Crise anglophone: un tournant critique vers la guerre civile?

Zone Anglophone Morts Cette tournure est par contre la victoire des extrémistes

Thu, 9 Nov 2017 Source: Celestin Bedzigui

Le meurtre de trois agents des forces de l'ordre dans le NW doit être condamné sans concession. Leurs auteurs et ceux-là qui les ont inspirés doivent être recherchés et neutralisés. Hier, nous avons condamnés avec énergie le tir à balles réelles sur des manifestants aux mains nues. De la même manière, nous condamnons aujourd'hui ce recours à une violence meurtrière d'individus qui méritent le qualificatif de terroristes, le prétexte d'une revendication politique ne pouvant justifier de tels crimes.

Cet épisode marque une tournure de la crise anglophone avec l'entrée en jeu du BIR, force de troisième catégorie faite pour tuer. Cette initiative du gouvernement n'est pas condamnable à maints égards. Elle signale l'aggravation d'une situation mal gérée par ce gouvernement si incompétent et qui place le KAMER à un jet de pierre de l'embrasement d'une guerre civile dans le Southern Cameroons.

Il s'agit en fait de l'échec du pôle des modérés dans cette crise, un pôle qui regroupe les partisans de la décentralisation et ceux du fédéralisme. J'en suis un. Nous n'avons pas pu obtenir un recours volontariste au dialogue et ouvrir une brèche dans le mur des incompréhensions et de la méfiance pour construire un compromis républicain.

Cette tournure est par contre la victoire des extrémistes, ceux-là qui se reconnaissent, à droite, par un attachement hystérique au jacobinisme actuel de l'État et, à gauche, par une proclamation irresponsable de la sécession et une incitation à des actes de terrorisme meurtriers.

Nous voilà au milieu du gué de toutes les incertitudes et de tous les risques. Pour en sortir et bâtir un futur pacifié, il y a des exigences qui se doivent d'être préservées.

La première exigence est que l'autorité de l'État soit préservée. L'affectation du BIR sur le terrain en est une première marque qui commande la plus grande fermeté dans l'action contre ceux qui posent des actes terroristes; leur neutralisation se doit d'être effective et l'action des forces de sécurité chargées de protéger les populations être encouragée. Il est capital toutefois de souligner que ce ne sera pas aux forces armées de résoudre le "problème anglophone " dont l'essence est politique. La solution ne peut donc être que politique.

Il s'en déduit la seconde exigence qui est le retour au dialogue entre les modérés pour débattre d'une évolution de la gouvernance vers la décentralisation ou le fédéralisme. Il ne doit pas etre oublié que la crise anglophone est un problème auquel le mode de résolution a déjà été identifié à savoir le dialogue. Plus que par le passé, ce dialogue devient un impératif et cesser d'être un serpent de mer dont parle sans arrêt ce gouvernement sans jamais vouloir l'engager effectivement.

Voici venu le temps du génie en politique. Que ceux-là qui ont en main les leviers de l'État démontrent donc leur talent.

Auteur: Celestin Bedzigui