation des écoles confessionnelles sont vides. La psychose n’a pas bougée d’un cran. Dans des enceintes scolaires, retentissent uniquement quelques cris d’oiseaux migratoires. Dans des salles de classe, des tables bancs ne se plaignent guère de leur non usage. L’on dirait qu’elles se parlent en langage de sourd. Dans une salle de classe où nous n’avons pas eu accès, l’on nous renseigne des dernières leçons qui datent de 19 novembre 2016. Personne ne savait ce qui allait advenir le lendemain. Les jours qui suivaient, tout était aux arrêts. Certains hors la loi ont pris l’école en otage. Il y avait de l’espoir de reprendre, mais les instigateurs du mot d’ordre du débrayage avaient formé des badauds qui ne veillaient qu’au non reprise des cours. Bonne nouvelle ! Certains établissements n’ont pas connu d’arrêt des cours, ils y sont dispensés en toute quiétude sous le regard envieux des autres qui en sont privés.

La barbarie

Depuis le déclenchement de la crise, Job-Klin, Victoria, Erica et Jean Baptiste, des enfants de Frankin Mowha, se sont retirés à quelques encablures de la ville où ils vivent désormais auprès de leur grand-mère. Des répétiteurs arrivent chaque soir et leurs enseignent les mathématiques et les matières importantes. En plein temps, ils participent aux tâches ménagères et champêtres. Les tables bancs ne sont plus qu’un lointain souvenir pour eux. Ils fréquentaient au GTHS (Government Technical High School) et au St Peter School de Bambui.

Martin Alaifang, instituteur, nous raconte la douloureuse épopée d’une fillette, habillée en tenue, qui s’est fait humiliée par des jeunes gens, l’enduisant de boue, son sac, ses cahiers et ses livres déchirés, non sans l’avoir trainée au sol. Fondue en larmes, elle ne pouvait raconter son triste souvenir qu’au directeur qui a pris le risque d’ouvrir son bureau, car ses camarades ont signé aux abonnés absents, traumatisés par la terreur des assaillants.

Aubin Talom se félicite d’avoir compris très tôt et a anticipé sur la fin d’année scolaire. « J’ai fait partir ma famille depuis la fin du mois de janvier 2017, où j’ai inscrit mes enfants au lycée. C’est vrai qu’ils trainent le traumatisme. Mais on fait avec », le fonctionnaire est très dubitatif et se demande toujours si ses enfants pourront réussir en fin d’année.

Dans des internats des écoles confessionnelles, les hauts responsables de l’église ont demandé aux parents de venir chercher leurs progénitures. Courroucés, plusieurs parents ont décidé d’attraire des hommes de Dieu en justice. Le procès qui est pendant, déterminera des principales responsabilités. Toujours est-il, des parents ont très mal de voir leurs progénitures d’être privées d’éducation. « Nous n’avons pas les moyens comme les autres d’envoyer nos enfants en occident pour continuer leurs études, nous sommes pour la plupart des pauvres agriculteurs », déclare un chef de famille, fondant ensuite en larmes.

Auteur: camer.be
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