Le décès de l'enseignant camerounais qui a fait 10 ans de service sans salaire continue d'être au cœur des débats et fait toujours objet de déclarations tous azimuts. L'une des dernières sorties sur ce sujet est celle de Christelle Nadia Fotso. L'écrivaine rend hommage à l'enseignant, mais dit aussi ses 4 vérités aux Camerounais. Voici la tribune de la fille de feu Victor Fosto.
---
"De mon île déserte, je lis ces hommages, ces analyses sur cet enseignant camerounais qui a passé 10 ans sans salaire et qui est décédé. Mort attendue et sans doute bienvenue pour beaucoup. Elle permet de se focaliser sur un arbre en évitant de regarder la jungle On reconnaît là les Camerounais et leur humanité de circonstance qui ne dure que le temps d’un selfie. Au Cameroun, on ne loue véritablement les victimes que lorsqu’elles ont été broyées et que la charité ne servira plus à grand chose. Ne jamais aider les faibles, ce serait les récompenser, les encourager à mendier, ne plus travailler et à force de coups bas, de sauvagerie et de toupet devenir des njitapeurs. On préfère pleurer pour se déresponsabiliser en faisant du problème une question de cœur et non de décence pour éviter de débattre sur ces choses, ces gens qu’on ne sait voir...ces mots qui crient et ne sont guère entendables !
Les sociétés camerounaises sont des lieux de domination et de prédation où les inégalités et les injustices sont non seulement tolérées mais actées. L’état au Cameroun, on le sait depuis au moins Jean-François Bayart, ne reflète que cela. Un Camerounais nommé Hamidou peut travailler 10 ans sans salaire sans mouvement social, sans sursaut, sans révolte, sans bruit parce qu’il s’appelle Hamidou et qu’il a beau être enseignant mais il a le nom et l’apparence d’un tapeur de bœufs et d’un gardien d’une résidence privée.
En regardant les photos d’Hamidou, je vois ces Camerounais qui se battent mais n’y arrivent pas, et pourtant restent dans un pays où les misérables sont considérés comme des paresseux ou des losers. Célestin Monga affirme que le principal produit d’exportation du Cameroun est le talent. Il n’a pas tort mais le Cameroun exporte aussi et surtout ses losers, ses marginaux et ses pestiférés. Ces ricanements qu’on entend dans les ambassades en évoquant les sans papiers, ceux qui se cherchent désespérément sans se trouver et qui ont parfois besoin de l'aide de leur pays.. LOL.
Que n’a pas dû entendre Hamidou durant ces 10 ans de ses concitoyens…On a dû lui dire qu’il était un pleurnichard, un perdant, qu’il ne savait pas se battre ou faire l’argent, qu’il devait avancer, qu’il aimait trop qu’on ait pitié de lui, qu’il fallait supporter, que c’est Allah qui le veut et surtout ce fameux on va faire comment ! Un excellent ministre camerounais affirme que personne n’a tué Hamidou et qu’il est mort de maladie. Parce que je suis une vraie new-yorkaise, je ne le clasherai pas. Je n’apostrophe que les forts en étant clémente avec les faibles et en ayant pitié surtout de ceux qui souffrent sans toujours le réaliser ou savoir l'admettre... C’est la camerounité qui a eu raison d’Hamidou…Ce mal contagieux qui rongent les bijoux de famille des Camerounais en les faisant jouir de leur propre njitapage… ces vieilles actrices de porno qui apprennent à simuler l’orgasme durant les gang-bangs en espérant que les zizis faroteront.
L’éducation…l’enseignement…dans les sociétés qui la valorisent, on sait comment finissent les Thénardiers et qu’il n’y a pas de Jean Valjean sans Monseigneur Myriel tout comme il est évident qu’un pays qui ne produit plus de Monseigneur Dongmo finit par devenir celui où Fantine prostitue Cosette lorsqu’elle n’attire plus que la vermine. Décadence en chantant.
On me reproche avec une mauvaise foi suffisante ou une ignorance affligeante de ne parler que de Victor Fotso. Egocentrique comme toutes les mères juives qui ont mis au monde des génies, je parle de mon enfant pour parler du Cameroun, de l’Afrique et de notre époque. Une société saine ne trie pas ses victimes, ne prend pas un plaisir salace à produire des martyrs pour les louer quand ils expirent. Elle ne choisit pas ceux qu’il faut plaindre, pleurer ou enterrer en étant exaspérée par les lamentations de ceux qui sont la camerounité tragique puisqu’ils se révoltent et se battent pour le njitapage des njitapeurs.
Le Cameroun sont obsédés par des individualités surtout lorsqu’elles font du bruit, brillent ou explosent, des cas individuels parce qu’il n’y a plus de causes communes et que le socle national se fissure. Hamidou a appris trop tard à faire du bruit. Il a continué à enseigner, à faire son travail 10 ans sans salaire. Il n’est guère surprenant que les enseignants soient dans la rue sans que le pays ne s’arrête…Ils font un métier qui ne compte pas dans un pays où avoir est plus important que savoir. Souffrir jusqu’à la mort lorsqu’on a rien pour devenir un martyr en confirmant comme le montre le plus camerounais des ministres que l’inculture culottée rapporte gros !
Facile et confortable de pleurer Hamidou. Il sera oublié dans deux semaines durant les matchs Cameroun-Algérie. Le Cameroun se rétrécit ; les Camerounais sont Lilliputiens… c’est la Fecafoot ! "