Les vagues de réactions et de points de vues suscités par l'affaire Gaëlle Enganamouit fusent de plus en plus de partout. La sortie de l'analyste politique Wilfried Ekanga était attendue. Dans une publication, le conseiller du président du MRC déplore que Gaëlle Enganamouit ne soit pas encore inquiété, alors que les actes qu'elle a commis sont punis par la loi.
Ci-dessous la tribune de Wilfried Ekanga
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"Le débat sur l’homosexualité au Cameroun est condamné à être (ré)ouvert dans un futur très proche. Il faudra cette fois consulter directement les Camerounais pour trancher une fois pour toutes : sont-ils (enfin) prêts à concéder aux personnes de même sexe d’entretenir leur mode de vie au même titre que leurs congénères hétéros, ou jugent-ils dans leur écrasante majorité que ces actes sont contraires aux mœurs locales (si mœurs il y a encore) ?
Car actuellement, dans la Rivière des Crevettes, les poissons nagent dans tous les sens du courant. L’article 347 du code pénal punit d’une peine de prison de 6 mois à 5 ans assortis d’une amende de 20 000 à 200 000 FCFA toute personne coupable de relations sexuelles avec une ou des personnes de même sexe. Sauf que ça c’est ce que dit la loi. La réalité du terrain se situe à des années-lumière de cette disposition.
Car dans cette rivière, toutes les crevettes n’ont pas la même taille.
La pénalisation de l’homosexualité se heurte donc au même paradoxe que la pénalisation de la double-nationalité. Comment comprendre que Richard Bona ait perdu son droit de fouler la terre de ses pères pour défaut de visa dû à sa nationalité américaine , quand Samuel Eto’o peut briguer la tutelle de la Fecafoot alors qu’il possède un passeport espagnol au vu et au su de tout le monde, de même que le passeport hexagonal de Roger Milla, ambassadeur itinérant de Paul Biya ? Comment peut-on surfer sur les deux tableaux alors que la loi l’interdit ?
Mais surtout, pourquoi ça s’applique à certains et pas à d’autres ? Depuis quand les êtres humains ont-ils cessé d’être tous égaux ? A quelle heure a-t-on réactualisé la Déclaration. Universelle des droits de l’Homme ?
Dans la foulée, comment expliquer que le fameux «Shakiro» ait été arrêté le 8 février dernier pour « tentative d’homosexualité » (toutefois sans flagrant délit constaté), alors que le sieur Roméo Dîka clame à tue-tête avoir reçu des avances « particulières » dans le bureau de Son Excellence Owona Grégoire, ministre du travail et de l’intégration sociale (à défaut d’être sexuelle) sans qu’un début d’enquête ne soit ouverte ?
Et surtout, qu’adviendra-t-il de Mme (ou Mr ?) Enganamouit, étant donné que des éléments prouvant son orientation circulent comme le coronavirus depuis 24 heures ? Force reviendra-t-elle à la loi, ou bien le Cameroun fera-t-il encore parler ses illogismes sauvages ? Qui sait ? Peut-être qu’on n’a rien à craindre si l’on est sous la bannière de Samuel Eto’o (qui lui non plus n’a eu rien à craindre sur sa nationalité). Peut-être que Kondengui fait des exceptions quand on a été meilleure joueuse africaine de l’année 2015 ?
Nul ne saurait le dire ; car les voies du Gondwana sont impénétrables.
Et pour l’instant, le ratio d’hypocrisie dans ce pays aux dirigeants malades et malhonnêtes est exponentiel !
EN BREF :
Un fait est certain, c’est que le sociologue suisse Jean-Jacques Rousseau ne s’est pas trompé en écrivant en 1762 dans son livre < Du contrat social > : « Les lois de la justice sont vaines parmi les hommes. Elles ne font que le bien du méchant et le mal du juste. » Il confirmait ainsi ce que disait Jean de la Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». C’était en 1678 dans un livre dont le titre ressemble beaucoup à notre pays à savoir : < Les animaux malades de la peste >.
En gros : soyez homosexuels, mais rassurez-vous que vous avez la « godasse » au plus haut sommet. Ou, si ce n’est pas le cas, assurez-vous d’être bien, mais alors très bien caché(e)s. Car le Cameroun ne punit pas les criminels, il punit les faibles. L’homosexualité là-bas, c’est comme les détournements. Soyez certains que si l’on devait incarcérer tous les pratiquants actifs, il n’y aurait plus un gouvernement, mais toute une congrégation d’« Excellences » derrière les grilles.
En attendant, faisons… mais ne faisons plus de vidéos.
( Je suis maintenant sûr et certain que la CAN aura lieu le jour dit. Car si elle était amer et glissante en 2019, cette fois elle sera sucrée et gluante )"