Dette camerounaise: un audit transparent s’impose

Hippolyte Nwal Hippolyte Nwal, Business consultant aux Etats-Unis

Mon, 9 Jan 2017 Source: Hippolyte Nwal

Ne pas faire parler cet endettement ligne par ligne, serait en effet un autre crime, et pour cause: c’est elle qui vaut au Cameroun de devoir aujourd’hui se présenter devant le guichet du FMI, pour la deuxième fois, en l’espace de 30 ans!

Cet endettement a été contracté en très peu de temps, à tours de bras, et ceci en dépit des mises en garde respectives, tant de voix avisées en interne, que des rapports effectués par des équipes du FMI même, sanctionnant des missions effectuées sur place.

Une perspective qui annonce des jours sombres pour le citoyen Camerounais, qui en plus de devoir subir de nouveau les conséquences des mesures budgétaires marquées du sceau de l’austérité, sera fiscalement sollicité via de nouvelles taxations, et le harcèlement qui va avec.

Cet endettement se présente sous plusieurs rubriques, que sont: «émergence 2035», «projets structurants», «plan d’urgence en vue de doper la croissance», «lan triennal pour l’emploi des jeunes», «plans d’urgence sectoriels», etc… Une constante, dans les projets contenus dans chacune des rubriques: L’intérêt commun n’apparaît jamais clairement, comme préoccupation première, autant que prioritaire des décideurs.

C’est le cas notamment pour le projet de construction de ponts métalliques préfabriqués objet d’une correspondance du ministère de l’Environnement, récemment publiée dans la presse: Une convention signée il y a deux ans, les financements débloqués et mis à disposition, donc des intérêts qui courent chaque jour depuis lors; et pour toute prévue d’avancement du projet, cette lettre répondant manifestement a une demande expresse, venant opportunément justifier un retard prétendument du a des préoccupations périphériques telles que l’étude de l’impact environnemental.

Nous sommes pourtant dans un pays en situation de déficit infrastructurel, ou la nécessité devrait définir le degré de priorité, ou l’environnement n’a jamais été une telle préoccupation. Pour exemple, les décharges d’ordures jonchent les rues des cités, les déchets hospitaliers sont abandonnés dans la nature, le contenu des fosses septiques est déversé dans la nature sans avoir été recyclés dans une station d’épuration; des industries polluantes telles que des cimenteries sont construites en milieu habité, etc…

Le montant emprunte pour ce projet avoisinerait 50 Millions USD, avec taux d’intérêt compris entre 7 et 9%, habituellement pratique par les banques commerciales sur ce genre de projets. En faisant le calcul, on peut déjà estimer la fourchette approximative de ce que ce projet coûte déjà au pauvre contribuable camerounais aujourd’hui, et ce qu’il continuera de coûter aux générations futures, pour un projet à propos duquel les explications contradictoires et embarrassés des Autorités font craindre le pire, c’est à dire une évaporation pure et simple.

Question: qu’est-ce qui peut avoir précipiter à ce point la mise à disposition des fonds prévus pour la réalisation d’un tel projet, qui visiblement n’était pas mur, puisque n’ayant toujours pas démarre plus de 2 ans après la signature de toutes les conventions y afférents?

C’est à ce niveau que se perd l’insert commun, et que l’intérêt mafieux de personnes aussi bien physiques qu’Institutionnelles s’impose avec force et évidence. Car en effet, le partage des retro commissions, et autres montants issus des surfacturations usuelles apparait comme le souci prioritaire des signataires de ce projet. Peu leur importe ensuite, que le projet se fasse, ou pas. C’est donc aussi à ce niveau qu’a lieu le premier crime.

Le processus est identique, d’un projet à l’autre, et les Acteurs souvent les mêmes, avec des variantes, selon le secteur concerné. C’est un montage similaire que les mêmes acteurs tentent encore d’imposer, pour le contrôle du projet de redéploiement de la Compagnie aérienne Camair-Co, qui prévoit l’achat de nouveaux aéronefs: Pour la circonstance, Boeing Consulting auteur d’une proposition de restructuration/relance, a été présenté comme étant une filiale du constructeur d’avions, Boeing Corp.

Dans la réalité, il n’en est rien, et aucun lien juridique n’existe entre les deux compagnies. Sans même avoir à interroger des moteurs de recherche spécialises, le simple bon sens rappelle simplement que le seul métier de Boeing Corp est de construire des avions, et ensuite de les écouler sur le marché. Boeing Corp est tout aussi étranger au secteur du transport aérien. La restructuration de compagnies, fussent-elles de transport aérien, n’est donc pas du ressort de Boeing, qui pour ses propres besoin de restructuration, loue les services de grands cabinets de conseil (Big Fives). Même l’entretien des avions construits par Boeing, est assuré par des Compagnies tierces, après obtention de Licence, et Certification auprès de Boeing.

Après l’opération des ponts métalliques décrite plus haut, avec un endettement à la clé, voici l’exemple d’un autre projet, ou dans l’ombre, les mêmes acteurs sans scrupules continuent de s’activer, pour endetter lourdement le pays, sur la base d’une grossière escroquerie de dimension internationale! Mais les mêmes acteurs, avec le même scénario, se retrouvent sur d’autres opérations, dont celle concernant l’achat moyennant emprunt, au Portugal, de Bus de transport collectif, pour les villes de Douala, Yaoundé, et Limbe.

Chose étonnante, et jamais vue nulle part ailleurs, des offres de fourniture à titre gracieux de bus neufs de la part de l’Italie et de l’Egypte, auraient été gentiment déclinés par les autorités compétentes de notre pays, pourtant déjà très pauvre, et très endetté… Dans ce dernier cas aussi, il serait bien difficile, de démentir que l’appât du gain en termes de commissions et de surfacturations n’est pas à l’ origine de ce choix aussi couteaux qu’absurde. Derrière chacune de ces opérations, sont tapies des mains criminelles, dont l'action explique les difficultés de notre pays, pour leur grande part!

La République exemplaire, que tous les Camerounais appellent de leurs vœux, a besoin de prendre forme. Ce n’est pas en fermant les yeux sur ce genre de pratiques, avec les conséquences déjà annoncées, qu’on fera de la République exemplaire une réalité palpable pour tous les Camerounaises et Camerounais!!!

Auteur: Hippolyte Nwal