Dernière Minute : Maximilienne Ngo Mbe et Agbor Balla récompensés aux États-Unis

Maximilienne Ngo Mbe et Agbor Balla recevant leurs prix à Washington

Thu, 9 Jun 2022 Source: Serge Aimé Bikoi

Les deux militants de la société civile sont lauréats du Prix Robert Kennedy 2022. Le coordonnateur national du Centre pour les droits de l'Homme et la démocratie en Afrique(Chrda) et la Directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) sont les deux premiers Camerounais ayant reçu, le 7 juin 2022, le Prix de la Fondation Robert F. Kennedy au sénat américain à Washington.

Après l'Américaine Guerline Jozef en 2021, le jury du Prix Robert F. Kennedy des droits de l'Homme a couronné l'avocat au barreau du Cameroun et l'édile de la société civile. Il s'agit là de l'une des trois récompenses annuelles décernées par Human right watch (Hrw). Sur le site internet de cette Ong internationale, il est écrit : "Ces deux militants courageux incarnent les efforts de la société civile des régions anglophones et francophones du Cameroun pour œuvrer en faveur des droits de l'Homme et de la démocratie au milieu des conflits, de la fermeture de l'espace civique et des risques personnels élevés".

Human right watch (Hrw) honore le labeur de Maximilienne Ngo Mbe, qui tient les rênes du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) depuis 2010. Selon Hrw, "la persévérance de Maximilienne Ngo Mbe face aux menaces et représailles constantes et son dévouement à l'avancement des droits de l'Homme incarnent la devise de Robert F. Kennedy Human rights de dire la vérité au pouvoir". Depuis la persistance des atrocités de la secte islamiste et terroriste Boko Haram et depuis la survenue du conflit armé dans les zones anglophones, M. Ngo Mbe a, dans ses publications ces dernières années, épinglé, maintes fois, les Forces de défense et de sécurité de la république pour avoir perpétré des exactions sur les populations locales.

A plusieurs reprises, cette figure emblématique de la société civile a organisé bien de séminaires, ateliers de formation, ainsi que des rencontres de dialogue intercommunautaire dans plusieurs régions camerounaises. En dépit des formes d'intimidation et de persécution dont elle est, régulièrement, victime au pays, Ngo Mbe ne cesse de travailler à la fondation des clubs de paix constitués des jeunes filles, des femmes et des hommes devenus des fervents défenseurs des droits humains dans des aires culturelles camerounaises. Aussi œuvre-t-elle à la formation de la gente féminine pour la paix durable et de la réconciliation nationale en Afrique centrale. C'est, d'ailleurs, cette mission qu'elle s'attèle résolument à réaliser dans la quasi-totalité des régions du pays avec la contribution conjointe des universitaires, des leaders politiques, des entrepreneurs de la société civile et des experts assermentés du Redhac. La fille de Logbassemel dans la Sanaga Maritime milité, depuis octobre 2016, pour la création d'une Commission Vérité -Justice- Réconciliation au Cameroun grâce à laquelle tous les leaders, acteurs socio-politiques, autorités gouvernementales, administratives, traditionnelles, leaders sécessionnistes de tous bords, universitaires, etc devraient se réunir pour la restauration de la paix dans les zones en crise. Le dernier prix que la quinquagénaire a reçu remonte au 8 mars 2021. C'était le prix du courage féminin décerné par le département d'État américain.

Autre militant des droits de l'Homme autre laurier. Me Felix Nkongho Agbor a tenu le jury en haleine grâce à sa détermination pour l'accès de tous à la justice. "La réputation de Felix Nkongho, en tant que défenseur des droits humains dévoué, est attestée par son travail inlassable en faveur des droits humains au Cameroun et dans toute l'Afrique", indique Human right watch(Hrw). Ce juriste a, par ailleurs, été l'une des figures de proue du consortium ayant exposé, sur la façade de la république, les revendications corporatistes des avocats et des enseignants anglophones avant l'enclenchement, en 2016, de la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. L'on se souvient que Felix Nkongho Agbor avait été parmi les premiers prisonniers de la crise anglophone, tout autant que Ayah Paul Abine, Fontem Aforteka'a Neba et une trentaine de manifestants écroués en novembre 2016 à la prison centrale de Yaoundé. Dix mois plus tard, sur hautes instructions du Président de la république, Paul Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d'État Secrétaire général de la présidence de la république (Sgpr), avait, le 30 août 2017, ordonné, devant le Tribunal militaire de Yaoundé, l'arrêt des poursuites judiciaires pendantes "pour actes de terrorisme" contre ces trois leaders du Cameroon anglophone civil société consortium (Cacsc). Mouvement qui avait été interdit en janvier 2017 par le gouvernement camerounais suite à l'appel à la grève des enseignants et des avocats dès l'entame du conflit armé dans ces deux parties du pays. Depuis sa sortie de prison, Felix Nkongho Agbor n'a pas lâché prise et a poursuivi sa mission pour le règlement de cette crise sécuritaire et pour le rétablissement de la paix dans les zones anglophones.

En rappel, le Prix Robert F. Kennedy des droits de l'Homme identifie et honore ceux qui incarnent la conviction de l'homme politique américain Robert F. Kennedy pour qui "le pouvoir du courage moral, individuel et collectif peut surmonter l'injustice" comme le fait savoir Human right watch (Hrw), qui ajoute: "chaque année, nous honorons des champions exceptionnels de la justice sociale qui résistent à l'oppression même au péril de leur vie dans la poursuite non-violente des droits de l'Homme".

Auteur: Serge Aimé Bikoi