Crise anglophone: les nouveaux pleins pouvoirs des militaires sur les civils

BIR Cameroun Zones Anglophones Bir L'armée camerounaise est accusée de tortures, d'assassinats en zones anglophones

Fri, 20 Jul 2018 Source: Michel Biem Tong

Sous Paul Biya, le militaire dispose du droit de vie ou de mort sur des citoyens sans avoir à rendre compte de quoi que ce soit à qui que ce soit. Bien plus, son régime sanguinaire et crapuleux s’évertue toujours à couvrir les basses œuvres de l’armée là où on s’attend à une enquête puis à un procès devant le tribunal militaire.

“Silence, on torture et tue”. Cette devise aurait-elle remplacée la très célèbre “honneur et fidélité” qui est celle de l’armée camerounaise? Les derniers développements de l’actualité des droits humains nous le laissent croire. Il est clair que les militaires camerounais disposent du droit de massacrer des populations civiles innocentes.

Le président de la République et chef des forces armées, Paul Biya, le chef d’état-major des armées, René Claude Meka et le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, leur garantit de l’impunité. Le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l’armée et le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary sont là pour couvrir leurs crimes en les présentant à l’opinion comme des anges protecteurs de la République.

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La semaine dernière, une vidéo montrant des militaires camerounais en train d’exécuter deux femmes et leurs deux enfants respectifs dans l’Extrême-Nord a fait le tour du monde et réagir des organismes de défense des droits humains qui ont condamné cet acte cruel, inhumain et dégradant.

“Fake News”

Toutes les authentifications effectuées tant par le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale que l’ONG Amnesty International ont concordé à une réalité: la scène renvoyée par cette vidéo se déroule bel et bien au Cameroun. Bien plus, d’autres démarches de géolocalisation ont permis d’identifier les militaires camerounais auteurs de cette tuerie.

Alors qu’on s’attendait à l’ouverture d’une enquête en vue d’établir la véracité de cette scène horrible, le régime de Paul Biya et ses agents embusqués sur les réseaux sociaux ont tout de suite sombré dans le déni. Sans la moindre enquête préalable, ce régime là a conclu au “Fake News”.

Dans un communiqué rendu public ce 18 juillet 2018, le ministre Joseph Beti Assomo accuse l’écrivain et activiste camerounaise basé aux USA, Patrice Nganang, d’avoir “manipulé une série d’images prise hors du Cameroun, qu’il a par la suite monté dans un scénario pour accabler les Forces de Défense». Bien avant lui, le porte-parole du gouvernemnt Issa Tchiroma Bakary, au côté du colonel Badjeck, avait déjà parlé la semaine dernière d’une manipulation.

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Coup d’Etat manqué d’avril 1984

L’armée au Cameroun est donc comme cette garde royale aussi choyée que le roi lui-même. Il faut remonter à l’histoire pour comprendre pourquoi au Cameroun, le militaire est un demi-dieu. Paul Biya arrive à la tête du Cameroun le 6 novembre 1982. Le 6 avril 1984, il échappe à un coup d’Etat grâce à une partie de l’armée qui lui est restée loyale.

Sachant qu’il lui doit la survie de son pouvoir,Paul Biya a accordé à l’armée une zone de non-droit où tout lui est permis. Toutes les operations de maintien de l’ordre menée par elle se sont toujours terminées dans un bain de sang. Notamment lors du Commandement opérationnel au début des années 2000 dans la ville de Douala et des émeutes de février 2008.

Des éléments du Bataillon d’intervention rapide

La guerre d’indépendance en cours dans le Southern Cameroon charrie son lot de victimes civiles tuées par l’armée camerounaise. Seulement la semaine dernière, 29 civils ont été tués dont 15 tous membres d’une même famille parmi lesquels 3 enfants de 1, 5 et 8 ans.

Avec un bilan aussi sanglant et macabre, peut-on courir le risque de se tromper en disant que Paul Biya est un civil à la tête d’un régime militaire? Peut-on se tromper d’analyse en mettant toutes ces tueries sur le compte d’une volonté de “terroriser” le peuple et de le soumettre à vie au chef?

Auteur: Michel Biem Tong