On a beaucoup parlé de marche le week-end dernier. On ne s’en rend peut-être pas compte, marcher est un exercice qui n’est pas donné à n’importe qui. Il faut un certain équilibre physique et une disposition d’esprit pour se tenir debout et marcher. Avec la marche, un homme comme une société gagne en vitalité, en endurance ou bien en sérénité.
Avec la marche tout est possible. C’est la vie au bout des pieds.
Il y a plusieurs sortes de marches : celles qui se veulent hygiéniques comme la marche nordique. Il s'agit d'une marche dynamique utilisant des bâtons légers et adaptés permettant la propulsion avec les bras. Très populaire dans les pays scandinaves.
La marche version "chi" permet de coupler l'aspect énergétique des gymnastiques de santé asiatiques et les bienfaits de la marche. En pratique, on marche en pleine nature, ambiance randonnée toute douce, en réveillant son chi (énergie vitale).
La randonnée : il s’’agit de Marcher, ne faire plus qu'un avec notre belle planète. Retrouver ce plaisir rare de marcher sur un chemin d'eau, parcourir toute une région pour les plus entraînés...
Dans certaines parties du globe, les tribus se déplacent pieds nus, sur un sol mou et régulier. C'est le cas des tribus Masaïs de l'Est africain. Et plus spécifiquement des guerriers, dont on peut admirer la posture "fière" et droite, parfaitement alignée.
Les marches, il y en aura toujours. De toutes sortes. Autant en politique, mieux que les discours de plus en plus inaudibles des leaders et activistes de tous bords, c’est une nécessité vitale pour faire bouger les lignes.
Marcher est au-delà de l’utilitaire, un acte de courage et de lucidité, un engagement à mettre un pas après l’autre, et un choix. Choix de mouvement, choix de direction. Marcher, c’est tendre vers tel objectif, résultat ou état : marcher vers le succès ; marcher pour le changement Marche hygiénique ou subversive, de protestation, d’affirmation ou de soutien à une cause, on s’en rend compte, la marche est bonne pour la santé : sociale ou physiologique…
Pratiquement depuis l’avènement de ce que l’on appelle la démocratie au Cameroun, les marches se sont succédé, au gré des motivations des uns et des autres. Il y a eu la marche tragique lors de la naissance du Sdf à Bamenda, précédé il est vrai par la marche du Rdpc contre le multipartisme. Il y a eu la marche dite citoyenne contre Boko Haram. On pourra aussi citer cette marche avortée de samedi dernier, organisée par le Sdf Littoral, étouffée dans l’œuf par la soldatesque.
Activité naturelle, la marche peut être pratiquée par tous (sauf en cas de problèmes de santé aigu). Nous sommes tous faits pour bouger et la personne qui marche enregistre immédiatement une production d'énergie, un meilleur acheminement d'oxygène dans le sang et les muscles. La marche consolide le squelette de la société.
Jésus même était un excellent marcheur. L’évangile dans ce sens nous apporte d’abondants et savoureux témoignages : « Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés.
Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! C’est moi; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Toujours dans l’évangile, le paralysé à la piscine de Bethesda. C’est à ce dernier que Jésus dit : « Lève-toi, prends ton lit et marche. » L’apôtre Pierre redira la même chose à l’infirme de la Belle Porte du Temple, après le départ de Jésus : « Je n’ai ni or ni argent ; mais ce que j’ai, je te le donne : Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. »
A tout moment, Jésus, par sa Parole ou par les événements, nous dit à chacun : « Aujourd’hui, lève-toi et marche. » Invitation à ne pas céder à la désespérance, à croire que tout est encore possible, que Jésus marche avec nous sur la route, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs, au soir de Pâques.
Tout est donc possible à ceux qui marchent. Et parce que tout est possible, faire marcher un mort ou un paralytique, marcher sur les eaux de la pluie diluvienne de samedi dernier a suscité de la peur dans la cité pour ceux qui ont peur des reformes, pour ceux qui s’accrochent à leur privilège, pour ceux qui refusent de tendre la main à l’autre et veulent infantiliser le peuple sur des complots vrais ou supposés.
Alors question : à supposer que les martiens veuillent nous voler notre pétrole ou d’autres hydrocarbures, à supposer que pour cela les anglophones veulent le fédéralisme, s’il est interdit de marcher, que propose-t-on à la place ? Qu’est ce qui empêche de s’asseoir sous l’arbre à palabre et discuter pour arriver à un consensus sur la forme de l’Etat ?
On a bien vu la formidable levée de bouclier d’un peuple face aux terroristes de boko haram qui souhaitaient installer le chaos et s’accaparer d’un morceau de notre chère patrie. C’est ce même peuple –anglophone ou francophone- qui crie son mal être et souhaite se réconcilier avec lui-même, pour ensemble créer des conditions de paix et de concorde, pour une marche commune vers le développement et le progrès.
Et si cette histoire de sécessionnisme était du pipeau ? Ou passeront-ils pour vaincre le patriotisme légendaire des camerounais que l’on a vu à Bakassi, et dans le Septentrion ? Dans une marche citoyenne?