Dérives sur les réseaux sociaux

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Wed, 2 Nov 2016 Source: Sorèle GUEBEDIANG

Avant-hier, 30 octobre 2016, un bus vide de la Compagnie Musango Bus Services rentrait à Buea. Au lieu dit Dikoum, à une quarantaine de kilomètres de Douala, il est percuté à un virage par un camion. Bilan : aucun mort, mais deux blessés, dont un dans un état critique, en l’occurrence le mécanicien qui était au volant et le chauffeur qui a subi des blessures légères. Un communiqué de l’Agence de voyage souligne bien le fait que le bus « ne transportait aucun passager ». Mais, sur les réseaux sociaux, Facebook notamment, on parle de 35 morts, dans un bus qui n’avait que deux personnes à son bord.

Quelques jours auparavant, sur Facebook toujours, un pseudo accident de la circulation impliquant cette fois un supposé bus de Buca Voyages aux alentours de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, aurait fait 25 morts imaginaires. Des images montées de toutes pièces défilent, provoquant la panique dans les familles, alors que rien de tel ne s’est produit. Bien avant cela, le 21 octobre 2016, c’est par un communiqué radio ferme et sans équivoque que le gouverneur de la région de l’Ouest, Augustine Awa Fonka, a mis fin à la polémique qui a enflé toute l’après-midi de ce vendredi-là sur les réseaux sociaux, à propos d’un supposé incident survenu à l’aéroport de Bafoussam-Bamougoum. En effet, suite au déraillement d’un train de Camrail à Eséka, certains esprits ont vite fait de déclarer l’incendie d’un véhicule à l’aéroport de Bafoussam-Bamougoum au moment de l’atterrissage du vol QC272 de ce 21 octobre 2016, en appuyant leurs propos d’une photo, certainement truquée. Les appels se sont succédé, les uns et les autres voulant se rassurer qu’il n’en était rien.

Pour éclairer l’opinion, le gouverneur de la région, après concertation avec le commandant de l’aéroport et le Bureau de liaison de Camair-Co, a rappelé les faits et démenti ainsi lesdites allégations. Concrètement, le vol QC272 de Camair-Co parti de Douala ce 21 octobre à 9h10 minutes à destination de Bafoussam, a fait un détour sur Yaoundé du fait des mauvaises conditions météorologiques, dues aux fortes pluies qui se sont abattues depuis la nuit du 20 octobre 2016 jusqu’aux premières heures de la matinée du 21 octobre 2016 sur la ville de Bafoussam, et accompagnées d’épais nuages de brouillard. Le vol QC272 effectuera son premier atterrissage à l’aéroport de Bafoussam-Bamougoum à 12h25 minutes, pour laisser 33 passagers, avant de repartir à 12h56 minutes, à destination de Yaoundé-Nsimalen avec 17 passagers à bord, sans incident.

Ce même 21 octobre, les utilisateurs des réseaux sociaux ont vécu, en léger différé, avec images à l’appui, le film noir des conséquences du déraillement du train 152 de Camrail à Eséka. Des corps déchiquetés, ensanglantés, recouverts de boue sur la voie ferrée ou coincés dans la ferraille, voire entassés à la morgue de l’hôpital d’Eséka ont été montrés. Des visages et jambes broyés des victimes, presque tout a pu être visualisé, sans pudeur aucune. Une boucherie humaine étalée au grand jour, faisant fi des âmes sensibles. « Je suis tombée de façon brutale sur ces photos des corps écrasés par le train. Depuis lors, j’ai de la peine à m’endormir et ça me donne des frissons. Ce qui fait qu’actuellement, en déroulant ma page, je fais un peu plus attention. Tout ce qui vient comme publication sur cette catastrophe est bloqué. C’est triste », regrette Sandrine Christelle Ebounga, cadre dans une entreprise à Douala. « C’est incompréhensible et on se demande ce qu’on gagne en publiant de telles images », questionne André Marie Belinga, internaute.

Auteur: Sorèle GUEBEDIANG