Deuxième tentative d'assassinat de Trump, j'avais encore raison

Claude Wilfried Ekanga Ekanga Wilfried Ekanga

Tue, 17 Sep 2024 Source: Wilfried Ekanga

Souvenez-vous : il y a deux mois, je vous avais prévenus que l'histoire n'allait pas s'arrêter là. Je vous avais dit qu'il était probable que ceux qui veulent éliminer Donald Trump tentent leur coup à nouveau. Je vous avais alerté que les jours qui viennent seraient riches en rebondissements. Et comme souvent, comme très souvent, comme très très très souvent, je ne me suis pas Trumpé !

Ce dimanche, alors qu'il jouait au golf dans son parcours privé en Floride, le candidat républicain a encore failli être la cible d'un tireur fou, un certain Ryan Wesley Routh. L'homme a heureusement été mis en déroute par le Secret Service, avant qu'il ait pu faire usage de son AK-47. Autant dire que les unités de protection ont été proactives cette fois-ci, au contraire de leur échec et de leur amateurisme lamentables le 13 juillet dernier, lorsque le jeune Thomas Matthew Crooks (20 ans) avait réussi à atteindre Trump à l'oreille droite, lors d'un meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie.

Alors en fuite, l'individu sera interpellé plus tard par les forces de l'ordre à plus d'une soixantaine de kilomètres de son acte manqué. Il se trouve actuellement en exploitation dans les services fédéraux. Et voilà qui rajoute du piment - si besoin était encore - à une campagne typiquement américaine, où l'un des candidats n'est même plus certain d'arriver vivant au soir du 5 novembre !

LES YEUX OUVERTS

Quoiqu'il en soit, cela devrait ramener à la raison tous les illuminés qui m'expliquaient la dernière fois que Donald Trump aurait organisé lui-même sa tentative d'assassinat, au point de quasiment se prendre une balle en pleine tête, juste pour améliorer ses scores dans les sondages ( les mêmes braves gens qui nous avaient dit que la Russie avait saboté elle-même ses gazoducs Nordstream ) ! J'espère que vous n'allez pas nous avancer cette fois encore qu'après avoir frôlé la mort il y a huit semaines à peine, l'ex-locataire de la Maison Blanche aurait décidé une fois encore de jouer avec le feu et de remettre sa vie en jeu. Je ne vous pense pas clownesques à ce point !

Le sieur Royan Wesley est un anti-Trump assumé, « déçu » selon ses propres dires par celui qu'il déclare avoir soutenu en 2016. Il a notamment participé entre 2019 et 2020 à des appels de fonds pour le parti démocrate. Qui plus est, il est connu pour s'être rendu Kiev en 2022 peu après le début de la guerre en Ukraine, et pour être un ennemi farouche de Vladimir Poutine (qu'il souhaiterait d'ailleurs éliminer de ses propres mains). Ceci alors que Trump lui, a toujours précisé que dès le départ, l'affaire aurait pu se régler autrement que par les armes, sur le terrain de la négociation. Il aura même à plusieurs reprises moqué la faiblesse et l'attitude va-t-en-guerre de Joe Biden sur le dossier.

Comment serait-il donc possible d'organiser son propre scénario mortel, en prenant le risque d'utiliser à chaque fois des gens qui, de manière ouverte, nous en veulent effectivement à mort ? Ou plutôt, comment avez-vous fait pour croire à des théories aussi brinquebalantes ?

Je sais que vous avez du mal à réaliser que le camp des Gros Gentils que vous soutenez est au moins aussi barbare que le camp des Gros Méchants, mais nous on préfère raisonner par les faits. Notez déjà que parmi les quatre présidents qui ont été assassinés dans l'histoire de l'Amérique (John F. Kennedy mis à part), trois étaient issus du parti républicain (Abraham Lincoln, James Garfield, William McKinley). Même la tentative d'assassinat sur Ronald Reagan en 1981 intervient après qu'il fut passé (1962) des démocrates aux républicains. Autant dire que ce n'est donc pas une nouveauté : aux États-Unis, les démocrates n'ont de démocrates que le nom. Dans l'histoire, c'est d'ailleurs le parti démocrate qui a le plus entretenu l'esclavage et la ségrégation, et qui a fondé le Ku Khux Klan.

L'époque contemporaine nous montre au contraire que le monde a connu moins de frottements pendant les quatre années de Trump que sous les ères précédentes, ou sous Biden. Il n'y avait pas de guerre en Ukraine, et même les relations avec la Corée du Nord se sont détendues ( Trump devenant le premier président à franchir la frontière nord-coréenne, le 30 juin 2019 ! ). Or l'establishment et ses délires suprémacistes voit d'un (très) mauvais œil cet anti-conformisme, et n'accepte pas un président peu enclin à faire des USA le gendarme du monde. Eux, veulent la guerre permanente de domination, tandis que lui, est porteur de l'idée : « America First - le reste, débrouillez-vous ! »

EN BREF :

Il ne faut donc pas toujours croire que c'est en surfant sur des versions parallèles qu'on détient la vérité cachée au grand nombre ; parfois la vérité est celle qui saute aux yeux de tout le monde. Et ici, la vérité est simple : malgré le caractère déjanté et fantasque de Trump, malgré la diabolisation anti-républicaine, malgré toute la médiasphère occidentale acquise à Kamala Harris, la victoire de cette dernière est archi-incertaine (je dirais même impossible !). Quand bien même elle remporterait le vote populaire, elle échouera sans aucun doute dans les Etats clés (appelés Swing States, c'est-à-dire ceux dont le vote n'est pas acquis à l'avance à l'un ou l'autre camp), comme Hilary Clinton en 2016. C'est à croire que les États-Unis ne sont pas encore disposés à élire une femme à leur tête.

Et donc, il faut parer au plus urgent, quitte à éliminer physiquement la « menace ». Et même si ces actes - d'une profonde lâcheté - ne viennent pas directement des gros poissons d'en haut, l'espoir de leurs auteurs réside dans le fait que les Républicains auraient à peine quelques jours pour se trouver un candidat, qui n'aurait alors pas le temps de se faire connaître et de présenter un programme. Une incertitude - et donc une inquiétude - qui ferait pencher les Swing States du côté démocrate et qui assureraient la victoire à Kamala Harris.

C'est pour ça que j'étais certain qu'ils allaient récidiver. C'était évident !

Car la société américaine ne fonctionne pas comme vous l'imaginez depuis l'Europe ou l'Afrique : si vous trouvez que Trump est fou, sachez qu'il ressemble davantage à l'Américain moyen que Biden. Ils s'identifient davantage à lui, tandis que le camp d'en face a besoin d'un intense travail des médias - notamment auprès de la communauté noire et des étrangers - pour se donner le beau rôle. Le seul vrai défaut de Trump réside dans son soutien inconditionnel à Israël sur le dossier Gaza (défaut qu'il partage d'ailleurs avec le camp adverse). Mais aussi bien sur le bilan économique que sur le plan géopolitique, il aura fait aussi bien - sinon mieux - que les autres.

Et ça, beaucoup d'Américains le voient, nonobstant la propagande de ceux qui se plaignent de la propagande.

Auteur: Wilfried Ekanga