Débat sur la succession de Paul Biya : voici ce qui a réellement provoqué la colère d’Etoudi

Les deux hommes forts d'Etoudi

Fri, 1 Jul 2022 Source: Serge Aimé Bikoi

"La Grande palabre sur la succession présidentielle au Cameroun: jeux et enjeux ", un thème qui fâche et qui entraîne l'interdiction d'une réunion publique à Yaoundé.

Il était prévu, cet après-midi(jeudi, 30 juin 2022), une conférence publique sur cette thématique. Débat organisé par Jean-Bosco Talla, initiateur du débat public dénommé "La Grande palabre".

Quelques dizaines de personnes déjà présentes à l'extérieur de l'hôtel Franco ont été sommées de ne pas accéder à ce lieu en raison de la décision d'interdiction servie, séance tenante, par l'autorité administrative territorialement compétente accompagnée par des éléments de la police, qui comme à l'accoutumée, veillent au respect de cette mesure. Le motif évoqué par le sous-préfet de l'arrondissement de Yaoundé 1er, Nyandji Mgbatou Harouna, est :"risque de perturbation de l'ordre social".

Interviewé par des journalistes, Jean-Bosco Talla annonce qu'il va, à nouveau, intenter une procédure judiciaire contre l'État du Cameroun pour le report de cette décision-là. Et pour cause: l'organisateur de "la Grande palabre sur la succession présidentielle au Cameroun : jeux et enjeux" vient de subir, affirme-t-il, un préjudice vu que certains participants dûment conviés à cet échange public sont partis qui de Douala, qui de Bafoussam, etc pour rallier Yaoundé, le siège des institutions de la République. Sans conteste, il y a une incidence pécuniaire dommageable en termes organisationnel.

De plus, le Directeur de la publication du journal "Germinal" dit être surpris par le fait que c'est hier(mercredi, 29 juin 2022) que la décision d'interdiction de cette réunion publique a été signée par cette autorité administrative parce que, explique Nyandji Mgbatou Harouna, "le thème est très sensible et nous sommes à une période sensible". Pourtant, J.-B. Talla a, chose curieuse, retiré le récépissé de déclaration de cette réunion publique le 28 juin 2022. D'où vient-il donc que cette réunion publique soit, in extremis, interdite le jour de veille de sa tenue, et que ce soit le jour j que la note d'interdiction soit présentée à l'organisateur ? J.-B. Talla dit, manifestement, n'avoir pas été au courant de cette décision d'interdiction. Et l'autorité administrative de lui faire savoir qu'il a été, à plusieurs reprises, joint au téléphone parce qu'elle voulait le lui signifier, mais en vain!

Pour cet enseignant de formation et de profession, "cette décision d'interdiction porte un coup terrible à l'image du Cameroun". Il ajoute que ce sont des ennemis du pays qui orchestrent cette basse manœuvre pour faire main basse sur cette initiative, qui était déjà à sa 6ème édition cette fin de mois juin 2022. D'ailleurs, J.-B. Talla mentionne qu'une personnalité publique l'a joint au téléphone il y a peu et lui a révélé que cette réunion publique sera interdite. Toute chose qui s'est, d'ailleurs, concrétisée tant cette autorité administrative a signé cet acte d'interdiction. Et l'initiateur de la Grande palabre de s'interroger: "pourquoi sont-elles (les autorités administratives) si frileuses ?"

En rappel, il y a une décision de justice qui condamne l'État du Cameroun pour les mêmes faits et pour les mêmes motifs. En effet, le magistrat dit très bien que ce n'est pas une réunion qui se tient sur la place publique, mais que la décision d'interdire au prétexte qu'il y a trouble à l'ordre public est une disposition disproportionnée. En réalité, en pareille circonstance, le sous-préfet de l'arrondissement de Yaoundé 1er aurait donc pu prendre des mesures pour sauvegarder l'ordre public. Une salle n'est pas une voie publique. La décision de justice qui avait été favorable à J.-B. Talla dans le contentieux l'opposant à l'État du Cameroun est claire et nette. "C'est une jurisprudence que nous allons actionner dans le cas d'espèce", conclut-il in fine.

Par Serge Aimé Bikoi

Auteur: Serge Aimé Bikoi